Le Racer Terigi, fait parti de ces nombreuses monoplaces françaises construites par des fanatiques avides de retrouver les sensations de la course à la sortie de la 2ème guerre mondiale.

Je vous ai raconté dans divers articles postés dans la rubrique « Racer 500 » la genèse de ce mouvement né en Grande-Bretagne par Cooper.

De nombreux artisans ont suivi le mouvement en construisant leur propre monoplace à partir d’éléments divers et variés, façon puzzle, qui vont aboutir à un éventail de voitures : consécration du génie inventif de ces constructeurs de l’ombre.

C’est ainsi que la Térigi est née, faisant partie de la première vague des Racer 500 français.

Alors pourquoi cet article sur cette monoplace qui n’a pour seul rapport avec Panhard, que ses portes moyeux et ses jantes d’origine arrière de la Dyna X84 ?

Tout simplement parce que je l’ai vu se reconstruire de A à Z, et que son dessin est tout à fait original avec son profil marin et sa queue caractéristique.

C’est en effet mon ami Gilbert Lenoir qui l’a récupérée en état de décomposition avancée et qui a eu la bonne idée de la faire restaurer entièrement en Angleterre par Simon Frost et qui la pilotera à partir de 2015.

L’Angleterre on le sait, est le berceau du sport-automobile où la passion de la course est à des années lumières de nos mentalités françaises plus aptes à se cacher derrière le sacro saint « principe de précaution », plutôt que de faire confiance aux passionnés, comme en ULM.

Libre de toutes contraintes, avec les Etats-Unis, les anglais à travers le « 500 Owners Association », organisent chaque année un véritable championnat dans lequel j’ai eu le plaisir d’y être invité avec le Monomill (Croft, Silverstone et Croix en Ternois).

On peut y retrouver naturellement toutes les Racer 500 anglais, dans un état proche du neuf et un jour de 2015, la Térigi les a rejoint.

Mais d’où sort ce Racer 500 ?

Et bien de la région bordelaise.

Elle porte le nom de son constructeur et pilote : Jean Térigi aidé de son frère Raymond.


Jean est un amoureux fou de compétition moto où il avait accumulé de nombreuses victoires.

Lorsque le mouvement 500 était lancé en 1949, quoi de plus naturel pour cet amateur de sensations fortes et de doigts de fée, que de construire lui-même un Racer 500, mais à son idée et point de copier / coller !

Cette monoplace spéciale, fut présentée en 1950, dont voici les photos issues de la bible des 500cc d’Henri-Julien


C’est un condensé d’originalités dans de nombreux domaines, notamment en aérodynamisme et mécanique, puisqu’elle est équipée du fameux moteur Triumph GP Grand Prix bicylindre vertical.

LE MOTEUR

Le Moteur de la Térigi est un Triumph GP type Grand Prix, bicylindre vertical,

Il est en position centrale arrière, place juste dans le dos du pilote, sur le centre de gravité.

Son taux de compression peut atteindre les 9,5 à 1. avec un arbre à cames adapté pour la puissance, des ressorts de soupapes pour les haut régime et alimenté par deux carbu Amal type 6.

Chaque cylindre a sa propre sortie d’échappement

Elles longent la coque jusqu’à l’extrémité arrière

C’est un des plus puissants moteur du plateau Racer 500 des années cinquante et développe 45 hp, ce qui, ramené à sa cylindrée est remarquable.

Par contre, malgré la puissance disponible, sa conception le fait marcher à l’essence au lieu des mélanges méthanol/benzol/essence qui diminuent la fiabilité des moteurs qui l’utilisent.

Mais néanmoins il n’est toujours pas à la hauteur du JAP qui a 5 hp de plus, mais plus puissant que le Panhard, obligé d’utiliser le Méthanol.

L’accès au moteur se fait par deux capots sur les côté arrière de la voiture


LA BOITE DE VITESSES

Elle est de fabrication maison et comporte 6 rapports séquentiels et deux leviers la commandent : un pour monter les rapports et un autre pour les descendre !

Et ouverte

Quant à son embrayage, il a été emprunté à la moto Indian.

LE CHASSIS

Multitubulaire, il est en acier spécial soudé à l’autogène.

Chaque roue est portée par un porte moyeu Panhard Dyna X84, relié au châssis par un triangle inférieur et un triangle supérieur articulé sur le châssis par des blocs Oscillit, assurant en même temps la suspension et l’amortissement.

Le réservoir d’essence est à l’avant, devant le pédalier.

LA CARROSSERIE

Elle est tout entière en aluminium et façonnée à la main à partir d’un gabarit.

Une fois terminée et assemblée, avouez qu’elle a une sacré allure de monstre marin !

Gilbert Lenoir, l’heureux propriétaire a le sourire : il reste encore du boulot, mais la carrosserie donne maintenant une idée du résultat final : superbe !

DIMENSIONS

– Voie avant = 1,13 m
– Voie arrière = 1,03 m
– Empattement = 1,90 m
– Hauteur = 88 cm
– Garde au sol = 12 cm
– Poids = 255 kg
– Longueur totale = 2,20 m

LA TERIGI EN COMPETITION 500

C’est la saison 1950 en Racer 500 qui a été le cadre des participations en compétition en circuit de la Térigi, dont voici les dates, les lieux et les classements :

– 30 avril : Linas-Monthléry – non classé)
– 20 mai : Monaco – non classé

– 27 mai : Aix les Bains – non classé
– 11 juin : circuit des Remparts d’Angoulème (9ème)

– 18 juin : Circuit du Dauphiné à Grenoble (3ème)

LA TERIGI AUJOURD’HUI

C’est à Goodwood le 10 septembre 2015 que la Térigi reçu son baptême de piste avec au volant son restaurateur, Simon Frost que l’on voit ci-dessous debout à côté de la voiture superbement restaurée :

Elle continue à participer aux courses de racer 500 en Angleterre toujours aux mains de Simon Frost, Gilbert Lenoir se consacrant au challenge Lurani de la Formule Junior avec son Elva dont je vous avais raconté l’histoire dans mon article « Formule Junior : Elva ou DB ? ».

Désormais, la Térigi fait partie des paddocks anglais où elle s’exprime avec beaucoup de qualités, mais aussi au talent de son pilote Simon Frost.

Charly RAMPAL (Photos : Gilbert Lenoir et ma docuthèque)

Rappel : pour agrandir les photos, cliquez dessus, pour revenir au texte, cliquez sur la flèche du retour en haut et à gauche.