MONOMILL : SAISON 1959 – PARTIE 1
L’année 1959 allait être l’année la plus riche en compétition pour les Monomill.
Certains pilotes du plateau du début de saison se sont engagés dans la Formule Junior, en cours de saison. Ce fut la cas pour deux pointures : Bernard Boyer et Alain Dagan.
Je vous ai raconté la saison 1959 des Juniors dans les rubriques « COMPETITONS » - « CIRCUITS ».
Je m’attacherai donc uniquement sur les courses nationales de Monomills, sauf pour la course de Montlhéry ou les deux formules étaient regroupées dans un même plateau.
Pour cette nouvelle saison donc, un gros déplacement promotionnel avait lieu le 18 avril à Barcelone.
En effet, le Moto-club de Cataluna organisait le « IV Troféo Nuvolari, les 18 et 19 avril sur le circuit de Montjuich.
Les courses du samedi étaient consacrées aux automobiles et celles du dimanche aux motos.
Le pilote Monomill et Président du Club des 1000, Bonnemort dit « Bertol », avait si bien présenté l’intérêt d’une course de Monomills, y compris la mise à disposition de trois voitures pour permettre la participation de pilotes espagnols que l’épreuve prenait le rang de vedette du meeting !
Mais ces nouveaux participants ne furent pas la seule nouveauté puisqu’un phénomène allait rejoindre les ranges des habituels pilotes de Monomills : Bernard Boyer !
Pas encore connu, participant à sa première course, Bernard étrennait pour la première fois un Monomill dont il venait à peine de terminer la restauration, grâce à l’aide financière d’un père compréhensif devant la détermination de son fils.
Le plateau était ainsi composé de :
- Marc Cayre : Monomill n° 4
- Vladimir Brodsky : Monomill n° 12
- Jacques Laumaill : Monomill n° 20
- René Dubois : Monomill n° 22
- Jean Maurus : Monomill n° 26
- Pierre Mulsant : Monomill n° 28
- Gaston Soreau : Monomill n° 30
- Bernard Boyer : Monomill n° 32
- Frank Dominique : Monomill n° 34
- Alain Dagan : Monomill n° 40
Et les espagnols : Salvado et Galardo sur Monomill aussi.
Sur la photo ci-dessous, on voit nos représentants en tenue civile débarquer en terre catalane, image rare et peu habituelle dans les compte-rendus (je vous les ai marqué au crayon à main levée).
Avant la course et pour attirer le public, une balade dans la ville attira la curiosité des passants, comme avaient su le faire nos amis Gayraud dans Albi, il y a peu.
Se prêtant au jeu d’ambassadeur des Monomills, Pierre Mulsant, le fidèle et brillant pilote, sera la cible préférée des photographes avides de l’immortaliser sur leur cliché.
Dès les essais, chacun essaye de prendre ses marques sur ce tracé urbain et technique où la bonne trajectoire est toujours un compromis.
Bernard Boyer signe le meilleur temps. Pourtant cette excellente performance ne présentait pas l’intérêt habituel puisque la largeur du circuit permettait de placer toutes les voitures de front, sur deux rangées seulement !
Pour faire durer le plaisir, la course se déroulait sur deux manches.
Alain Dagan, n’entendait pas se faire damer le pion par le petit nouveau ! Il remporta la première manche, devant Bernard Boyer second.
Mais, il fut retardé au départ de la seconde manche par un problème mécanique, et malgré son retard il ne put terminer que 8ème . mais 6ème au Général.
Du coup, c’est Bernard Boyer qui remportera cette deuxième manche devant Pierre Mulsant et l’espagnol Salvado.
Au classement général combiné des deux manches, c’est donc Bernard Boyer qui remporte sa première épreuve sportive à bord de son Monomill
Surpris par ce premier bonheur méconnu d’être vainqueur, Bernard Boyer se retrouva canalisé par le rituel de l’arrivée : les fleurs, les félicitations, un interprète pour répondre aux questions, des poignées de mains à profusion.
Mais avant, il dut se figer en écoutant « la Marseillaise » avec le Président Bonnemort
Ce n’est pas pour autant qu’il allait attraper la grosse tête, conscient d’avoir été aidé par le problème qu’avait rencontré Dagan.
Pourtant son sourire de vainqueur fait plaisir à voir.
Prochain rendez-vous à Montlhéry , mais avant de revenir en France, un petit tour par Monaco.
MONACO LE 9 MAI : COURSE DE PRESTIGE
Devant le gratin de la Principauté, quelques Monomills étaient engagés dans le plateau des Juniors où les anglais allaient dominer les débats.
Néanmoins, nos petites monoplace bleues ne firent pas que de la démonstration à l’image d’un Boyer toujours à l’attaque avec un Dagan des grands jours et premier des Monomills
Course Junior : Classement des Monomills
- 8 ème Alain Dagan et 1er des Monomills
- 12ème Bernard Boyer et 2èmze des Monomills
Les deux autres Monomills présents, Jean Maurus et Robert Mougin abandonneront.
MONTLHERY LE 13 MAI : MONOMILLS ET JUNIOR DANS LE MEME PLATEAU
En ce qui concerne la course des Juniors Internationales, elle était organisée par l’A.G.A.C.I. et avait pris le titre de « Prix de Paris ».
La course aurait pu être d’un niveau relevée sans la concurrence le même jour de son équivalent à Monza et la plupart des pilotes italiens en Juniors avaient préférés se battre pour leur GP national.
Pris séparément, le nombre de pilotes engagés en Formule Junior et Monomill était insuffisant pour rendre les courses intéressantes. Finalement, les deux catégories furent regroupées pour que ne constituer qu’une seule épreuve, tout en maintenant les deux classements.
A Montlhéry, tous les membres du Club jouaient à domicile et avaient décidé d’y participer.
Presque tous les Monomills étaient entretenus dans les box sur place.
Bien qu’aidé par Remondini et Ropin, deux mécaniciens occasionnels, Jean Guillon était complètement débordé par le nombre de voitures à préparer.
5 pilotes avaient décidé de s’engager à la course des Juniors : Dagan, Mougin, Blavet, Oliviera et Boyer.
Du coups, pour améliorer, une alimentation à double carburateur était autorisée dans cette catégorie internationale.
Si Dagan et Blavet s’étaient pris à temps, il n’en était pas de même pour Boyer dont la décision tardive avait compliqué le montage de cette alimentation, car il fallait un support moteur spécifique et ce montage n’a pas été prêt à temps pour les essais du samedi matin, mais OK pour les essais du samedi soir et pour la course.
Mais cette préparation faite à la hâte et sans essais préalables, ne pouvait conduire qu’à la catastrophe.
Le départ est donné. Boyer est en 3ème ligne après son meilleur temps des essais en mode « Monomill », le samedi matin.
La Stanguellini de Lantenschlager, plus puissante, tenta de s’échapper.
Seul Alain Dagan réussi à suive l’italienne de tête. Derrière, Boyer réussi à passer la Ferry-Renault pilotée par Poltronieri, qui remplaçait en dernière minute Jean Vinatier à qui Renault avait interdit de piloter la Ferry.
En effet, l'usine ne voulant pas faire profiter la concurrence d'un de ses pilotes
Jean appela par téléphone, François Landon, alors Directeur sportif tout puissant de la Régie, depuis la tour de Montlhéry.
La réponse fut très brève et concise :
"si tu conduis cette voiture tu n'auras plus jamais de volant chez nous"
La cause était entendue !
La course a été âprement disputée entre Dagan et la Stanguelini qui cassa sa mécanique laissant la première place à Alain Dagan sur son Monomill !
Une victoire bien mérité et dont il récoltera tous les honneurs, Richard Antony en tête !
Jacques Blavet terminera 3ème et Boyer 7ème victime au deuxième tour, d’une rotule de commande des carburateurs débranchée, car dans la précipitation, il n’avait pas bloqué les contre-écrous : petite cause, mais grands effets !
Ce qui ne l’empêcha pas de montrer avant tout son talent
Mélangés aux Juniors on avait du mal à suivre la course des badgés « Monomill » nationaux.
On en déduisit que 10 Monomills, faisaient parti d’un classement à part :
- Marc Cayre : Monomill n° 4
- Roland Luzuy : Monomill N° 8
- Vladimir Brodsky : Monomill n° 12
- Jacques Laumaille : Monomill n° 20
- René Dubois : Monomill n° 22
- Daniel Heurteaux : Monomill n° 26
- Pierre Mulsant : Monomill n° 28
- Philippe Martel : Monomill n° 30
- Bernard Boyer : Monomill n° 32
- Frank Dominique : Monomill n° 34
- Gabriel Aumont : Monomill n° 38
La course est très animée. Frank Dominique a bouffé du lion prend la tête devant Pierre Mulsant qui doit se battre avec un Philippe Martel très accrocheur.
Finalement le trio de tête se maintiendra dans ces positions et Pierre Mulsant devra se cracher dans les gants jusqu’au bout, donnant tout de lui dans chaque virage.
Le classement final sera le suivant :
- 1er : Frank Dominique
- 2ème : Pierre Muls ant
- 3ème : Philippe Martel
- 4ème : René Dubois
- 5ème : Vladimir Brodsky
- 6ème : Gabriel Aumont
- 7ème : Roland Luzuy
- 8ème : Marc Cayre
- 9ème : Jacques Laumaille
- 10ème : Daniel Heurteaux
Charly RAMPAL (d’après les témoignages de : Bernard Boyer, Jean Vinatier, Robert Mougin, Pierre Mulsant (photos) et Alain Gaillard pour les classements)
Rappel : pour agrandir les photos, cliquez dessus, pour revenir au texte, cliquez sur la flèche du retour en haut et à gauche.