Cette première course du championnat du monde des voitures de sport de la FIA, après la tragédie des 24 Heures du Mans, sous le nom de Trophée Touristique RAC (T.T ), allait allonger la liste déjà longue des pilotes morts pour leur sport préféré.

Cette course eu lieu le 18 septembre 1955 sur un circuit composé des routes de campagne autour de Dundrop (comté d’Antrim, Irlande du Nord).

C’était aussi l’année du jubilé d’or pour le Trophée touristique. 

Dans la course, Ferrari était en tête du Championnat Constructeurs suivi à quatre points de Jaguarr . 

L’enjeu était donc très important et la victoire pour la marque italienne les placerait dans une position forte pour gagner un troisième titre consécutif.

Même si 64 voitures avaient été enregistrées pour cet événement, seulement 55 sont participeront aux qualifications et à la course.

UN CIRCUIT DANGEREUX

Ce circuit était très difficile sur ses 12 km composé de petites routes de campagne.

Il comportait 35 virages, parfois en épingle à cheveux, sur une durée de 7 heures.

Comme il y avait une menace évidente de pluie, les conducteurs avaient demandé à leurs pilotes de faire la différence en début de course. 

Mais avec tant de voitures, sur un circuit aussi rigoureux et dangereux, à grande vitesse, l’équilibre était fragile entre la sécurité et la catastrophe : Il n’y avait aucune marge d’erreur.

Le T.T. sera marqué par une tragédie, dans les premiers tours. 

A commencer par la Cooper-Climax T39 de Jim Mayers qu’il partageait avec Jack Brabham, qui tapait un pilier en béton et la voiture éclata immédiatement dans une boule de flamme. 

Mayers était tué sur le coup.

Surpris par cet accident, Smith qui suivait au volant d’une Connaugh subira le même sort que Mayers et finira aussi par décéder un peu plus tard. 

Les deux pilotes vont mourir carbonisés : Smith et Mayers.

Après les événements horribles au Mans, la malédiction se poursuivait avec deux nouveaux pilotes.

Pendant ce temps, la course continuait à un rythme très élevé où Moss sur sa Mercédes tentait de suivre Hawthorn sur sa Jaguar D, récent vainqueur au Mans.

Comme annoncée, la pluie commença à tomber sur la campagne irlandaise, ce qui allait multiplier les accidents. 

Dans les deux premiers tours, un total de neuf voitures avaient été éliminées en raison d’accidents, dont les deux mortels, les autres seulement blessés. 

En effet, après un dos-d’âne trop prononcé, les voitures décollent mais l’une d’entre elles s’est mal réceptionnée et trois autres concurrents sont venus la télescoper.

Un peu plus loin, l’Elva de Mainwaring se retourne et rebelote, son conducteur meurt brulé vif.

On découvrira que l’Elva a été victime des aérofreins de la Mercédès de Fangio qui crée une forte turbulence, déséquilibrant la voiture qui suit de trop près.

Quelques tours après, c’est la Masérati de Jean Berha qui se retrouve les 4 roues en l’air, laissant penser qu’il a été tué sur le coup.

Il n’en sera heureusement rien mais aura perdu son oreille gauche dans l’accident ! Il continuera ensuite avec une oreille en plastique.

Incroyablement dangereux, la combinaison de voitures rapides et de voies étroites faisait encore son œuvre macabre. 

Et, malgré les décès, la foule continuera à suivre la bagarre entre les Mercédès, Jaguar et Ferrari.

Mais laissons ces ténors des premières places et ces conditions macabres, pour nous intéresser à notre équipe D.B.

L’EQUIPE D.B.

Dirigée de main de maitre par René Bonnet, l’équipe D.B. engageait 3 voitures, auxquelles s’était joint la D.B. n°53 privée de Georges Trouis et Sparrowe qui ne partira pas.

  • la D.B. n°49 de Louis Cornet et Claude Storez
  • la D.B. n°50 de Paul Armagnac et Gérard Laureau
  • la D.B. n°51 de Robert Mougin et Guillaume Mercader

Dès le départ, les D.B. se positionnent dans la course à un bon rythme.

Les D.B. rendent coup pour coup à leurs adversaires dans la courses à l’indice de performance, mais doivent avoir toujours un œil dans les rétro pour laisser souvent le passage aux hommes du Classement général, comme à la Jaguar d’un Hawthorn survolté.

Ou la Masérati de Jean Berha.

Tandis que la D.B. de Cornet–Storez se joue des petites voitures anglaise.

Et continuera sans problème jusqu’au drapeau à damiers.

Quant à la D.B. n°50, elle respecte son plan de marche à la lettre…

… entrecoupé seulement par les arrêts au stand obligatoires pour ravitailler….

… Vérifier les niveaux…

… Et changer de pilote.

A ce rythme, la récompense ne va pas tarder à tomber : c’est bien la D.B. de Laureau / Armagnac qui remportera le classement à l’indice.

 Avec un podium et du champagne bien mérités.

Mais c’est Robert Mougin qui sera très affecté par les évènements tragiques qui se profilent au fil des tours.

Epuisé et conditionné par ces circonstances dramatiques, Robert Mougin termine son relai au bout de 3h30 de course pour être relayé par Mercader.

Mais ce dernier est malade et quelques tours plus tard, le courageux Mougin, surnommé « Lucky Mougin », reprit le volant malgré la forte pluie pour rejoindre l’arrivée et compléter le net succès de la marque de Champigny à l’indice mais aussi en catégorie.

Charly  RAMPAL