BARQUETTE DB 1961 A MOTEUR CENTRAL : PARTIE N°2

DEUXIEME VIE

A la séparation de Deutsch et Bonnet,, la DB est vendue à M. Jopart, ingénieur chez Panhard.

Quand Panhard a été absorbé par Citroën, M. Jopart est envoyé en Belgique (toujours Citroën).
Là-bas, la DB est utilisée en côtes et en rallyes et a même détenu un record de catégorie du km lancé, en Hollande.
M. Jopart, passé chez Peugeot, la vend à un Belge qui la revend vers 78/79 à Dumontant, le « très connu » vendeur de voitures anciennes. Elle repart donc en France comme nous le raconte Robert Grisi :
« Commence ici une période assez floue, car les rares témoignages que j’ai pu recueillir sont souvent contradictoires ou sensiblement différents.
Je vous livre donc une synthèse qui ne devrait pas trop s’écarter de la réalité.
De son retour du Mans, on été resté au moment de son retour à Champigny, fortement accidentée de l’arrière droit.

Le véhicule accidenté ainsi que les plans qui auraient pu faciliter la reconstruction du capot détruit furent vendus donc à cet ingénieur de chez Panhard qui revêtit l’arrière d’un capot provisoire réalisé en bois et de toile tendue pour lui permettre de participer à quelques courses régionales en Belgique où il avait élu domicile par la force des choses.

Le véhicule a été racheté par un garagiste belge qui est en même temps un très bon préparateur de mécanique PL. Un capot arrière est réalisé à partir d’un capot avant en alu de Dyna Z1 qui n’a donc rien à voir avec le capot d’origine, mais qui a le mérite d’exister.

De plus, pour être en conformité avec la nouvelle réglementation, 2 arceaux de sécurité sont rajoutés pour protéger la tête du pilote et du co-pilote.

Ces diverses adaptations ont été réalisées intelligemment sans dénaturer les éléments d’origine tels que les treillis tubulaires, cloison alu, carénage inférieur, ce qui sera très appréciable lors de la restauration définitive.

La 45 participe à quelques épreuves en Belgique et aux Pays Bas et en surprend plus d’un tant par son esthétique que par ses résultats. En effet, affublée de son faux capot, elle choque par le mélange des formes : les ¾ tout en courbes, le ¼ AR plat sur le dessus et tronqué à l’arrière avec une amorce de becquet.

En ce qui concerne les performances, elle surprendra aussi, car le préparateur belge semble avoir trouvé les bons réglages de suspension qui faisaient défauts au Mans.

Il y a quelques années de cela, j’ai rendu visite à ce garagiste beige afin de récupérer un lot de pièces de rechange qu’il m’avait offert. Cet excellent préparateur me montra diverses coupes et photographie relatives aux résultats obtenus par la DB à moteur central durant sa période belge. Hélas les plans de la voiture qui auraient facilité la réalisation du capot arrière ne faisait pas partie du lot de pièces.

Nous voici à la fin des années 70. le bi-cylindre n’est plus compétitif et notre garagiste belge semble s’intéresser de plus en plus aux voitures de collection, au dépend des véhicules de compétition. C’est ainsi que la barquette va revenir en France chez un professionnel de la voiture ancienne, à la suite d’un échange : 2 voiture d’avant-guerre contre la barquette.

La suite est facile à deviner. Une annonce parue dans une revue spécialisée me fait découvrir la chose. Je prends contact avec le vendeur qui depuis est devenu un ami, et nos conversations téléphoniques se multiplient sans faire avancer l’affaire qui se présente très mal pour moi, il faut le reconnaître, car plusieurs points sont négatifs :

– le prix
– le nombre d’amateurs de DB qui sont sur le coup, dont certains avec des moyens financiers plus importants que les miens
– le manque de documentation concernant la 45
– le « NON » presque catégorique de ma femme

Seuls 2 éléments jouent en ma faveur :

– ma volonté farouche d’avoir un DB ayant fait Le Mans
– mon côté ingénu qui me fait penser que le problème financier sera résolu providentiellement

Pour aider la Providence, je me mets à jouer au loto toutes les semaines étant persuadé que mon vœu sera exhaussé, mais je ne dépasse jamais deux numéros !

Le temps passe et le risque de voir me passer sous le nez la barquette, augmente dangereusement.

Et puis, un beau jour, tout se débloque miraculeusement :

– Le vendeur accepte de me reprendre un véhicule de 1939.
– Mes parents me proposent une somme remboursable « quand cela sera possible »
– Mon épouse est pratiquement d’accord

Il faut battre le fer tant qu’il est chaud et je profite du week-end pour aller voir le véhicule qui se trouve dans les environs de Limoges.

Une gueule d’enfer à condition de ne pas regarder l’arrière.
Aujourd’hui, je me revois encore faire l’équilibriste dans cette demeure moyenâgeuse aux planchers défaillants, enjambant des trous béants par lesquels je voyais le sous-sol.

C’est ainsi que je découvris la 3373 LE 75 dans sa robe bleue, ornée d’une large bande jaune transversale à l’avant, sans doute un héritage de sa période Belge.
Printemps 1980, la barquette arrivait à Nice. »

Charly RAMPAL