Dans une petite rue tranquille d’Antony, un garçon de 20 ans avec un CAP de mécanique de précision en poche, la passion des moteurs en tête, avec en toile de fond la drôle de guerre, des mains douées, mais vides, se morfond à, réaliser de petits moteurs pour modèles réduits d’avions et d’autos. Il faut bien vivre, son nom : Jacques DURAND.

Dans le sous-sol de la villa de ses parents, il usine à la main et au tour, ces minuscules bijoux à essence de 2,7 cm3, baptisés Jidé (tiens… tiens…) , nom phonétique des initiales de ses prénom et nom.

C’est une petite activité qui lui permet de vivre jusqu’en 56 / 57, se spécialisant sur des moteurs de 10 cm3 qui tournent à 18.000 t/mn.

Il réalise aussi des carrosseries de ses maquettes, d’abord en aluminium, puis en polyester.
C’est là qu’il découvre ce matériau miracle, sous la forme d’une Alpine A106 accidentée, appartenant à un de ses camarades.

Pour la réparer, il va rendre visite à CHAPPE qui construit des A106 en polyester.

LE POLYESTER : LE MATERIAU MIRACLE

A voir le carrossier travailler, cela lui semble facile de réaliser une voiture avec ce matériau peu connu à l’époque.

Avec l’aide d’un copain ingénieur, Charles COSSON, qui fabriquera plus tard des monoplaces de course, Schwab le producteur et Jonet, il s’attelle à sa première réalisation.

Un moule en plâtre à l’échelle1 concrétise un dessin sportif à la manière d’une Mercédès 300 SL, avec ses portes papillons.

L’avant est la copie d’une Jaguar type « D ».

2 tonnes de plâtres seront nécessaire.
Entre temps Cosson réalise un châssis multitubulaire qui ne pèse que 40kg

sur lequel devra s’ajuster la coque

et un moteur, et des suspensions Dauphine fournis par Schwab.

Emporté par son élan créateur, Durand oublia que son œuvre ne pourrait passer par la porte d’une cave et encore moins par un soupirail et la démolition d’un pan de mur sera nécessaire pour que la carrosserie arrive à la lumière.

Après maints essais, corrections et mises au point, l’ATLA, car tel est son nom, un nom qui ne veut rien dire, roule.

Elle n’est pas plus laide qu’une Alpine, avec ses phares carénées, sa vaste surface vitrée (pare-brise de Dauphine) et ses originales portes papillons.

LA CONSECRATION

Le mensuel « L’Automobile » de juillet 1958, fait la UNE avec l’ATLA.
Le succès qu’elle obtint, décida l’équipe à commercialiser le châssis et la coque en petite série.

DES VERSIONS EN KIT…

Trois possibilités sont offertes aux clients :

Pour 250.000 F, un ensemble nu, non garni et sans équipement intérieur, comportant le châssis tubulaire (40kg), la carrosserie (35 kg) incorporée avec plate-forme inférieure et passages de roues raccordés, les deux portes avec leurs gonds montés, les capots avant et arrière, avec leurs charnières et un tableau de bord non posé, suivant le type choisi : standard ou compétition.

Pour 650.000 F, le même ensemble, mais peint, avec garniture intérieure et sellerie, réservoir, pare-brise et lunette arrière, glaces et serrures de portières, pare-chocs et faisceaux électrique montés.

Il reste au client à effectuer :

- montage du train avant et arrière, et roues.
- Montage du groupe propulseur
- Montage direction, circuit de freinage, tringlerie, pédales, levier de vitesses, phares et feux divers, essuie-glace, compteurs, etc…

… MAIS AUSSI TOUT MONTE

Enfin, le véhicule peut-être livré complet dans les versions suivantes :

Les plus nombreuses seront équipées de la mécanique de la 4cv Renault.

- ATLA type 4cv Sport : 860.000 F. Moteur 1062.
- ATLA type 5cv Sport : 950.000 F
- ATLA type compétition : 860.000 ou 950.000 F sans préparation.

Une version fut produite avec la mécanique Panhard (850.000 F), cette version avec châssis et carrosserie adaptée sera construite à Malakoff.

19 exemplaires environ seront construits jusqu’en 1959, récompense bien méritée d’un bel effort collectif, animé d’un enthousiasme réel à l’égard de la voiture de sport et du travail bien fini…

Un bel exemple de persévérance et de réussite qui sera prolongé très longtemps par une série de produits remarquables, avec fidélité à Panhard : SERA, ARISTA et à Renault : SOVAM et JIDE.

Aujourd'hui, la seule et unique ATLA à mécanique Panhard est revenue en France après un séjour aux USA : elle est en attente de restauration.

Charly RAMPAL