Comme annoncé à la Une de mon site du PRT, Bernard Boyer nous a quitté le lundi 19 mars 2018 à l’âge de 83 ans.
Il a été pour moi un exemple dans ma passion pour le sport-automobile en Panhard.
Aussi, pour lui rendre hommage et apprendre aux jeunes générations, quel homme extra ordinaire il a été pour notre passion mécanique et sportive, avant sa consécration chez Matra.

Un précieux témoin de la renaissance du sport automobile en France

Bernard Boyer a vécu les courses de Monomill, la Formule Junior, l’année glorieuse de CD au Mans, la naissance des Alpine prototypes et monoplaces, les débuts de Matra jusqu’aux consécrations par des titres de champion du Monde, en F1 et en Proto.

Tout cela, il ne l’a pas seulement vécu, il en a, chaque fois, été l’un des acteurs de premier plan.
Il déclare ne pas faire partie des gardiens de l’histoire qui vivent dans l’idolâtrie de leur époque.

Avec sévérité, il estime qu’en automobile tout avait été découvert ou inventé, à part l’électronique.

Par contre, au détour d’une conversation, il surprend en déclarant son admiration pour l’inventeur de la roue … il y a pas mal de milliers d’années.

Certes Bernard n’a pas inventé la roue, mais il fait partie de ceux qui en ont fait un bon usage.

Avec Bernard Boyer nous entrons dans le milieu des tous petits artisans du sport mécanique français.

Petit à petit nous passons du régional sur deux roues au national sur quatre roues, puis à l’international au plus haut niveau pour finir au record mondial de vitesse.

Bernard Boyer est né en 1934.
Une période de sa vie verra les premiers contacts du jeune homme avec la moto, des Magnat-Debon, des Gnome et Rhône, des Peugeot, des DKW, des Puch, surtout des Puch.

Trois Bol d’Or , l’apprentissage des trajectoires en suçant la roue arrière de Georges Monneret au virage de la Ferme, les mains dans le cambouis, en semaine, chez un garagiste un peu Thénardier, pas de fric, la galère d’un service militaire interminable.

Bref ce n’est pas l’Autosport’Academy.

A la sortie de l’armée et après avoir pris conscience qu’il se faisait exploiter par son patron, Bernard se fait embaucher chez Chausson comme essayeur d’autocars.

Les trajectoires sont différentes de celle d’un 250 a Montlhéry, mais il y apprendra des astuces de conduite économique qui lui serviront lorsqu’il visera plus tard l’indice énergétique au Mans avec CD.
En 1957, c’est son premier Grand Prix en tant que spectateur et en 1958 il débute en compétition sur formule Monomill et sa fantastique ambiance.

Bernard Boyer n’est pas Proust mais pourtant l’atmosphère des garages sous l’anneau de Montlhéry, les rencontres au bar de l’Action, les victoires et les bouquets, les bagarres à Monaco contre les Stanguellini, les retours au boulot le lundi matin, Boyer vit simplement sa passion, sans esbroufe mais avec une grande acuité.

Vient l’épisode où, en 1959 – il a 22 ans -, il décide de construire sa propre formule junior avec son ami Legan , la Sirmac, châssis tubulaire et moteur de Dauphine Renault.

L’année suivante ce sera la confrontation avec les juniors italiennes dépassées et les anglaises modernes pilotées par des pilotes en devenir, style Jim Clark, Henry Taylor et d’autres comme Jo Schlesser, Guy Ligier et Henri Grandsire.

La Sirmac magnifiquement dessinée est aujourd’hui une auto mythique puisque disparue, on peut la voir sur des photos d’époque notamment lors de sa première sortie photographiée par Henri Vachon, le portraitiste des pilotes de F1 de l’époque.

Bernard Boyer démissionne alors de chez Saviem, son boulot, son gagne-pain, pour se consacrer entièrement au sport automobile, sans vraiment se rendre compte des conséquences qu’allait entraîner cette décision.
C’est lors de la saison 61 qu’il dispute sur une Lotus 18 qu’il prend conscience de ses limites, il est lucide de ses qualités.

Il est à Rouen les Essarts le 4 juin et il sent que dans les grandes courbes de la descente du Nouveau Monde il n’est pas totalement à l’aise, mais surtout que dans la montée après l’épingle il ne réussit pas à passer sans lever le pied car ce troisième virage est sans visibilité.

Son esprit pragmatique lui interdisait l’inconscience de l’inconnu.

Il sait qu’il a du talent, mais à partir de ce moment-là, il doute de ses capacités a progresser.
Pour gagner un peu de sous, il s’essaiera à la construction de remorques de transport de voitures de course mais il ne trouvera qu’un seul client : José Rosinski.

Sans emploi, Bernard cherche des débouchés à son talent.

C’est alors que Daniel Bonnemort, toujours Président du Club des Miles dont il faisait parti, le présente à Pichard, le responsable technique du Moteur Moderne (M.M.), afin de voir comment les qualités de constructeur / metteur au point pourrait s’intégrer à cette équipe, d’autant qu’elle était orientée vers la recherche, pour le compte d’un de ses actionnaires, Jean Bertin, concepteur de l’aérotrain.

Une seconde activité du M.M. était plus proche du secteur automobile : la société était chargée de résoudre des problèmes de refroidissement du moteur Facellia et un programme de recherche de puissance pour le moteur Panhard.

C’est alors que Pichard pensa que l’expérience d’essayeur de Bernard Boyer pouvait lui être utile.
Mais Boyer ne se décida pas tout de suite et se donna un délai de réflexion.

Pichard témoigna de beaucoup de compréhension.

Sans débouché, Bernard Boyer retourna frapper à la porte du M.M.. Pichard était convaincu du talent d’essayeur/metteur au point de Boyer, d’autant que ce poste de bout de chaîne n’existait pas au M.M..
En effet, M.M. possédait bien son métier de motoriste, mais qu’à la sortie du banc d’essai, la filière était rompue.

Son travail consistait donc à vérifier qu’on retrouvait bien sur chaque véhicule, la puissance des moteurs mesurée au banc.

Même si cet emploi ne le mobilisait pas à plein temps, Bernard Boyer accepta car il était urgent qu’il travaille !

La suite de sa carrière au Moteur Moderne fera l’objet de prochains articles, à travers son investissement chez CD surtout.

En attendant je vous propose de regarder un reportage vidéo réalisé par « Passion auto-sport du Var » et présenté par Mathieu que nous remercions chaleureusement, où Bernard Boyer est interviewé au terme de sa vie : une pépite.

PALMARES DE BERNARD BOYER (Origine Racing Sport Cars)

1961 à 1963

Charly RAMPAL à partir de ma photothèque + des documents de Bernard Boyer + des photos de son livre réalisé par Bernard et Michel Delannoy, édité aux éditions du palmier.