MOTUL A L’AVANT-GARDE DE LA LUBRIFICATION

MOTUL, comme ELF ou Total, a toujours été lié au sport automobile, mais le petit plus de cette marque est lié à notre adolescence avec la Century 2100, huile semi-synthèse, mise sur le marché en 1966 et qui remplaçait avantageusement la fameuse et odorante huile de ricin.

Mais comment cette entrepris est née, il y a plus de 155 ans ? C’est encore une fois, l’historique qui est au coeur du Panhard-Racing-Team : connaître le passé pour mieux comprendre l’avenir.

Quand Willian T. De Forest se lance dans le commerce d’huile de cachalot, en 1853 à New York, il n’imagine pas que son meilleur vendeur, Charles N. Finch, sera quelques années plus tard l’un des fondateurs de « Swan and Finch Oil Corporation ». Une société qui fera sa renommée grâce à l’élaboration de lubrifiants de haute qualité et dont la marque phare, spécialisée dans les huiles pour moteurs à explosion, est à l’origine de Motul.

Le premier salon américain, le « World’s Fair », ouvre ses portes le 14 juillet de la même année, au Crystal Palace. La « New York Industrial Exposition » offre aux industriels américains et européens, l’occasion de faire étalage des derniers progrès réalisés de part et d’autre de l’Atlantique.
En ce milieu du XIXème siècle, le développement de la machine à vapeur décuple les moyens des principales industries et du transport : l’ère de la production mécanisée de masse débute.

La conception de machines de plus en plus sophistiquées entraîne de nouvelles difficultés : les frictions et l’énergie indispensable pour produire un mouvement nécessitent désormais, la lubrification des rouages. Il y a 157 ans, très peu de sociétés sont spécialisées dans l’élaboration et la commercialisation de lubrifiants. Leur rôle va pourtant s’avérer capital pour le progrès industriel. Jusqu’alors, les huiles sont exclusivement d’origine végétale ou animale : l’huile de Castor pour les machines légères, l’huile de baleine pour l’industrie textile, les graisses animales pour les roulements ouverts, l’huile de lin, de coton, de poisson ou d’olive pour les tanneries ou le tissage.

William T. de Forest saisit là une opportunité qui lui permet de faire croitre rapidement son entreprise qui change plusieurs fois de nom au gré de l’arrivée de nouveaux associés : Mayhew And De Forest en 1853, puis De Forest and Francis en 1860.

En 1859, une autre scène de la révolution industrielle se joue à Titusville, en Pennsylvanie : le colonel Edward L. Drake fore son premier puits de pétrole. Célèbre encore aujourd’hui pour son importante production de pétrole et de gaz naturel, l’Etat de Pennsylvanie abrite « Oil city », la ville des pionniers de l’Or noir.

Pourtant connu, dès le néolithique par les indiens d’Amérique, le pétrole n’entre dans la paysage économique qu’en cette fin du XIXeme siècle et il faudra encore quelques années pour qu’il soit utilisé comme lubrifiant.

Avec la diversification des types de moteurs, les moyens de production et les besoins énergétiques croissent rapidement. De nouvelles sources d’énergie font leur apparition : pétrole, électricité. L’industrialisation poursuit son essor avec des équipements de plus en plus sophistiqués nécessitant des lubrifiants élaborés.

C’est à ce moment que Charles N. Finch, qui a fait exploser le chiffre d’affaire de « De Forest and Francis » entre 1864 et 1868, prend le contrôle de l’entreprise qui devient la « Finch Company ».

En 1872, il s’associe avec Alden Swan et créent « Swan and Finch » qui devient très vite un label de qualité. Très concernés par le progrès, ils se lancent dans la recherche de nouveaux produits et acquièrent une réputation de spécialistes dans le domaine des lubrifiants au niveau national.

En 1884, ils achètent une nouvelle usine et lancent la marque « Atlas ».
A cette époque, le pétrole est de plus en plus sérieusement pris en considération comme combustible et comme lubrifiant. Avec lui, se développe l’industrie automobile. « Swan and Finch » est alors une des premières sociétés de lubrifiants à relever le défi avec un esprit pionnier et un seul mot d’ordre : ne fabriquer que des huiles de haute qualité !

C’est cette implication dans l’industrie automobile qui donnera naissance à la marque Motul, contraction de Motor oil.

Régulièrement sollicité pour résoudre des problèmes de lubrification de plus en plus complexes, Swan and Finch développent un département « Recherche et Développement ». C’est le début d’un collaboration au service de nombreux prototypes comme l’Argonaute, le premier sous-marin dessiné par Simon Lake en 1897, dont les moteurs Diésel sont lubrifiés par les produits « Swan and Finch ».

A la mort de Charles Finch en 1907, la société connu d’autres Président et fusionne avec d’autres entreprises pour avoir une dimension internationale.

La mécanisation de l’agriculture s’opère à son tour au début du XXème siècle. Les années 1920 sonnent le glas du cheval, remplacé par le tracteur.
Rapidement, les problèmes de maintenance entravent son expansion : faible disponibilité des pièces détachées, absence de main-d’œuvre spécialisée, conditions climatiques et terrains accidentés exigeant une lubrification spécifique plus adaptée que les produits standards alors disponibles.

« Swan and Finch » étudie attentivement la question et ouvre la 1er janvier 1933 à Chicago, la Tractor Division qui commercialise une gamme de lubrifiants pour le matériel agricole sous la marque MOTUL.
Ses produits sont largement plus performants que ceux existants, aussi « Swan and Finch » décide de partir à la conquête du vieux continent.

C’est ainsi que leurs produits (huile et graisses) sont exportés dans leurs emballage d’origine : Fûts de bois, tonnelets ou bidons de quelques gallon, tous scellés.

Leur dynamisme est de tous les instants : Motul développe par exemple, dès avant la seconde guerre mondiale, une gamme de produits spécifiquement adaptés aux deux roues ! Les progrès réalisés dans la fabrication sont exceptionnels. Mais c’est durant la deuxième guerre mondiale que les ingénieurs et les chimistes se surpassent afin d’apporter aux Etats-Unis toute l’aide nécessaire au bon fonctionnement du matériel des armées.

Le fondateur de « Suopra Penn » disparaît en 1947. Son fils, Ernst Zaugg Sr., second du nom, devient Président et en fait une des premières sociétés françaises indépendantes du lubrifiant.

Le réseau Motul est déjà très dense. Partout en France, le long des routes, sur les boulevards parisiens et dans tous les endroits stratégiques des artères principales des grandes villes, on peut voir de larges panneaux publicitaires peints aux couleurs Motul.

Le réseau des revendeurs compte près de 15.000 points de vente et la marque soigne son image en s’impliquant dans les épreuves de sports mécanique. Une préoccupation qui contribuera largement à la notoriété de Motul et qui reste encore aujourd’hui une constante dans l’entreprise.

En 1953, le centenaire de « Swan and Finch » est célébré par le lancement de la Motul Century, la première huile vraiment multigrade sur le marché européen, industrialisée en France dans la nouvelle unité de production de Bobigny.

En 1957, prise dans une tornade financière, la société américaine est contrainte de mettre un terme à ses activités. Au terme d’une bataille juridique de plusieurs années à New York, « Supra Penn » obtient le titre de propriété de la marque et de ses brevets dans le monde entier et se transforme, le 30 avril 1958, en société anonyme qui prend pour nom sa marque de fabrique : MOTUL.

Fidèle à la stratégie qui lui a permis de croitre sur le marché français, Ernst Zaugg Sr. poursuit le développement de l’entreprise en respectant ses fondamentaux : des produits haut de gamme bénéficiant des dernières innovations technologiques, une attention permanente à l’image de marque : MOTUL dispose très rapidement d’un logo distinctif et une implication active en compétition.

L’automobile du début des années 1960 se démocratise à toute allure et la puissance des moteurs fait un bond impressionnant. Autant d’arguments qui confortent Motul dans sa stratégie.

1966 : la Century 2100 apparaît sur le marché. Il s’agit du premier lubrifiant semi-synthétique qui possède tous les avantages de l’huile de ricin, sans ses contraintes : coût, oxydation, apparition de dépôts et de vernis… Un produit qui fait le bonheur des ingénieurs compétition puisqu’il supporte des contraintes et des efforts mécaniques dix fois supérieurs, sans les inconvénients ! Pour Motul, c’est la première démonstration de cette place à part dans l’industrie, cette fameuse « culture de la différence ».

Dès lors, Motul s’implique dans toutes les compétitions de monoplaces : Formule France, Formule Renault, avec Jean Max, Denis Dayan. En F2 avec Clay Regazzoni, puis Tecno-Motul avec François Cevert.

En 1971, Motul crée l’évènement en introduisant sur le marché le premier lubrifiant 100% synthèse jamais conçu pour l’automobile : la fameuse Century 300V., élaborée à base d’esters d’origine végétale et faisant appel à la technologie aéronautique.

Dès lors, ses succès en compétition ne se comptent plus : la liste des victoires en Formule 1 et sport prototype est impressionnante.

Grace à une innovation permanente, sa réputation est balisée de ses différents produits :

Aujourd’hui, c’est avec la moto encore plus exigeante par ses tours moteurs que Motul assoie définitivement sa réputation sans oublier la lubrification de toutes les machines outils…. Mais ceci est une autre histoire. Vivement demain…

Charly RAMPAL (Documentation MOTUL)