LES GRANDS PRIX DE CAEN

1952

La reconstruction de Caen et l’aménagement des boulevards périphériques de grande largeur devaient inévitablement faire penser à un circuit automobile éventuel.
C’était chose faite le 27 juillet 1952. Le circuit de la Prairie était né, grâce à l’effort de M. Guillou, maire de Caen, épaulé par l’organisation centrale du Mans et le bureau local de l’A.C.O..

Ce jour là, plusieurs épreuves se déroulèrent, elles devaient commencer par des courses de voitures de tourisme « améliorées ».
Le première épreuve restera dans toutes les mémoires par le duel qui opposa Salvi et sa Fiat 1.100 et Jean-Claude Vidilles sur sa 4cv Renault. Le spectacle rare, duel roue contre roue, que la disposition du circuit permit de suivre sans jamais quitter les voitures des yeux, vit la victoire « d’une roue » de Salvi, sur Vidilles.

Deux autres épreuves virent en 2 litres la victoire de Lecoutey sur BMW devant Pigne sur 203 et, en forte cylindrée, celle de Marchand sur Ferrari devant Roboly et Simone sur Jaguar.
Puis ce fuit le départ du Grand Prix devant un public nombreux réparti sur les 80 hectares du circuit.

Dès le départ, Trintignant et Behra, sur Gordini, font cavalier seul, Rosier sur Ferrari sur Ferrari est troisième.
Harry Schell, longtemps quatrième, doit abandonner suivi de Giraud Caban, puis de Balsa, dont la BMW a des ennuis d’allumage. On remarque l’excellent début de Pollet, sur 1.500 Gordini.

A mi-course la moyenne est de 134 pour les deux premiers qui ont maintenant 1 mn d’avance sur Rosier ! La course se termine dans cet ordre, bien que Behra ait été obligé de ralentir sur la fin à cause d’une bougie encrassée.
Trintignant, vainqueur, réalise 1345,09 km/h de moyenne.

1953

Renonçant à une épreuve de vitesse pure, Caen, avait prévu pour 1953 une épreuve avec handicap, pour des voitures correspondant aux spécifications exigées au Mans.
En fait, le circuit de la Prairie devait retrouver le 26 juillet tous les fidèles du circuit de la Sarthe avec Panhard, DB, Talbot, Porsche, OSCA, Gordini, etc…
La formule du handicap faisait partir les plus petites voitures à l’heure 0, la plus forte, la Talbot de Levegh, partant 30mn 14s plus tard. L’OSCA était créditée de 10 mn et la deuxième Gordini de 22 mn.

86 tours de circuit, soir 303 km, étaient prévus.
La première partie de l’épreuve se passe normalement, mais à mi-course la pluie survient qui fausse les données en renforçant le handicap des fortes voitures parties plus tard.
Chancel devait terminer vainqueur en coiffant René Bonnet et sa DB dans l’avant dernier tour. Mières et sa Gordini devait faire une course remarquable et Levegh, trahi par ses freins devait abandonner.

Avant cette épreuve, les spectateurs avaient pu voir une course de motos 500 cm3.

Deux courses de voitures ont eu lieu aussi, dont les vainqueurs furent Cornet sur DB et Barthe sur Simca.

1954

Le 25 juillet 1954, après une course de motos 500 cm3, deux manches de courses de Monomill eurent lieu sous forme de démonstration,

Puis, le départ est donné d’une course de Formule 1 qui opposait 3 Gordini, 3 Masérati et 3 Ferrari sur une distance de 212 km.
En première ligne : Trintignant surv Ferrari, Moss sur Masérati et Behra sur Gordini.
Schell a des ennuis dès le début et au premier tour Moss, Trintignant et Behra passent en paquet.

Premier coup de théâtre : Behra, qui porte tous les espoirs, dérape sur une tâche d’huile, abandonne et revient au stand pour relever Berger sur une autre Gordini.
Peu de temps après, Manzon abandonne.

A mi-course, la moyenne est de 145 km/h et deux hommes seulement, Moss et Trintignant, sont dans le même tour.

Behra remonte et se place troisième, devant Bira et Rosier.
Au quarantième tour, Moss a 7 secondes d’avance sur Trintignant, qui remonte doucement et déclenche un duel splendide qui devait faire de ce GP de Caen une course inoubliable.
Irrésistiblement Trintignant passe Moss, mais au tour suivant c’est à nouveau Moss en tête. Trois tours avant la fin, Trintignant est en tête et il, passera la, ligne d’arrivée avec à peine 100 mètres d’avance sur Moss. Il aura réalisé 142,477 km/h de moyenne.

1956

Annulé en 1955, le Grand Prix de Caen devait se rejouer le 5 août 1956.
Le soleil, hélas ! n’était pas au rendez-vous et les 13 voitures qui prirent le départ, devaient connaître les effets d’un sol détrempé. Dérapages, tête à queue, compliqués d’incidents mécaniques, devaient transformer la course en coups de théatre.

Harry Schell, que la pluie ne semblait guère inquiéter, s’installa à la première place à mi-course, après l’arrêt de Salvadori. Harry Schell et sa Masérati terminent donc vainquers à 129,3 km/h de moyenne.

Avant ce GP, une course de voitures spéciales qui donnèrent la victoire à Blanchet et sa Panhard 700 cm3.

Aujourd’hui, le ville de Caen tente de faire revivre cette époque passée en présentant chaque année un concours d’élégance à son Retro Festival sur l’Hippodrome.
C’est ainsi qu’on a pu voir le très beau DB de Jacques Grelley sur le circuit en 2009.

1957

Pour cette dernière édition, le panhardistes attendaient la revanche de DB contre Monopole, battu à Reims, René Bonnet a utilisé toutes les ressources du règlement (un peu comme en F1 de nos jours), pour venir à bout des Monopoles autrement qu’avec des coachs qu’il savait battu d’avance.
Aussi eut-il la malice d’utiliser sa barquette du Mans et pour le rendre conforme au règlement GT, il fit greffer un toit en polyester issu du moule de coach, fixé par une simple cornière en alu qui ne sera visible que pour cette épreuve.

La première ligne de cette épreuve annonçait déjà les rivalités : la Monopole de Chancel côtoyait la DB de Jean-Claude de Vidilles !

Ce combat des GT de moins de 1.000 cc avait lieu en levée de rideau de la course des F1 remportée par Jean Berha.

A l’arrivée, René Bonnet tenait sa revanche lorsque Vidilles passa sous le drapeau à damier avec 16 secondes d’avance sur son rival.

Bien entendu l’Ecurie Monopole déposa une réclamation en considérant que Bonnet avait triché.
Mais Bonnet s’appuyant sur la réglementation démontra que cette fameuse barquette était bien réalisée sur un châssis de coach !

En effet , Bonnet ne construisait plus pour ces courses spéciales de châssis hors série, mais qu’il utilise les châssis de ses coachs de série réalisés à 200 exemplaires, pour un habillage spécial.
On joue sur les mots bien entendu. Car étant donné qu’il n’existe que 3 exemplaires de cette barquette du Mans, elle ne pouvait prétendre qu’à une homologation en Sport.

Mais à partir du moment où cette voiture renonce à une carrosserie ouverte pour revenir à une carrosserie fermée, elle réintègre la catégorie Grand Tourisme, dont elle constitue un élément carrossé sur les bases de la série comme l’autorise le deuxième paragraphe de l’article 270 de l’annexe « J ».

Fermer le ban… Bien joué René !

Charly RAMPAL D'après les documents journalistes de l'époque

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