Le Mans 1955 restera dans l’histoire comme un terrible drame national qui va changer la philosophie des courses en matière de sécurité.
Je ne reviendrai pas sur ce drame que j’avais évoqué dans mon dernier numéro (N°94) du Panhard-Magazine, mais du côté de chez DB. Un course qui ne restera pas dans les annales de la marque de Champigny. Il faut dire que sur les 4 voitures DB engagées, deux vont finir une course guère brillante et à la vue des circonstances, dans l’indifférence générale, et c’est tant mieux.

Sur ces 4 voitures, 3 sont d’usine, l’autre étant celle d’un privé : Georges Trouis.

Elles inaugurent toutes les 4 la série des châssis « 800 », numéro porté par celle de Trouis.
En effet, 801, 803 et 804.
C’est un nouveau châssis à deux poutres et conduite centrale.

Les roues sont spéciales en magnésium pour en diminuer le poids non suspendu et équipées de freins à disque Messier un spécialistes d’équipements aéronautique.

Seules termineront la 801, équipage Cornet / Mougin à la 16ème place du général et 7ème à l’indice

et la « privé » de Trouis / Héry, 20ème au général et 14ème à l’indice.

La DB n° 801 sauvera donc l’honneur de l’usine. Elle portait le n° 63 et son immatriculation : 5328 DY 75 est toujours affiché sur sa carrosserie.

Elle a été complètement restaurée et appartient à un collectionneur, qui nous la prêta quelques fois à Rétromobile ou à Avignon, comme ci-dessous :

La barquette n°803, immatriculée : 1361 EC 75, était pilotée par Paul Armagnac et Gérard Laureau. Elle abandonna sur une violente sortie de route vers 4h du matin, où elle cassa un moyeu de roue. Elle portait le n° de course : 58.
Elle existe toujours et appartient à un collectionneur français.

La 804 voyait à son volant, René Bonnet et Claude Storez. Son immatriculation était : 1362 EC 75. Elle portait le n° de course : 57

Elle devait abandonner peu avant 23h sur panne moteur : distribution (soupapes / culbuteurs).

Mais, déjà aux essais de nuit du mercredi soir, Storez a été accidenté dans des conditions similaires à celui de samedi.

En effet, une ambiance fiévreuse régnait déjà pendant les essais. La majorité des concurrents étaient en retard dans leur préparation. La tension était donc grande pour faire un temps ! Trois jours avant le grand départ, un incident qui aurait pu être plus grave a été en quelque sorte le prélude du drame qui s’est déroulé le samedi.
Les causes ont été à peu prés les mêmes :
Storez, dans le rétro de sa DB, voit une Ferrari qui s’approche rapidement vers lui.
Afin de lui laisser le passage, Storez se rabat prudemment sur sa droite. A ce moment, malgré l’interdiction de deux commissaires, Neubauer, le célèbre Directeur sportif de chez Mercédès, lâche Moss et sa monture. Et tandis que les commissaires continuent à gesticuler vainement, Moss file à l’anglaise, en coupant littéralement la piste pour pouvoir rouler franchement sur la gauche. Si pour un anglais, ce geste est instinctif, il n’en est pas moins dangeureux partout ailleurs où la circulation est à droite.

Faisant preuve d’un étonnante maîtrise, Storez parvient à glisser sa barquette DB entre la Ferrari, la Mercédès et… une OSCA. Pas sans danger hélas : sa DB ne pouvant faire moins que de heurter l’arrière droit de la Mercédès !
Rabotée, meurtrie sur ses deux flancs, la petite DB devra repasser par la case « carrosserie » au grand désespoir de René Bonnet qui n’avait pas besoin de subir de tels frais !

Photo « L’Automobile »

Parmi les spectateurs légèrement contusionnés, on relèvera le grand Jean Berha, blessé à la jambe. Il sera transporté à l’hôpital et occasionnera sa non-participation à l’épreuve !

Tout cela à cause du geste d’indiscipline de Moss, qui n’a pas été sanctionné à sa juste valeur !

Cette voiture a été revendue comme neuve, deux mois après la course de Mans aux États-Unis avec un nouveau n° de Châssis : 814. Elle y séjourne toujours dans une collection privée.

Résultats de l’épreuve :

Charly RAMPAL (Photos magazine L’Automobile)