C’est en 1953 que le premier prototype sur base de 4 cv Renault destiné aux 24 h du Mans voit le jour.

Le projet est mené entre Jean Rédélé et messieurs Pons et Bousquet mais finalement confié aux spécialistes incontestés de voitures de courses à moteur Panhard, DB.

Cette barquette appelé 1066 par Renault, qui s’intéresse de très près au projet, abandonnera après 4 heures de courses sur bielle coulée, laissant un Jean Rédélé un peu amer.

Voici comment D.B. en est arrivé là.

La tache va se partager entre Deutsch et Bonnet, chacun dans leur domaine : Charles DEUTSCH va faire un très gros travail de recherche aérodynamique pour cette barquette : phares sous bulles de plastique (une des premières créations de génie)

ailerons de stabilisation sur les ailes arrières, etc

Comme pour le coupé, présenté dans un précédent article, la mécanique est préparée et montée dans le garage de Louis PONS.

C’est René BONNET qui va se charger du châssis, réalisé en tôle pliée. La 4 CV de base n’ayant pas de châssis à utiliser, la barquette en aura un très léger puisqu’avec la mécanique l’ensemble ne pèse que 280 kg

La structure en tôle pliée, que maitrise parfaitement Bonnet, est liée à une poutre centrale avec bras transversaux reliant le train avant à l’ensemble mécanique placé cette fois à l’arrière, terrain inconnu pour Bonnet

L’ensemble moteur/Boite de la 4cv repose élastiquement à l’arrière sur un support porté par deux longerons partant de la deuxième traverse de châssis

Au départ, cette barquette devait être équipée de freins à disque (pas encore au point)  comme l’envisageait D.B. mais de classiques tambours Cette barquette sans éclairage et non peinte est testée à Montlhéry le 28 mai 1953 pilotée par François LANDON chef du service compétition de la Régie RENAULT

Des tests effectués sur le refroidissement du moteur placé à l’arrière donnent une température inférieure de 20° à la normale (70°).

Des volets seront installés en arrière du radiateur pour retenir l’air chaud ou l’évacuer.

Toutes les pièces moteur, à l’exception de la culasse surcomprimée, viennent de la S.A.P.R.A.R. Le moteur est en porte à faux arrière. Il est dérivé du 1063 Renault avec deux carburateurs Weber

Notons que le radiateur est plus bas et plus large, et que le ventilateur est plus petit que sur les moteurs de série.

La carrosserie, tout aluminium, offre une excellente pénétration dans l’air.

Le refroidissement du moteur est assuré par deux prises d’air latérales.

Un remède temporaire fut porté par des bidons placés derrière le radiateur… qui, au Mans, seront remplacés par de simples volets.

Notons que la voiture pèse 500 kg en ordre de marche.

Le réservoir d’essence est de 120 litres pour les 24H du Mans.

Prototype d’usine, la 1.066 a été réalisée uniquement pour les 24 Heures du Mans.

Prenant ensuite le volant, Landon accomplit des tours de piste à la moyenne de 159 km. 265.

La carrosserie a été, en étroite liaison avec DB, réalisée par les Frères CHAPPE, carrossiers à La Varenne;

Cette carrosserie est en duralinox soudé très arrondi en plan, avec bord d’attaque des ailes avant conformes à la technique appliquée par D.B. depuis 1945.

Des entrées d’air latérales, face à l’avant, alimentant chacune une moitié de radiateur; la sortie d’air principale est formée par un orifice convergent, débouchant à l’extrémité du capot arrière.

La forme générale de la voiture, en élévation, est très tendue; son épaisseur est d’environ 1/6 de la longueur.

Un saute-vent très bas protège le pilote; un appui-tête caréné, amovible, complète le profilage.

Un carénage complet de la place du passager peut être mis en place.

Les dimensions principales sont :

Voie : 1.216

Empattement : 2.15

Garde au sol : 0.625

Epaisseur de la carène : 0.625

Largeur maximum : 1.55

Longueur: 3.625

Hauteur des dérives : 0.175

Le tableau de bord est simple et rassemble les éléments nécessaires et suffisants au pilotage : ils sont groupé au centre de la planche de bord.

On trouve ainsi de gauche à droite : température huile, compte-tours, compteur de vitesse et température d’eau. On note sur la poutre central le long levier de commande de boite de vitesses, précédé du starter

LA DB-RENAULT-1066 AUX 24H DU MANS

A peine terminée mécaniquement à Billancourt, elle n’a pas encore sa bande blanche latérale qu’elle est embarqué sur le transporteur direction Le Mans.

Réalisée dans le but de cette épreuve des 24H du Mans des 12 et 13 juin 1953, elle se présente au pesage dans sa livrée bleue, portant le n°54 et immatriculée : 8259-BZ-75

La bande blanche alors peinte, elle regagne son stand suivi de l’autre barquette Renault de Louis Rosier N°53, entourée de modèles civils Renault

Puis placée en épis devant son stand le samedi matin.

Alignée devant son stand, ses pilotes Rédélé-Pons sont prêts à partir, sous le regard admiratif d’un gendarme.

Elle abandonnera à la 4ème heure sur problème moteur (bielle) : elle était alors en 24ème position.

Puis ce sera les 12H de Reims le 5 juillet 1953 sous le n°45 où elle abandonnera de nouveau.

En 1955, sans disparaitre totalement, elle participera au GP de Bordeaux en Mai 1955 sous le nom de RISPAL où elle termine 1ère des 750cc. Oubliée pendant de longues années, elle réapparait à Champigny en 1986 lors de la fête organisée pour le « cinquantième anniversaire D.B., organisée par Dominique Perruchon

Elle y arrive, sur plateau bien sûr, dans une robe grise, comme « du temps de Rispal », dépourvue de ses ailerons et équipée de roues à rayon fils.

Quelques années plus tard , elle réapparaît à nouveau lors d’une vente aux enchères , peinte en bleu et avec des ailerons arrières (hélas un petit peu trop éloignés du bord extérieur de la carrosserie ) telle qu’à sa naissance.

On peut ainsi l’admirer dans toutes ses positions pour y retrouver la patte D.B..

Enfin, une miniature au 1/43ème réalisée par Pierre Monteil, l’immortalisera à jamais dans sa livrée du Mans 1953…

Charly RAMPAL (avec l’aide documentaire des journaux d’époque et de Roland ROY)