LE VBL PANHARD
Depuis les années trente, Panhard a toujours produit de véhicules militaires dont la production est allée bien au-delà des voitures et camions de série.
Les blindés seront le cœur de cible de la production militaire : AMD, EBR, AMR, AML, M3 VTT, ERC, VCR, ERC, VAB, et enfin le dernier fleuron badgé Panhard : le VBL, objet de cet article.
L’avis des utilisateurs sur le VBL (véhicule blindé léger) Panhard est unanime : cet engin est un véritable petit bijou blindé.
Bien pensé, esthétique, fiable et doté de bonnes performances, il est l’un des fleurons de la technologie militaire française.
Copié à l’étranger, notamment en Turquie et en Slovaquie, mais resté sans égal, le VBL est à la base d’une nouvelle famille de blindés légers.
Véhicule conçu dans la logique de la Guerre Froide et de l’affrontement entre blocs, le VBL devra au contraire son succès et sa célébrité à la nouvelle organisation du monde.
De fait, ce sont les convulsions de l’ex-Yougoslavie qui lui donneront l’occasion de faire ses preuves sur le terrain, pour des opérations militaires de « basse intensité » dont il est l’acteur idéal pour imposer la paix.
Ses nombreuses commandes confirmeront l’intérêt des militaires de nombreux pays pour ce véhicule parfaitement adapté aux conflits de notre temps.
HISTORIQUE
De la gestation à la grande série, c’est en 1978 que commence l’histoire de ce remarquable véhicule.
L’armée de terre française cherche alors à acquérir un nouveau blindé léger destiné à « éclairer » les escadrons d’AMX-10 RC qui viennent d’entrer en service.
Le futur véhicule, qui devra être blindé, amphibie et doté d’un système NBC, est destiné à remplacer les jeeps dans les unités de reconnaissance.
En effet, la vieille jeep Hotchkiss équipant les unités d’éclairage de l’armée française ne fait pas le poids face à la horde de BRDM et PT-76 alignés par les unités d’éclairage du Pacte de Varsovie, l’adversaire potentiel de l’époque.
Le nouvel engin doit peser moins de 3500 kg.
Ses missions demeurent le combat antichar — avec pour armement le missile MILAN — et la reconnaissance, pour laquelle il sera arme d’une simple mitrailleuse.
Le programme est désigné VBL (véhicule blindé léger).
Panhard et Renault sont mis en concurrence pour la construction de trois prototypes chacun.
Le modèle Panhard, qui effectue ses premiers tours de roue en septembre 1982, est sélectionné en 1985 et, dans la foulée, l’armée de terre commande 15 véhicules d’avant-série afin d’effectuer des tests opérationnels.
Ces engins sont livrés à l’armée française en 1988-89, mais dès 1984 est enregistrée une première commande à l’exportation, provenant du Mexique.
Ce marché de 40 véhicules, immédiatement honoré, fait de l’Ejercito Mexicana la première force armée au monde à mettre en œuvre le VBL.
Celui-ci défilera le 16 septembre 1985 à Mexico.
Sur le marche de l’exportation; Panhard donne à son véhicule la désignation d’ULTRAV M-11.
Dans l’urgence, trois VBL de la commande mexicaine sont livrés à l’armée française pour une utilisation au sein de la FINUL à Beyrouth.
Puis un premier marché de 569 véhicules (décomposé en 368 VBL antichars et 201 VBL de reconnaissance) est passé par l’armée de terre française, les premiers véhicules du lot étant livrés en 1990.
Un nouveau marché de 330 véhicules pour l’armée française devait être livrable en l’espace d’un an, mais les restrictions budgétaires dues à la fin de la guerre froide vont étaler cette commande sur trois tranches conditionnelles, que le succès non démenti du véhicule auprès de ses utilisateurs rendra effectives.
Ainsi seront livrés par Panhard — dans les délais prévus — trois lots de 110 véhicules chacun, entièrement livrés entre 1994 et 1997.
L’exiguïté du compartiment de combat des VBL utilisés en tant que véhicules de commandement est une des seules critiques émises par les militaires français qui l’utilisent intensément dans les Balkans.
Aussi Panhard va-t-il développer une version allongée (4,09 m au lieu des 3,88 m de la version standard, soit 21 cm de plus).
L’armée française commande d’abord 200 exemplaires de cette nouvelle version pour en faire des véhicules PC.
Puis la série se poursuit sans interruption avec une commande de 500 VBL longs, répartie en cinq tranches.
En mars 2004, le carnet de commandes portait sur 2 272 exemplaires (toutes versions confondues) dont 1 621 pour la France.
Le 11 octobre 2001, la Société Panhard fêtait la sortie de son 1.500ème VBL, et le 1.800ème exemplaire tombe de chaîne en juin 2004.
Pour l’armée française, la production est de 10 exemplaires mensuels mais l’usine de Marolles a toute capacité d’augmenter la cadence de production pour faire face aux nouvelles commandes.
LA CAISSE
La caisse, d’une longueur de 3,70 m pour 2,02 m de large, est composée de plaques soudées d’acier de très haute dureté (THD) d’une épaisseur variant de 5 à 11 mm.
De plus, la caisse du VBL apporte une innovation technologique le changement d’angle sur les portes et les flancs est obtenu, non par la soudure de deux plaques, mais par le cintrage d’une seule plaque.
Ladite plaque est donc pliée jusqu’à obtention de l’angle voulu.
Cette méthode, plus complexe à réaliser pour le constructeur, apporte une plus grande solidité aux pièces ainsi traitées.
Les parois latérales supérieures comportent un décrochement derrière l’emplacement du pilote et du chef de bord à partir duquel elles présentent un flanc incliné, et ce jusqu’à l’arrière.
Des bavettes-extension d’aile sont montées au niveau des roues avant.
La caisse est divisée en deux compartiments.
À l’avant, le compartiment moteur est doté de trois trappes d’accès sur le dessus.
Trois grilles d’aération sont également présentes, une sur le dessus (servant à l’extraction de l’air chaud) et une de chaque côté (entrée d’air).
La position du moteur à l’avant, voulue, procure plusieurs avantages.
Tout d’abord cela permet de libérer de la place pour créer un compartiment à l’arrière (ce qui n’était pas le cas du modèle concurrent construit par Renault), espace qui se révèlera comme un grand point fort du véhicule pour l’installation de divers équipements de combat.
En second lieu, le moteur ainsi positionné participe activement à la protection générale de l’engin en renforçant la partie frontale, zone la plus exposée aux coups ennemis.
Ce concept est celui qui a prévalu lors de la réalisation du char israélien Merkava, dans une toute autre catégorie bien sûr.
L’échappement sort sur le côté droit en arrière de la porte.
Le réservoir de carburant, d’une capacité de 82 litres (augmentée d’un jerrycan de 20 litres fixé à l’arrière), est situé quant a lu de l’autre côté sous le siège du pilote.
Le compartiment de combat, qui reçoit l’équipage, est placé de façon conventionnelle derrière le moteur.
Le pilote s’associe a gauche et dispose d’une trappe sur le toit de forme rectangulaire ouvrant vers l’arrière.
Le chef de bord est à sa droite avec au dessus de lui une trappe ronde ouvrant également vers l’arrière.
Tous deux disposent d’une porte d‘accès sur le côté, dotée d’une vitre à l’épreuve des balles.
Le troisième membre d’équipage prend place à l’arrière du véhicule pour servir le système d‘arme, ou pour faire office d’operateur radio.
Une trappe de toit ronde, ouvrant vers la gauche, et une large porte à l’arrière permettent l’accès.
Le pare-brise, composé de deux vitres blindées, est équipé de deux essuie-glaces.
L’épaisseur des vitres varie de 33.5 à 49 mm
L’exiguïté du compartiment de combat est un des rares reproches fait au VBL.
Le véhicule peut néanmoins recevoir un châssis radio ou embarquer un poste de tir MILAN avec six missiles et 3 000 coups pour la mitrailleuse de 7,62 mm.
La version longue autorise bien sûr de meilleurs aménagements.
Le véhicule est doté de quatre roues, motrices en permanence, chaussées de pneumatiques 9,00 x 16 permettant de continuer à rouie même après une crevaison.
La pression des pneus peut être ajustée pour une meilleure mobilité en tout-terrain.
Chaque roue est dotée de freins à disques, qui sont montés non pas directement sur les roues, mais sur l’arbre de transmission transversal.
La suspension est composée, à l’avant, de double triangles et amortisseurs hydrauliques, et à l’amant de barres de torsion et amortisseurs hydrauliques.
La direction assistée est fournie en option.
Le rayon de braquage est de 5,77 m, l’empattement de 2,45 m, la voie de 1,69 m et la garde au sol de 0,37 m.
La particularité de cette caisse et comme pour l’EBR pensé par Louis Delagarde, est son dessous dont les parois inférieures sont obliques, ce qui contribue à disperser le souffle de l’explosion d’une mine.
Sur la photo ci-dessous, on y voit également les suspensions et l’emplacement du silencieux d’échappement.
Détail de la courbure de la caisse obtenu par le cintrage au lieu de la soudure :
LES CROQUIS
LE MOTEUR
Le VBL est propulsé par un moteur Peugeot d’origine civile, que l’on retrouve sur la 505. Il s’agit du XD 3T turbo diesel à quatre cylindres en ligne de 2498 cm3 de cylindrée.
Refroidi par eau (16 litres dans le circuit), il développe 95 chevaux à 4150 tr/mn et un couple de 20 m/daN à 2500 tr/mn.
Le même moteur équipe les derniers modèles d’AML, ce qui permet une logistique commune.
La transmission est dotée d’une boîte de vitesses automatique ZF de construction allemande, à trois rapports avant et un arrière, ainsi que d’une boîte de transfert à deux positions.
Particularité originale du VBL, l’arbre de transmission n’attaque pas la roue en son centre. mais en restant horizontal, et il transmet le couple par un réducteur.
Ceci permet, entre autres, d’augmenter la garde au sol.
Le système électrique est alimenté par deux batteries de 12 volts logées dans le compartiment moteur, une de chaque côté.
Cet ensemble, offrant un rapport poids-puissance de 29,5 chevaux/tonnes, permet au VBL d’atteindre une vitesse maximale sur route de 95 km/h, de franchir une pente de 50 % et un devers de 30 %.
L’autonomie du véhicule est de 600 km, ou 800 km avec le complément des deux jerrycans.
LES EQUIPEMENTS
Le VBL est protégé contre l’incendie par un extincteur manuel (de couleur vert armée), situé à l’avant sur la gauche du chef de bord.
Mais cet extincteur a la particularité d’être connecté au compartiment moteur.
Cette action, déclenchée automatiquement, est prioritaire sur toute autre utilisation.
Un poste radio peut être installé à bord du véhicule dans sa version de base.
Il est disposé entre le pilote et le chef de bord sur la console centrale, fixé sur un châssis spécifique.
Les antennes sont fixées derrière le pilote pour la première et sur le toit à l’arrière droit pour la seconde.
Le VBL est également un blindé amphibie : une démonstration nous avait été faite à Marolles
on voit ici l’hélice de propulsion qui se situe à l’arrière du véhicule, au centre et au bout de l’arbre de transmission :
LE VBL DANS LE MONDE
LE VBL EN ACTION (cliquez sur le lien ci-dessous)
Charly RAMPAL (Documentation Panhard avec les informations d’Yves Debay et de Christian Dumont documentaliste rencontré lors des Rétromobiles et à Marolles dont 3 photos sont dues à Max Imbert)