Sébastien Ogier est la grande révélation du championnat du Monde des Rallyes en obtenant son 7ème titres !

Mais un Ogier peut en cacher un autre… Même s’il n’a aucun lien de parenté avec le notre : Jean-Claude Ogier.

Bon, c’est vrai, il était un brillant pilote Citroën, mais n’a-t-il pas piloté CD et 24CT ?

Nous ne retiendrons que ces deux montures, plus proche de notre passion.

Copilote puis pilote officiel Citroën en rallye au cours des années 60, Jean Claude Ogier va s’illustrer aux 4 coins du globe.

En dehors de quelques courses, il fait la quasi-totalité de sa carrière sur des Citroën ID 19 puis DS 21.

Il compte deux participations aux 24 heures du Mans.

C’est en 1960 que Jean-Claude Ogier débute le sport automobile en devenant copilote de René Trautmann sur une Citroën officielle.

Parmi les succès de l’équipage figure une victoire au Tour de Corse 1961.

Le copilote grenoblois épaulera occasionnellement Neyret et Bianchi également membres de l’équipe Citroën.

Compte tenu de la longueur des rallyes à cette époque, les copilotes sont régulièrement amenés à piloter durant les étapes de liaisons.

A partir de 1964, Jean Claude Ogier se décide à piloter.

Plusieurs copilotes se succéderont à ses côtés dont un certain Johny Servoz-Gavin avant que Lucette Pointet ne deviennent sa navigatrice attitrée puis sa femme.

Il compte deux participations aux 24 heures du Mans aux côtés de Claude Laurent.

1966 : LES 24 HEURES DU MANS  

C’est au volant du CD-Peugeot de Choulet surtout sous la bannière de Charles Deutsch qu’il participe aux 24 Heures du Mans 1966.

Il sera associé à Claude Laurent.

Trois voitures sont engagées et l’objectif de l’équipe est la victoire à l’indice.

  • n°51 : C. Laurent, JC. Ogier
  • n°52 : A. Bertaut, P. Lelong
  •  n°53 : G. Heligoin, J. Rives

Claude Laurent est né le 28 novembre 1935 à Orléans.

Dés son permis en poche en 1953, il s’engage au Rallye de Saint Quentin sur une 4CV. C’est un brillant pilote de rallye.

Il compte une participation aux 24 heures du Mans en 1960 sur une Lotus Elite avec Roger Masson.

Peu après 22h00, Jean-Claude Ogier aborde la courbe des Hunaudières et s’apprête à doubler l’ASA de Pasquier.

Hélas la CD se met en travers sur une trace d’huile et percute la berlinette blanche.

Les deux voitures sont totalement détruites.

Pasquier est indemne mais Jean-Claude Ogier a les deux bras cassés et diverses ecchymoses.

La CD 52 abandonne également à la 6ème heure sur panne d’embrayage et la 53 sur accident à la 9ème heure.

JEAN-CLAUDE OGIER ET LA PANHARD 24CT

Je vous en ai déjà raconté la 24CT en rallyes dans la longue rubrique que j’ai consacrée à toute son histoire et sous toutes ses formes.

J’avais eu le plaisir de le rencontrer lors des éditions CitroRacing de 2006 t 2007, invité par notre ami et organisateur James.

Lucette Pointet sa femme et ex-copilote, Alain Leprince, le mécanicien, Jacques et Marlène Wolgensinger étaient aussi présents.

Interviewés par Jean-François Pierre, j’ai pu noter et retenir leurs  informations  sur la 24CT.

1 – Qu’est-ce qui a amené R. Cotton à engager des 24 CT en rallye, alors que la DS 21 arrivait simultanément ?

J.C.Ogier : «Je ne sais pas, R. Cotton ne donnait pas d’explications sur ce sujet ni en général sur le choix des voitures engagées, série ou protos »

A. Leprince : «Le passé de R. Cotton explique cette décision qui en a surpris beaucoup»

J. Wolgensinger, évoquant le quiproquo lors des accords Citroën/Panhard :

«Les gens de Panhard voyaient une planche de salut, Citroën n’y voyait que l’opportunité de fabriquer des camionnettes 2 cv.

Courant 65 j’ai été questionné par ma Direction sur ce qui pourrait être fait pour faire repartir les ventes Panhard.

J’ai poussé alors R. Cotton à engager la 24 CT en rallye, et j’ai fait des efforts de communication (brochure Delpire, publicités, Agent Citroên, …).

Malheureusement comme pour la SM, le réseau n’a pas joué le jeu, et joint à une certaine désaffectation du public pour la mécanique Panhard, cela a entraîné la chute de la marque»

2 – Qu’est-ce qui a amené J.C.Ogier à conduire la 24 CT pratiquement toute la saison, alors que pour les autres pilotes ce fut occasionnel ?

J.C.Ogier : «C’était la décision de R. Cotton. Là aussi il ne donnait pas d’explications »

J. Wolgensinger : «C’est parce que Jean-Claude était un acrobate au volant et tirait un maximum du potentiel de la 24»

3 – Où, comment et par qui les 24 CT étaient-elles préparées ?

J.C.Ogier : «Par l’équipe Citroën. Il faut savoir que le nouveau montage des bielles (JFP : à confirmer car pour moi c’est en Juillet 66. Bagues en bronze dans les pieds de bielles et axes de pistons traités spécialement) a vraiment fiabilisé le flat-twin, qui supportait bien 6300 / 6400 tr/mn.

Les seules modifications faites étaient le montage d’une pompe à essence électrique, comme nous commencions à le faire sur les DS à l’époque, et le bandage des barres de torsion pour pouvoir augmenter un peu le régime moteur (confirmé par A. Leprince).

Les moteurs étaient simplement sélectionnés et faisaient vraiment 60 ch.

Le choix des pneus entre le X, le Kléber V10 et le V10 GT se faisait selon les épreuves, car leur circonférence de roulement légèrement différente permettait de jouer un peu sur la démultiplication finale.

Dans l’ensemble le V10 était un peu mieux adapté que le X, il était plus performant et allait mieux avec mon style de conduite souvent en glissade. Michelin était au courant et laissait faire»

A. Leprince : «Venant de chez Panhard, j’étais très sceptique à l’annonce de la décision par R. Cotton d’engager des 24 au Tour de Corse.

 Je craignais que ce soit un désastre pour les embrayages et les boîtes.

Mais si toute la saison fut une réussite, c’est aussi parce que les voitures étaient hyper bien préparées»

4 – Comment expliquer certaines performances exceptionnelles, comme celle du rallye de Genève devant les DS 21 ?

J.C.Ogier : «Par sa vélocité en descente, où je doublais beaucoup de concurrents.

Quand j’ai descendu pour le Tour de Corse la 24 de l’usine en Corse, j’ai été très impressionné par la vitesse de pointe, mais moins par la tenue de cap.

J’ai ensuite découvert en Corse avec enthousiasme la maniabilité de l’auto.

La 24 CT avait également une puissance de freinage très importante avec ses 4 disques et double étriers avant»

L. Pointet : «Je préfèrais la DS où je me sentais plus en sécurité, car en 24 Jean-Claude était en permanence en travers»

5 – Fiabilité : comment l’expliquer ?

– J.C.Ogier : «Dans mon expérience de chef d’atelier de la concession Panhard de Grenoble où nous vendions 400 voitures par an, ce qui en faisait la plus grosse concession de France, j’avais remarqué que c’étaient toujours les mêmes clients qui n’avaient aucun souci et ceux qui les collectionnaient.

Sur nos 24 de rallye la course de débrayage était réglée juste pour permettre le passage des vitesses à la volée, et cela tenait !

Mais il est vrai que je connaissais très bien la mécanique Panhard »

6 – Pourquoi dans sa saison complète (jusqu’en juin) ne figure pas le Criterium Neige et Glace ?

J.C.Ogier : «J’ai fait le Neige et Glace avec une 24 CT, je me souviens que j’avais refusé d’y participer avec une DS 21 car les disques de freins se fêlaient et avaient créé des accidents graves» 

7 – Perception et image : dans le milieu de la course automobile, qu’est ce qui se disait à son sujet ? Etait-elle perçue comme dépassée ?

J.C.Ogier : «Non, elle était très respectée pour ses performances, exemple :  le temps scratch absolu au Rallye de Lorraine dans la route des Crêtes»

8 – Pourquoi l’arrêt de l’engagement de la 24 dans le milieu de l’été 1966 ?

J.C.Ogier : « Je pense que c’est lié à mon accident au Mans.

Je n’ai repris la course qu’au Tour de Corse, et en DS, mes bras n’auraient pas eu la force physique de conduire une 24.

J’ai fait les reconnaissances du Mont Blanc en Juillet avec Lucette et les deux bras bandés. Je pense qu’elle y a participé. »

9 – Que sont devenues ces 24 CT après la saison de course ?

Marlène Wolgensinger : « Toutes les voitures, même celles de série, étaient systématiquement données au service destruction.

Nous ne voulions pas mettre dans le circuit commercial des voitures qui avaient beaucoup souffert et qui souvent avaient été modifiées.

J.C.Ogier : « Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues.

Ce dont je me souviens, c’est que j’ai acheté un des mulets, qu’en tant que garagiste j’ai ensuite revendu, mais je ne me souviens plus à qui.

10 – Couleur de ces 24 CT ?

J.C.Ogier et L. Pointet : « Elles étaient bleu ciel »

11 – La 24 CT caisse aluminium, légende ou réalité ?

J.C.Ogier : « Je suis formel, il y en a eu trois, préparées par Panhard avec une caisse allégée et une boîte de vitesses spéciale.

Pour me remercier de ma saison 66, Panhard m’en a offert une.

La cérémonie a eu lieu pendant le Salon de l’Auto, devant peut-être 40 témoins.

Paul Panhard lui-même m’a remis la carte grise.

J’avais appris que cette voiture ne servait plus au service Essais et qu’elle n’était plus utilisée que pour faire les courses dans Paris.

Partant dans la foulée en reconnaissances de rallye, j’ai remis celle-ci à Citroën en leur demandant de récupérer ma voiture.

Quand j’ai voulu la prendre, je n’ai rien eu, la voiture avait été détruite »

– A. Leprince : « Personnellement je ne crois pas à cette histoire de 24 en alu. Je n’en ai jamais entendu parler, et à cette époque Panhard ne préparait et ne développait plus de voiture »

PALMARES DE JEAN-CLAUDE OGIER EN PANHARD

1965 : 11ème du Tour de Corse Automobile – Jean Claude Ogier/Lucette Pointet – Panhard 24 CT

1965 : Critérium des Cévènes Jean Claude Ogier/Lucette Pointet – Panhard 24 CT

1966 : 3ème du Rallye de Geneve – Jean Claude Ogier/Bernard Ogier – Panhard CT24 (9 au 11 juin)

1966 : Rallye de Lorraine Jean Claude Ogier/Lucette Pointet – Panhard 24 CT

1966 : 6ème Lyon-Charbonniere–Stuttgart Jean Claude Ogier/Lucette Pointet

1966 : Rallye international des Routes du Nord Jean Claude Ogier/Bernard Ogier – Panhard CT24

Charly RAMPAL  (D’après l’interwiev fait à Citroracing par Jean-François Pierre, Photos couleurs Serge Macé)