Le GP de Picardie s’est déroulé le 15 septembre 1952 sur le circuit de Roubaix :

Cette épreuve inaugurait pour la première fois en France une nouvelle formule : celle dite « handicap ».

Elle s’avéra fort intéressante. Elle a été imaginée par l’Automobile Club du Nord, à l’occasion du Grand Prix International de Roubaix.
Le barème des handicaps mis sur pied fut très satisfaisant et les enseignements méritaient d’être retenus.

L’épreuve se courant donc par handicap, les départs étaient échelonnés, suivant l’importance des cylindrées.

C’est ainsi que le groupe des 750 cc partait à 15h16 dans le quel se trouvait nos DB.

Bonnet est au départ au volant de sa DB-FRUA, à travers son pare-brise, il peut voir les spectateurs agiter leurs bras pour l’encourager et les photographes, autorisés, fixer à jamais ce moment de concentration, les yeux fixés sur l’étroit ruban de bitume qu’il va falloir dérouler pendant 300 km.

Bien parti, Bonnet prenait la tête au 2ème tour, devant la DB Antem de Georges Trouis, transformée en coupé.

Le 100 de moyenne est constant.

A 15h27, l’OSCA de Damonte entre en scène, alors que Bonnet a couvert près de 18km (6 tours). Il reprend en moyenne 10’’ par tour à Bonnet. On calcule alors qu’après 60 tours, à ce régime, l’italien sera en tête.

Puis successivement, Olivier (Simca Sport), Dieu (Aronde) , Pigne et Poligny (203), Dauwe et Mouche (Porsche) s’élancèrent à des intervalles différents.

Mais on s’aperçoit vite qu’ils ne pourront rattraper ni Bonnet, ni Damonte.

A 15h36, Trintignant (Gordini 1500) s’élance calmement alors que Bonnet a déjà couvert 12 tours et Damonte 6.

Bien renseigné par son stand, Trintignant tourne à 118 km/h et comble son handicap tour après tour.

Il peut prétendre vaincre s’il reprend 15’’ à Bonnet et 5’’ à Damonte à chaque tour. Vidilles perd de l’huile et abandonne.

La Singer de Savoye, luis la 2 litres Ferrari de Renaldo partent à leur tour.

A 15h 46 démarre l’Aston-Martin de Raineri qui précède de peu la Ferrari de Lucas.

A ce moment, Bonnet a déjà parcouru près de 60 km, Damonte en a fait 45 et Trintignant, qui les rattrape tous les deux, 30 environ.

Mais Lucas s’arrête (panne d’embrayage), après avoir établi le record du tour à 120 km/h.

Enfin, à 15h54, les Jaguars de Simonet et Heurteaux s’élancent, alors que Bonnet a couvert près de 65 km.

Les abandons se multiplient. Olivier coule une bielle, Mouche tombe en panne de freins, Trouis casse une tubulure et Lapchin va au décor.

Coup de théâtre, Damonte casse son pont arrière et abandonne.

Seul Trintignant remonte et double Bonnet au 80ème tour, et approche des 300 kilomètres.

Désormais, il vaincra facilement, s’adjugeant le Grand Prix de l’A.C. du Nord devant Bonnet.

Seul bémol : sitôt arrêté, Trintignant est imité par les autres concurrents et c’est malheureux, car si la course comporte 300 km, chaque concurrent devait, après lui, terminer sa distance. D’autres remontées auraient pu être enregistrées et la course aurait été plus spectaculaire pour une assistance ainsi frustrée.

Néanmoins, on aura noté la très belle course de Bonnet et sa DB-FRUA qui s’incline de justesse devant la 1500 Gordini au terme de ces 300km de course.

Charly RAMPAL