La 24 CT n’a jamais eu la prétention de se frotter en compétition aux voitures à vocation sportives pures : elle n’a jamais été faite pour cela.

Mais, la tradition Panhard en sport automobile, que ce soit en rallye surtout ou sur circuit occasionnellement, est tenace.

Dépassée sur le plan des performances pures par rapport à la concurrence du moment, la 24 CT allait néanmoins faire bonne figure dans les épreuves routières où ses qualités de tenue de route allait compenser son manque de puissance, mais aussi grâce au pilotage d’amateurs qui y croyaient et se battaient avec la rage du désespoir !

C’est ainsi que les premières traces de la 24 CT en rallies apparaissent dès 1964 : rallye Mistral, Tour Auto principalement.

Leur participation par des amateurs se poursuivra en 1965, par le rallye de l’Ouest.
Mais Ô surprise, le service compétition de Citroën, dirigé à l’époque par René Cotton, engagea trois 24 CT de série au Tour de Corse suite au forfait des DS21 en attente d’homologation : histoire de tenir les pilotes aux chevrons sous pression !

A l’arrivée René Cotton n’en revenait pas : la petite PL mal aimée se classa 11ème au général et 6ème dans la catégorie Tourisme (normale et améliorée), mais victorieuse dans sa classe jusqu’à 850 cc.

Pourtant pour ceux qui connaissent les routes de l’Ile de beauté, personne n’aurait parié un copeck sur notre 24.
Il faut dire qu’elle était pilotée par un équipage hors pair qui laissera une trace indélébile à nous panhardistes sportifs : Jean-Claude Ogier et Lucette Pointet.

Une superbe 24 CT blanche sautant de virages en virages avec une aisance remarquable : 18.252 virages à 60 de moyenne = une folie !

Sur 82 concurrents engagés, seuls 18 terminèrent l’épreuve dont notre 24 ! Qui a dit fragile ?

Les deux autres 24 CT engagées eurent moins de chance.
Celle de Verrier / Pasquier terminera mais hors du temps imparti suite a des ennuis de freins dus à une rupture accidentelle d’une canalisation.

Enfin, celle pilotée par Lelong abandonnera suite à l’éclatement du disque d’embrayage.
Ragaillardi par ces prestations époustouflantes, René Cotton n’a pas voulu interrompre la spirale gagnante de la 24 CT.

Une publicité sur cette victoire inattendue, marquera le début officiel eb rallye.

1966 : L’ANNEE DE TOUTES LES VICTOIRES

3 semaines plus tard, trois 24 CT étaient engagées au IXème Critérium des Cévènnes, dont une d’usine bien entendu pilotée par notre duo de choc : Ogier/Pointet.

Cette fois-ci , c’est la neige qui est au rendez-vous. Qu’importe, la 24 CT est polyvalente.

Ogier/Pointet remportent leur classe dominant de bout en bout les Saab et autres 1093, etc…

Suivront la 24 CT de Massoulier/Perekof et celle de Ribard/Vason, 5ème de sa catégorie.

Puis ce sera le rallye des Routes du Nord avec son décor : pluie et brouillard (et même « nuits et brouillard »).

Une troisième sortie officielle Cotton y croit encore, malgré la présence attendue des DS21 officielle, il engage la 24 CT devenue « usine » ! Mais c’est Bernard, le frère de Jean-Claude Ogier qui remplace Lucette Pointet.

Nouvelle victoire de classe suivi de peu par l’autre CT engagée et pilotée par le tandem Lelong/Bagrit (vous savez, celui qui engageait régulièrement sa 24CT à Monthléry et dont je vous en ai raconté toutes les péripéties dans la rubrique « Compétitions »- « Circuits » - « Monthléry et Panhard avant le VHC » ! Bon je vous joins la photo pour vous rafraîchir la mémoire.

Pourtant le sort n’avait pas épargné la famille Ogier : victime d’une crevaison du pneu arrière droit au dé »but de la spéciale de Couplevoie, ils ont du poursuivre leur route en l’état couvrant l’étape de 3 km, en 3mn et 6 secondes ! Bon ce n’était que le pneu arrière, mais quand même !

Puis, ce fut Lyon-Charbonnières-Stuttgart-Solitude, encore du solide ! Pour l’occasion Jean-Claude retrouvait Lucette.
La neige tombait en abondance et la petite 24 CT allait démontrer toutes ses qualités de tenue de route et d’agilité sur ce terrain glissant, écœurant ses concurrentes une par une !

Elle terminera 5ème du Général voitures de série et 10ème du scratch tous groupes confondus : un exploit ? Non une habitude !

Citroën n’en revenait pas et en redemandait pour la semaine suivante !

Au tour du rallye de l’Ouest de reconnaitre les qualités de la petite 24 CT d’usine. Victoire en classe 850 après 864 km et 6 courses de côté et victoire au général à l’indice en Tourisme de série !

Pourtant l’opposition fut sévère en la personne de Buchet (non, pas Robert !) sur une Fiat 850 particulièrement « Abarthisée ».

Après un break de 6 semaines bien mérité, la 24 CT de Ogier / Pointet a de nouveau des fourmis dans les jantes : on ne la retient plus !

La voici en mai 1966 toujours, au départ du rallye de Lorraine : 776 km de routes sinueuses à travers la Vosges. Brouillard, pluie, neige : la 24 CT va se régaler sur les 86 km de spéciales.

Ogier et sa 24 CT vont réaliser un nouvel exploit, bien sûr en se classant en tête de sa catégorie (c’est devenu un lieu commun !), mais en remportant non seulement l’indice en Tourisme de série, mais aussi le classement général des voitures de Tourisme de série devant des voitures prestigieuses et bien plus puissantes : Ford Mustang, Cortina-Lotus, Alfa GTA, R8 Gordini, BMW 1800 Ti…

Au Général scratch, il est 7ème… C’est pas fini… cerise sur le gâteau, , il s’offre la victoire absolue lors de l’épreuve de vitesse de la route des Crêtes, la plus longue de toutes sur 21 km !

Une seconde 24 CT participait à l’épreuve avec comme équipage Mermond/Mangin : elle terminera l’épreuve à la 37ème place.

Moralité : une 24 CT très bien conduite peut jouer les premiers rôles, Ogier était de ceux-là.

Citroën n’en démord pas du bienfait des 24 CT. Le 9 juin, la maison de Javel engage 4 voitures au rallye de Genève : 2 DS 21 et deux 24 CT.

Qui dit Genève dit circuit de 1.850 km à travers les Alpes.

Jean-Claude Ogier est de nouveau associé à son frère Bernard. Leur 24 CT remporte la classe des voitures jusqu’à 1000 cc, mais surtout une troisième place au Général.

Lucette Pointet a pris le volant d’une autre 24 CT assistée par Jacqueline Fougeray : elles remporteront la coupe des Dames et se classeront 11ème au Général.

On est déjà en juillet 1966 et la belle saison sportive de la 24 CT usine se terminera les 9 et 10 avec le rallye du Mont Blanc.

Et ce n’est même pas son pilote fétiche, Jean-Claude Ogier, qui la pilotera pour la dernière fois. Blessé aux 24h du Mans, c’est Guy Verrier qui le remplacera assisté par J-C Syda.

Une dernière victoire de classe en 850cc, mais finira 6ème au Général, malgré un choc avec un rocher pendant la course de côté de St Félix.

Le bilan de la 24 CT officielle est sans faille : 9 participations et 9 victoires, surtout avec J-C Ogier.
Dépassant les prévisions les plus optimistes, la 24 a démontré au cours de ces épreuves très difficiles, toutes ses qualités routières.

LES AMATEURS NE SONT PAS EN RESTE

C’est ainsi qu’au Xème rallye du pétrole que Despointes, pilote de l’Ecurie Compétition-Méditerranée, a remporté au volant d’une 24 CT strictement de série, la victoire dans la catégorie scratch et GT national. Cett voiture est la propriété de M. Dauphin, agent Panhard à Martigues.

Quelques autres photos au hasard…

1er Rallye national de Cannes

« 84 Heures du Nurburgring » (oui 84, pas 24 !), sorte de Marathon de la route sur le célèbre et dangereux circuit allemand : une 24 CT pilotée par Pierrat-Mermond-Defaud terminent 9ème du général avec 268 tours et 4ème en régularité.

43 partants en moins de 1000 cc et 13 classés

Il nous restera à voir la 24 dans les épreuves « Economy Run », mais c’est une compétition d’un autre type qui fera l’objet d’un article à part.

Quelques rassemblements encore comme ici en 1976 à Folembray


LES ANNES VHC

Après des années d’oubli, nous voici à la fin des années 80, les courses historiques tentaient de se faire une place officielle en championnat de France de l’âge d’or de l’automobile.

Afin de faire revivre les compétitions des sixties surtout sur les circuits qui demandaient moins de débauches logistiques.

Là encore Montlhéry lança le bouchon avec les Coupes de l’âge d’Or sous la direction de l’ASAVE.

Une aubaine pour redonner vie aux véhicules de compétition de nos 20 ans.

C’est ainsi que je décidais de ma lancer dans la catégorie « Tourismes », avec une 24 CT préparée par le célèbre fanatique Panhard, Georges Philippe dans l’Ain (d’où le 01 sur ma plaque).

De 1990 à 1995, je participais à quelques épreuves clés que je vous ai contées dans la rubrique « VHC-Historique ».

Là encore, je me suis régalé au volant de cette fabuleuse voiture, pourtant pas faite pour les circuits et face à une opposition gratinée !

Elle ne m’a jamais pris en traite et téléphonait toutes ses réactions que je pouvais contrôler avec aisance.

Ces 5 années de pilotage plaisir, se sont soldées par 17 victoires de classe (moins de 1.000 cc) et autant de coupes que j’ai données à Gérard pour ses rêves D’antan (jeu de mots !).

Cette brèche ouverte occasionna la venue d’autres 24 CT comme celle de Dominique Perroton.

Et surtout, celle très efficace de Christophe Guerrier :

Aujourd’hui, plus rien ou presque si je fais abstraction des deux années de Maxi 1000 de la 24 CT de Jean-Louis Petitjean : je vous ai raconté ses prestations.

Hélas, devant l’opposition, et les évolutions limitées de la 24CT Jean-Louis a revendu la belle « ricardette », pour revenir à la Traban P50 de Michel Abeille.

Dommage, car une 24 CT, même limité dans sa préparation : pipe CD, deux double–corps, barre stabilisatrice, suspension surbaissée, et à la limite un 954, elle peut encore tirer son épingle du jeu, même si son poids est un handicap face à un DB-HBR.

La 24 CT le vaudrait bien !

Charly RAMPAL (Doc personnelle et revues d’époque)

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