Nous autres panhardistes et Débéistes connaissons par cœur le coach D.B. HBR de 42 ch du moteur Panhard et son châssis à poutre centrale qui améliore encore la légendaire tenue de route des Panhard.

Amateurs et pilotes d’usine « écument » les rallyes des années cinquante et début soixante, gagnant facilement leur catégorie et battant souvent des cylindrées supérieures.

Mais certains en veulent encore plus.

L’un d’entre eux ayant même amélioré, un peu maladroitement, la désormais célèbre D.B. pour en faire un « monstre » : André Guilhaudin.

René Bonnet reprend la balle au bond, faisant subir une sérieuse préparation sportive à son désormais célèbre HBR 5.

AMAIGRISSEMENT ET MUSCULATION

Cure d’amaigrissement et programme de musculation : il fait remouler une carrosserie plus basse de 15 centimètres (pavillon et caisse) réalisée avec seulement quatre couches de tissus de verre pour gagner du poids.

Gain complété par des vitres latérales en Plexiglas et des baquets en aluminium.

Plus incliné, le pare-brise améliore l’aérodynamique, déjà excellente.

Le coffre arrière est de bonne capacité pour ce type de véhicule sportif et la roue de secours trouve sa place dans un compartiment séparé.

C’est Robert Sobeau qui sera chargé de la réaliser à partir d’un cahier des charges D.B. très précis.

Pour la mécanique, cela dépend des épreuves, le rapport de transmission et le moteur : 750, 851 ou 954 cc, au choix.

LA SUPER RALLYE DE J.P. ALLAIN

Jean-Pierre est un ami de longue date, hélas trop tôt disparu.

Je le rencontrai souvent, passionnés de Panhard et de sport-auto que nous étions : n’oublions pas qu’il était responsable des commissaires pour les 24 Heures du Mans.

Et puis, il venait très souvent nous aider à Rétromobile, même pendant sa longue maladie avec un courage étonnant, à la Bernard Tapie !

C’est chez lui à Erquy, que j’ai pu profiter de son coach et de son talent de pilote.

Il possédait le modèle le plus abouti avec une cylindrée portée à 954 cc.

Equipé d’une tubulure réalisée par EPAF, la filiale de D.B., elle supportait deux carburateur double corps Zénith pour aider ce moteur à se gaver de puissance.

Par rapport aux coachs D.B. classiques, on est frappé par la silhouette basse et profilée de cette machine qui ne fera jamais son âge.

Une fois la porte claquée dans un petit bruit sec, typique des caisses légères en polyester, on apprécie le volant presque vertical et une position pour la conduite sportive parfaite.

Le moteur démarre au quart de tour malgré le ressenti d’une forte compression.

La commande de boite, comme sur tous les coachs, dispose d’un grille particulière qui peut dérouter le béotien.

En effet, si la commande est par câble, donc moins précise, la ligne de disposition des vitesses est longitudinale :

  • 1ère en avant et à gauche
  • 2ème en avant et à droite
  • Etc..

Pour ma part, on s’habitue très vite à cette grille insolite et la complicité entre le pilote et la voiture est immédiate : on se sent vite à l’aise, peut-être par mon habitude des moteurs Panhard.

LE MOTEUR A DU COFFRE ET DONNE DE LA VOIX

Si le bruit des moteurs Panhard est souvent raillé quand ils sont en échappement presque libre (j’en sais quelque chose avec ma MEP X2 !), qui va jusqu’à nous faire traiter de « crécelles », ces médisants vont vite se calmer devant leurs prestations !

 Pour nous panhardistes, son charme est unique : pétaradant selon les uns, musique pour les autres, son bruit a été souvent prélude à une Marseillaise à l’arrivée.

Dans ce D.B., on vit avec le moteur : c’est toujours un plaisir de le faire monter en régime car il donne l’impression de deviner les intentions du pilote et Jean-Pierre ne s’en prive pas !

Il se montre vif et infatigable. Avec le faible poids, ce 954 a un très bon couple (défaut souvent reproché aux Panhard de série bien plus lourdes) et on se surprend devant les excellentes performances et reprises à très basses vitesses sur tous les rapports.

Comme toutes les D.B., la Super Rallye se montre particulièrement agile et accrocheuse et Jean-Pierre Allain qui la connait autant que ses petites routes, trouve grand plaisir d’avaler les grandes courbes ou les enchainements de virages serrés !

Et lorsque la roue arrière intérieure se lève en virage… pas de panique, on n’a pas encore atteint la limite : il ne faut pas hésiter à accélérer !

Le moteur fait sa voix de stentor, la voiture sacqueboute, mais ça passe !

ET EN PLUS, CA FREINE…

Si le confort de cette D.B. semble viril, on note que la suspension se révèle moins ferme que sur les autres sportives des années 60.

D’accord, elle va super vite, mais comment l’arrêter ?

Car on connait l’angoisse de ces modèles anciens qui n’ont de freinage que le nom, mais plutôt des ralentisseurs.

De plus, les tambours qui l’équipent ne sont pas là pour rassurer par rapport à des disques !

Mais alors là, on est bluffé par l’efficacité des Alfin, avec piste en acier et ailettes aluminium pour le refroidissement : ils se montrent puissants et endurants.

D’autant plus que cette Rallye de Jean-Pierre, possède un cylindre récepteur par segment et un double circuit.

Accélérations, tenue de route et freinage sont au rendez-vous d’une vraie sportive : sportivité et sécurité avant tout.

MA CONCLUSION :

Bon, ce n’est pas une voiture pour emmener les enfants à l’école !

Mais le type d’engin qui accélère le rythme cardiaque et le paysage vous saute au visage !

Sa vitesse de passage en courbe est impressionnante de stabilité, de vitesse et de précision : on se place sur la bonne trajectoire et on garde le pied à fond sur la pédale de droite.

Elle est à l’image de Jean-Pierre, hors du commun.

Ce moment de partage avec Jean-Pierre Allain fut un vrai bonheur d’autant plus quand on connait l’aura de D.B. dans toutes les compétitions aux plus hauts niveaux.

Charly  RAMPAL   Souvenirs d’un ami hors du commun…