S’il y avait eu en 1950 le Trophée élisant LA voiture de l’année, c’est sans conteste que la Dyna X aurait été élue.

Sur le plan sportif, on verra à la fin de cet article, que cette voiture, fraichement sortie des chaines de la Porte d’Ivry, apporta à Panhard un monceau de lauriers et redonna le gout à la compétition à la doyenne française.
Sans compter la déclinaison de nombreux dérivés utilisant dans des pourcentages divers, les éléments de sa conception.

Les témoignages des propriétaires de l’époque qui avaient dit « oui » à une voiture d’avant-garde, furent nombreux avec tous les risques que cela comportaient.

Car la voiture a beau être de qualité, de nombreux « à-côtés » peuvent venir agacer le rêve qu’on s’est offert.

Ces « à-côtés » dépendent souvent des fabricants d’accessoires (appelés aujourd’hui « sous-traitants »), mais le constructeur de voitures se doit cependant de bien choisir ces derniers et d’apporter aussi à la finition de son modèle, au confort de celui-ci et au service commercial de son usine, la plus grande attention.

En ce qui concerne la Dyna X, il semble que de très grands efforts aient été faits en ce début d’année 1950 et il faut se féliciter, car n’oublions pas que Panhard est parti de la construction artisanale qui avait fait sa réputation depuis le début du 20ème siècle, a pu, dans les années difficiles d’après-guerre, passer d’un coup à la grande série et fabriquer une voiture absolument révolutionnaire : par son moteur sans eau ni régule, à régime élevé, grâce à un embiellage breveté, par son châssis dont la tenue de route et la précision de la direction sont si appréciées, par sa carrosserie en métal léger, première réalisation en grande série, alors qu’aujourd’hui les constructeurs redécouvrent les bienfaits de l’aluminium et les vante à grand renfort de publicité et de notes salées : on trouve cela chic et de qualité suprême !

C’est donc là, un tour de force industriel qui ne s’est pas fait sans les obligatoires tâtonnements du début.
D’où certaines critiques qui ont été reçues Porte d’Ivry, mais dont la majorité s’applique surtout aux premiers modèles.

Par contre, il faut constater qu’au fur et à mesure de l’accroissement de la série, la mise au point, et c’est normal, s’améliore sans cesse et que la maison avait fait les plus grands efforts pour corriger les défauts signales, lesquels d’ailleurs ne s’adressent pas aux organes essentiels du véhicule.

Aussi, peut-on affirmer très objectivement que les Dyna 3 et 4cv livrées à la fin de l’année 1950, bénéficient d’une finition et d’un confort nettement meilleur, lesquels s’ajoutant aux extraordinaires qualités de base du modèle, explique le succès croissant de ce dernier sur les marchés français et étrangers, ainsi que ses étonnantes performances dans les rallies et les compétitions.

Enfin, j’ajouterai qu’un effort particulier va être entrepris en 1951 pour que les services commerciaux de la Maison Panhard assurent le meilleur service possible.
Sauf de très rares exceptions, nombreux propriétaires de l’époque sont unanimes à reconnaître les grandes qualités mécaniques de la Dyna X .

Dans ce domaine, les appréciations flatteuses portent surtout sur le moteur dont chacun loue la technique très poussée, due au génie de Louis Delagarde, mais avec un rendement étonnant, doublé de la robustesse, la puissance, la nervosité, l’aptitude à grimper les côtes et jusqu’à la souplesse… rappelez-vous que nous sommes en 1950.

TEMOIGNAGES

• « Pas de surprises désagréables à redouter au point de vue mécanique » reconnaît M. Voss de Clamart.
• « Tient facilement le 90 et ne chauffe pas au Maroc en plein été » affirme M. Lespinasse de Fez.
• « Enfin, pas de radiateur ! et c’est vraiment quelque chose » constate Melle Richard.

Et M. Veron de Pannecé de conclure : « j’ai pu l’an dernier avec ma Dyna chargée à plein (4 personnes et bagages) faire une randonnée de plus de 4.000 km dans les Alpes françaises, Suisses et Italiennes.
Le petit moteur de 610 cm3 a tiré vraiment très facilement sa charge dans les cols les plus durs et tout ceci avec une consommation d’environ 6 litres aux 100 km ».

L’unanimité se fait également sur la tenue de route de la voiture, parfaite sur tous les sols, qualifiée de « merveilleuse » par M. Collet de Dijon, « d’extraordinaire » par M. Wasner de Charquemont et que le docteur Mirbeau de Bagnolet estime supérieur à celle de la 11cv Citroën.
C’est vrai, que d’être monté aux côté de mon ami JP Allain qui connaissait les Dyna X par cœur sur les quelles étaient greffés de « gros » moteurs, c’était quelque chose sur les routes aux alentours d’Erquy ! (message personnel).

Enfin, tous sont d’accord sur :
• L’excellente suspension qui permet de longues randonnées sans fatigues
• La direction douce et précise.
• Le freinage très sûr.
• La grande maniabilité.
• L’habitat intérieur « qui bénéficie de 4 vraies places » écrit M ? Potel de Grasse.
• Le grand volume du coffre arrière, etc…

Et pour mieux résumer les opinions, voici quatre appréciations qui situent bien le point de vue général sur la Dyna X.

La première émane de M. Trapenal de Coulommiers, qui a fait 25.000 km depuis juillet 1950 avec une Dyna 4cv et qui écrit : « je ne suis allé qu’une fois au mécanicien : changement des amortisseurs à 15.000 km. J’avoue en outre, conduire très vite et brutalement ». Et d’ajouter : « c’est une voiture contre-indiquée aux pères tranquilles. »

La deuxième est donnée par M. Tousseau de Toulouse, qui, après avoir exprimé sa satisfaction d’une première Dyna 3cv avec laquelle il a fait 47.000 km « sans jamais avoir ouvert le moteur », ajoute : « la nouvelle Dyna 120 que j’utilise actuellement depuis bientôt un mois et qui a 3.000 km ; parait étourdissante au point de vue rendement et vitesse.
La troisième du docteur Lauquin, qui, après avoir énuméré les qualités de ce modèle, conclut : « en somme, très bonne petite voiture rendant les mêmes services qu’une plus puissante, avec moins de frais d’entretien, d’assurance, etc… cela compense son prix d’achat élevé. »

La quatrième enfin, émane de M. Coste industriel à Lacauche : « Toutes les voitures françaises ont leurs qualités, certaines en ont même de grandes, très appréciables et séduisantes. Mais, à mon avis, aucune dans sa catégorie, ne présente mieux que la Dyna cette harmonie dans la satisfaction à toutes les exigences, ce judicieux équilibre de conciliation entre les principales qualités requises d’une automobile en France : l’économie, le confort, la sécurité, la rapidité et l’agrément d’utilisation. »

QUELQUES DEFAUTS CEPENDANT

Mais si les qualités mécaniques de la voiture sont unanimement reconnues, les critiques viennent principalement des « à-côtés » évoqués au début.
Et c’est ainsi qu’en feuilletant les témoignages de l’époque, certains se plaignent sur :

• Le manque de fiabilité de certains détails
• La peinture qui s’écaille
• Tissu de qualité moyenne
• Mise au point pas toujours parfaite
• Boite de vitesses bruyante et 2ème ainsi que marche AR quelquefois difficile à passer.
• Amortisseurs AR fragiles
• Tendance du moteur aux cliquetis
• Absence de graisseurs aux roulements des roues AV
• Conduits d’amission trop longs, ce qui fait givrer le carburateur par temps très froid
• Glaces coulissantes peu pratiques
• Tuyau d’échappement souvent mal fixé
• Manque de manivelle
• Bouchon de vidange peu accessible
• Mauvaise fermeture du capot
• Pare-chocs et leurs supports trop fragiles
• Enjoliveurs trop volumineux (frottent sur le trottoir)
• Enfin, pièces de rechanges parfois longues à obtenir

Autres dysfonctionnements au niveau du manque d’étanchéité de la carrosserie, aussi bien par-dessous que par les ouvertures des portières et du pare-brise.

Peu à peu Panhard corrigera ces imperfections, même s’il est impossible, dans une production à la chaine, de procéder instantanément à la correction des erreurs.
C’est à la longue seulement que peuvent intervenir les améliorations de détails désirables.

Il faut surtout en tenir compte dans le cahier des charges du modèle suivant : c’est ce que fera Panhard en présentant sa Dyna Z.

LA DYNA ET LA COMPETITION EN 1950

Les énormes qualités de base de la Dyna X vont sauter aux yeux des sportifs qui verront en elle un outil performant pour exprimer tout leur talent de pilote surtout de rallye.
La Dyna X en effet, semble taillée pour la route plus que pour les circuits.

BALAYAGE RAPIDE DU PALMARES 1950

• Rallye de Monte-Carlo :

• 2 berlines X85 se classent en tête de la catégorie 750 = Vanderheijden/Langestraat

• et Lapchin/Plantivaux.

• Rallye de Suède : 2 berlines 3cv se classent aux deux premières places de leur catégorie.
• Rallye de Laigle : Deux berlines X86 se classent en tête de la catégorie 750 = Meignen et Bolleau.
• Rallye de Lisbonne : Deux berlines X86 se classent en tête de la catégorie 750 = Grosgogeat et Da Silva.
• Rallye de l’Atlas marocain : Une Dyna remporte sa catégorie et se classe 3ème au général.
• Course de vitesse de Draguignan : une berline remporte sa catégorie = Baboin.
• Rallye d’Auvergne : Quatre Dyna se classent en tête de leur catégorie. La meilleure classée est seconde au général.
• 24 Heures du Mans : pas de victoire, mais participation des Belges Eggen et Escale, qui termineront 29ème.

• Rallye International des Alpes : Six Dyna se classent aux six premières places de leur catégorie. Sur sept non pénalisées, 6 sont des Dyna. Les quatre premières classées sont = Signorety/Guibourdenche,

• Lapchin/Plantivaux, Burger/Sijtthoff, M. et Mme Ambert.
• Rallye Evian-Mt Blanc. : une Dyna X86 remporte sa catégorie = Bel/Josserand.
• Rallye de l’Iseran : Deux Dyna remporte le général = M. et Mme Roquefort et Guilhaudin.
• Grand Prix des voitures de série à Francorchamps (Belgique) : une berline Dyna X86 remporte sa catégorie et l’indice de performance = Paul Frère.
• Rallye d’Interlaken (Suisse) : Trois Dyna remporte les trois premières place de leur catégorie.
• Tour du Portugal : Une Dyna X86 remporte sa catégorie = Simon/KNudsen.
• Liège – Rome – Liège : participation à ce célèbre rallye : deux Dyna X = une berline pilotée par Mazalon/Pissot

Et un cabriolet piloté par Groenhart/Kokkes qui se classera 22ème au général.

Charly RAMPAL Photos : Archives Panhard

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