25 années viennent de s’écouler depuis l’annulation intempestive de la course de côte de Planfoy en 1928.
Situé au sud de St Etienne, dans le parc naturel régional du Pilat, le commune de Planfoy est situé sur les pentes du col de la République. Géographiquement, elle se positionne au sud de St Etienne.

Mais d’où vient l’appellation « Planfoy » qui signifie « le plateau des fées » ? Son nom viendrait plutôt des plantations de fayards, nom donné au hêtre dans la région.

Mais pour nous, amoureux du sport-automobile des années cinquante / soixante, Planfoy restera célèbre pour sa course de côte où nos voitures à mécanique Panhard ont inscrit leur noms au palmarès d’une discipline pourtant guère favorable aux tractions avant et aux petites cylindrées.

Le 15 mai 1953, 83 engagés se présentent au pied de cette grande Dame de la montagne. Ils vont en découdre sur les 7 kilomètres du parcours entre St Etienne (départ de la Digonnière) et Planfoy.

Deux catégories les partagent, Tourisme et Sport, qui se répartissent en 5 classes de cylindrée.

23 VOITURES EN TOURISME :
Panhard domine nettement quantitativement en moins de 750cc, avec Lacoste, Bosc, Besson, Regamey, Basset et Mme de Loisy. En face, une seule 4cv Renault qui sera du reste déclassée en Sport peu avant la course.
En classe 1100 / 1500 cc, c’est le duel Simca / Peugeot.
En classe 1500 / 2000 cc, on trouve principalement des Renault, des Traction 11et des Alfa-Roméo.
En classe 2000 / 3000 cc, principalement des 15 Citroën.

60 VOITURES EN SPORT :
Renault, Panhard et DB animent la petite classe des moins de 750 cc dont les plus connus sont : Persillon, Piger et Michy.
Du beau monde en 750 / 1100 cc avec des Simca spéciales, Fiat 1100, Cisitalia, Panhard et DB à suppresseur.
En 1100 / 1500, on trouve des 203, des Simca Sport, des Gordini, des Porsche 356 et une MG.
Dans la catégorie 1500 / 2000 cc, des BMW, SIATA, Renault, Citroën,
Quant aux grosses cylindrées, on note des Talbot, Delahaye, Cisitalia, Aston-Martibn, Alfa-Roméo et un bon nombre de Jaguar dont une XK 120 Type C, 3,2 litres particulièrement affutée.

La dernière née de chez Panhard, la Junior fait ses premières armes en course. A ce titre, elle ne passe pas inaperçue. Le garage Soulier qui distribue les Dyna à St Etienne est là pour aider les participants au volant de la production de la Porte d’Ivry.

Aux couleurs jaune et bleue, l’écurie Junior devient tout de suite l’antenne sportive du Dyna-Club, histoire d’accueillir en son sein, sous l’impulsion de M. Carrot-Dulac, les sportifs parfois froidement reçus par l’Ecurie Forez…

Cette résurrection de Planfoy, doit être une réussite. Aussi sous l’impulsion de Marcel Tavernier, toute l’équipe de l’Automobile Club du Forez vont œuvrer dans le même sens de la réussite.
On n’en veut pour preuve ces milliers de spectateurs présents qui attestent de cette soif de compétition que ressentent les amoureux de belles mécaniques, après cette trop longue interruption.

Deux montées se dérouleront dans la matinée, mais hélas, après 12h, la Jaguar du vainqueur débouche pour son ultime virage à plus de 160 km/h. A la limite de son adhérence, la Jaguar se déporte sur la gauche, magistralement redressée par son pilote. Puis inexplicablement, tout bascule, l’homme perd le contrôle et la machine devient folle. Elle part en travers, décolle sur un talus, passant littéralement au-dessus de sectateurs imprudents, avant de percuter un poteau et deux arbres.
Pantin désarticulé, le malheureux pilote qui vient de pulvériser son propre record, se voit catapulté sur la chaussée. Le pensant bloqué sous sa voiture retournée, quelques spectateurs remettent la Jaguar sur ses roues. L’essence s’échappant du réservoir éventré provoque alors un incendie. Malgré l’intervention très rapide des secours, Heurteaux, succombera à ses blessures.

Débutée dans une ambiance de fête, l’épreuve s’achève bien tristement.

Succès populaire donc, mais sur le plan sportif, quelle réussite !
11 voitures battent le record de Chiron et sa Bugatti, record vieux de 25 ans.
En Tourisme, la bagarre des différentes classes enchante les 50.000 spectateurs. Même si les petites cylindrées ne parviennent pas vraiment à captiver les spectateurs, handicapées par leur faible puissance.

Faible puissance certes, mais qui n’enlève rien à la farouche volonté des pilotes. 13ème de la catégorie Tourisme, mais premier de sa classe, Régamey est le plus rapide des petites Panhard, en moins de 750cc avec un temps de 6’4’’ 4/10ème. La victoire au général étant réservée aux gros cubes ! C’est Campiche et son Alfa qui l’emporte assez facilement.

Plus sérieuse est la catégorie Sport qui accueille en son sein, comme son nom l’indique, les voitures de sport et les séries améliorées, conformes au Code Sportif International.
Le dispositif de surpression est admis, mais classe alors les voitures dans la cylindrée immédiatement supérieure. Quant au compresseur, les voitures en étant équipées se verront classées dans la catégorie correspondant à deux fois leur cylindrée.
C’est dans cette catégorie Sport, que l’on attend les performances les plus spectaculaires. Les puissantes Jaguar sont les favorites. Elles ne décevront par avec comme leader le Capitaine Heurteaux qui prendra les choses en mains, avec la fin tragique racontée plus haut.

Je ne m’attarderai pas sur les classes intermédiaires, pour arriver à celles qui nous intéressent : 750 / 1100 et moins de 750.

En 750 / 1100 : c’est Collange et sa Fiat qui remporte la classe avec un temps de 4’25’’ 1/10ème devant la DB de Benmussa en 4’31’’2, la Panhard de Meiller-Bernheim et la Cisitalia de Fehlmann.
Puis dans l’ordre de 5 à 7 ème Davier, Gibassier et Fraisse (ex-æquo sur Panhard). 9ème Lacoste sur DB, 10ème Picard sur Panhard et enfin dans l’ordre de la 12ème à la 15ème place, tous sur Panhard : Gangner, Carrot-Dulac, Desvignes et Angénieux.

En moins de 750 cc :

La course de Persillon, en petites cylindrées, s’avère être digne d’éloges. Il se classe premier et 16me au général sport, devant la BMW de Bourguignon et la grosse Talbot d’Estager, révélant ainsi les performances de sa diabolique petite DB, mais aussi ses qualités de pilote sur ce difficile terrain.

Michy (Renault) et Piger (Panhard) complètent le podium d’une catégorie âprement disputée.
Malchance pour la docteur Lacoste, un début d’incendie stoppe sa voiture sur la route au cours de son 2ème parcours.

Le Junior aux mains de Bidu se classe 6ème en 5’12’’ (alors que Persillon est monté en 4’36’’ 4/10è). Entresangle sur Dyna Panhard est 8ème. Notons que ce professeur de l’E.N.P. a passé de nombreuses heures sur le banc du Lycée technique pour mettre au point ses mécaniques Panhard dotées de gros carbu Amal !

Et enfin, pour en terminer avec nos couleurs, Gagneux se classe 10ème sur 13 avec une Panhard Rafale en 5’45’’2.

Charly RAMPAL (Documentation : Automobile Club du Forez)