GRAND PRIX DE ROUEN 1958
Situé à moins de 20km, au sud ouest de Rouen, en Seine Maritime, en Haute Normandie, le circuit de Rouen les Essarts a été tracé sur des routes ouvertes.
C’est sur ce circuit qu’a été organisé les 6, 7 et 8 juin 1958 le GP catégorie Sport. Cette catégorie a été divisée en 3 sous-catégories selon les tranches de cylindrées : de 0 à 750cc, de 751 à 1100cc et de 1100 à 1500cc.
Les favoris de chaque catégorie étaient respectivement :
– Mme Haskell-de-Tomaso sur OSCA 750 à double allumage, outsider : Chancel sur Monopole-Panhard équipé du double ACT
–
–
– et Laureau sur DB-Panhard dont le moteur avait les culasses et la distribution redessinées.
– Stacey sur 1100 Lotus
– Behra sur Porsche 1500 RS dont les suspensions ont été modifiées, Cliff Allison sur Lotus usine dont le moteur était équipé d’un simple arbre à cames, De Tomaso sur OSCA 1500 monté en double allumage.
Dès le départ, Berha s’envola, emmenant dans son sillage de Tomaso et Allison.
Au bout de quelques tours, de Tomaso perd progressivement du terrain et abandonnera peu après à cause d’une boite cassée. Allison, admirable de maîtrise récupère ainsi la deuxième place. Débarrassé par son adversaire direct, Allison n’en reste pas là et entame une remontée qui lui vaudra le record momentané du tour.
Au virage de la scierie, à la fin du premier tour, Chancel sort du circuit et sa voiture prend feu ! Le pilote, brulé aux mains et aux jambes est transporté à l’hôpital. Le moteur lui, n’a pas souffert dans l’accident et pourra être présent aux prochaines 24h du Mans.
Avant la fin de la première heure, Cliff Allison est victime d’un spectaculaire accident : en sortie de courbe, un élément de la suspension avant se brise en pleine vitesse et dans la secousse consécutive, le capot moteur se détache et s’envole, planant ainsi quelques secondes au-dessus du conçurent qui le suivait, avant d’atterrir au sol où un troisième pilote l’évitait de peu !
Avec un calme qui force l’admiration, Allison avait maîtrisé son véhicule et, gardant sa ligne, l’échouait sur la berne.
Débarrassé ainsi de toute opposition sérieuse, Berha partait vers une victoire assurée si la malchance ne venait pas contrarier sa prestation comme ce fut le cas précédemment au Nurburgring.
Sans se désunir, Berha continuait à cravacher, matchant les chronos pour signer en fin d’épreuve un record du tour en 2’37’’9, soit une moyenne de 149,153 km.
En catégorie 750cc, une voiture attirait les regards : c’était l’OSCA pilotée par Mme Haskell, épouse du pilote et futur constructeur : Alessandro De Tomaso.
Avec un cran et une précision qu’auraient pu lui envier nombre de concurrents, elle prenait la tête de sa catégorie.
La petite OSCA prenait régulièrement 2 à 3’’ au tour la DB de Laureau, lorsqu’elle dût s’arrêter à son stand pour changer une bougie et nettoyer un gicleur.
Du coup son mari prenait le volant pour essayer de rattraper le retard pris sur la DB qui se montait à un tour. Laureau sentant le danger proche, forçait notoirement son allure. La bagarre entre le DB et l’OSCA redonnait un peu de couleurs à une épreuve tombée dans la monotonie.
Avec fougue et cravachant au maximum son moteur, que l’on entendait pétarader en surrégime dans les courbes en descente, de Tomaso rattrapait la DB et remontait tour par tour son handicap, lorsque Laureau abandonna : piston crevé.
Ceci ne surprit pas outre mesure René Bonnet qui s’y attendait, sachant pertinemment que la qualité des pistons ne correspondait nullement au travail qui leur était imposé.
Mais, pour sa première course, le nouveau moteur justifiait les espoirs mis en lui.
Côté anglais, les Lotus, dont le comportement d’ensemble fut à la hauteur de leur réputation, s’arrêtèrent à peu près toutes pour faire le plein d’eau, les moteurs chauffant vraisemblablement sur ce rapide circuit de pilotage.
Quant aux Tojeiro et Elva, elles parurent bien effacées.
Classement final :
Notons qu’en marge de ce Grand Prix une course de Monomill vit la victoire d’Alain Dagan.
Charly RAMPAL (Photos Panhard-Monopole)