C’est dans l’objectif du Rétromobile 1991, que nous avions contacté les responsables des réserves Citroën, afin d’y puiser un des prototypes que la maison du Quai de Javel avait élaborés sur la base de la Panhard 24 dont le dessin avait impressionné le bureau d’étude.

C’est ainsi que j’ai pu rencontrer et apprécier la gentillesse et la disponibilité des responsable de cette réserve, dont Jean-Paul Cardinal dont le lien commun allait plus tard, être les MEP.

Ce mois de février 1991, le brouillard avait envahi la zone industrielle de Vélizy-Villacoublay.

Ma 24 se fraya un passage au milieu de Citroën de plus en plus nombreuses et soudain, un poste de garde.

Les sésames que Jean Panhard nous avait fait avoir, nous propulsèrent devant le magnifique proto que nous recherchions état là, abandonnant sa retraite de la Ferté-Vidame, il était à nous le temps du salon. 

Une fois validé et mis à notre disposition, je fus chargé de lui redonner un look présentable malgré sa très bonne conservation. Pendant les 10 jours de ce célèbre salon à la Porte de Versailles, je ne l’ai pas quitté comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous :

Vous la connaissez à travers mes articles et le livre de Roger Brioult, aussi elle ne me servira que d’introduction à cet article.

Car, il y avait plus fort encore dans ces archives Citroën que Jean-Paul Cardinal me permit de feuilleter : une 24CT à moteur Maserati !

Un V6 de 2.670 cc à carter sec, développant… 240 ch, 4 ACT et 3 carbus double corps Weber.

C’était une sorte de SM avant la lettre, mais à carrosserie de 24CT !

La suspension est du type SM (celle-ci existait déjà, car ce proto date de 1970).

Direction SM à rappel asservi.

Vitesse 240 km/h parait-il.

A la manière des Groupe 2 en Rallye, on remarque les sorties d’air de refroidissement du moteur, derrière les roues avant.

Le freinage est bien entendu confié à 4 freins à disques. Deux déflecteurs amovibles encadrent le moteur et canalisent l’air de refroidissement (aspiré sur le dessus du capot) vers les deux radiateurs latéraux (on voit le radiateur gauche et son ventilateur).

Il est certain que cette solution améliore considérablement le Cx d’une voiture, beaucoup plus que les ridicules « spoilers » et autres « becquets » qui, le plus souvent, ne sont là que pour mettre la voiture à la mode.

On constate, aussi, que cette disposition des radiateurs a permis de loger la roue de secours sous le capot, comme sur les DS, ce qui  augmente encore l’impression de tassement de cet ensemble propulseur : y mettre les mains ne doit pas être chose facile !.. Mais Citroën en a l’habitude, contrairement à l’aisance que donne de nos Panhard !

LE CHASSIS

Il est typiquement Citroën, une sorte de plate-forme qui ressemble à celui d’une DS ou d‘une 2CV mais très renforcé.

Pour l’équilibre général, les gros réservoirs de 110 litres sont à l’arrière et le moteur s’enfonce dans l’habitacle, là encore façon DS, ce qui est  une disposition des plus rationnelles pour une  » traction avant » rapide.

LES DIMENSIONS :

  • Longueur 4,60 m.
  • Largeur 1,73 m.
  • Hauteur 1,265 m
  •  Empattement 2,60 m.
  • Voie AV 1,576 m.
  • AR 1,376 m.

LES SUSPENSIONS

L’avant du châssis montre la disposition inversée des bras de suspension (comme sur la SM).

Tout l’équipement hydraulique est rassemblé à l’avant, sous la roue de secours.

Les pneus tous identiques sont des Racing « 8 » 23 x 15.

Seul le radiateur d’huile est face à la route. Cette voiture n’a jamais eu de problème de refroidissement, avec ses deux radiateurs latéraux, même en circulant à l’extrême ralenti en plein été.

LE POSTE DE PILOTAGE

Le poste de pilotage comporte un réglage du volant qui entraînait, dans ses déplacements, non seulement le tableau de bord (axé sur la colonne de direction) mais, aussi, toutes les commandes usuelles (avertisseurs, essuie-glace, éclairage, etc.).

Les sièges, réglables en tous sens, ont des dossiers avec appui-tête, en liaison permanente par glissières avec le pavillon. C’est une solution excellente sur le plan de la sécurité, car cette liaison robuste plancher/pavillon renforçait considérablement l’habitacle contre les risques d’écrasement à la suite de « tonneaux ».

A QUOI SERVAIT CE PROTOTYPE

Loin de redonner une seconde naissance à une 24CT, ce prototype étonnant était avant tout un banc d’essais roulant camouflé !

Il servait à expérimenter les puissances élevées sur un véhicule à traction avant.

Il permettait d’agir sur de nombreux paramètres, dont le centrage, la flexibilité des suspensions, la répartition (mécanique et hydraulique) du roulis et sur la correction dynamique d’assiette.

Certaines solutions ont été retenues par commodité mais aussi par économie, comme la caisse de la Panhard 24 CT et le châssis plateforme de conception « 2 CV »).

En revanche, d’autres solutions étaient des essais purs : conduits canalisant l’air de refroidissement, radiateurs latéraux, sièges à arceaux tenus en trois points entre le plancher et le pavillon, colonne de direction réglable, monobloc avec les commandes et les instruments de contrôle, etc.

Réalisé en 1970, il est très séduisant à de nombreux points de vue et surtout pour nous sportifs, de nous battre à arme égale avec les pointures du moment…

On peut toujours rêver…

Charly RAMPAL  (D’après les archives Citroën et les informations de Jean-Paul Cardinal sur le tas)