LA DYNA X A BOITE AUTOMATIQUE « ROBOT »
Comme annoncé dans mon article « POINT PANHARD AU SALON DE 1951 », était présentée quelques jours avant l’ouverture et pour la première fois sur une voiture française, une boite entièrement automatique.
Associé à la boite Kreis (devenue Robot chez Panhard), le bi-cylindre ne change pas beaucoup d’aspect à l’exception de la partie cylindrique importante qui apparaît à l’arrière du moteur et devant la boite automatique.
Cette nouvelle transmission devait être adopter pour les Dyna, à partir d’une licence prise en Allemagne.
Elle comporte trois vitesses dont la commande entièrement automatique dépend de la position de l’accélérateur et de l’allure du véhicule.
Chez Panhard, on a amélioré le dispositif en complétant les trois vitesses automatiques par un rapport supplémentaire pour le démarrage en côte.
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT : EXTRAIT DE LA BROCHURE PANHARD
Ce mécanisme, licence Kreis, utilise uniquement, de la façon la plus judicieuse, les effets de la force centrifuge et des mouvements relatifs dus aux variations de couple de l’arbre moteur et des arbres de transmission.
Les engrenages des différentes vitesses sont toujours en prise et certains d’entre eux sont en roue libre de façon à permettre la rotation simultanée des engrenages qui, sans cette disposition, ne pourraient évidemment pas tourner.
Lorsque le moteur est en marche au ralenti, il ne se produit aucun entrainement, mais dès que sa vitesse augmente, un ensemble de masselottes, agissant par des billes et des plateaux sur des disques se déplaçant latéralement, assure le fonctionnement successif de trois embrayages.
Ces embrayages entraînent successivement trois arbres concentriques :
- Arbre creux extérieur de deuxième
- Arbre creux médian de troisième
- Arbre plein central de quatrième.
Les masselottes sont réglées de façon à ce que les embrayages successifs se produisent à des vitesses de moteur différentes de telle façon qu’il n’y ait pas simultanéité d’embrayage.
D’autre part, un dispositif très ingénieux de masselottes antagonistes de contrôle, permet de ne libérer progressivement les masselottes d’embrayage qu’au moment le plus favorable à un embrayage correct et sans broutement.
QUELQUES UNS DES AUTRES AVANTAGES DE LA BOITE PANHARD « ROBOT »
Le fait d’être entièrement mécanique confère à cette boite une incontestable supériorité, notamment en ce qui concerne le fonctionnement et la réparation qui, éventuellement, pourra être effectuée par n’importe quel mécanicien.
Les changements de vitesses prématurés étant une cause d’usure et les changements de vitesses tardifs une cause de consommation d’essence exagérée, on conçoit que le changement de vitesse automatique, qui toujours s’opère au moment opportun, soit un facteur d’économie très appréciable.
La roue libre, d’autre part, économise également l’essence et la mécanique.
Les invalides, amputés d’un bras ou d’une jambe, peuvent de nouveau conduire en toute sécurité.
Les engrenages travaillent dans les meilleures conditions.
Les démarrages brutaux, qui usent les pneus, sont impossibles.
Les risques d’accidents sont sensiblement réduits avec les boites automatiques, à telle enseigne qu’aux Etats-Unis les compagnies d’assurance accordent, des dégrèvements aux voitures munies de ces perfectionnements.
Cette même brochure Panhard donne les impressions du conducteur à son volant :
J’ai pris place au volant. A mes pieds, deux pédales seulement : celle de l’accélérateur et celle du frein car la pédale d’embrayage n’existe plus.
Au tableau, un levier très accessible, pouvant prendre cinq positions :
- Point mort
- Marche avant
- Marche arrière
- Frein moteur
- Première basse
La position normale de ve levier, à l’arrêt » et le point mort.
Je place le levier sur « marche avant », je mets le contact et j’actionne le démarreur, opérations communes à toutes les voitures. Le moteur tourne au ralenti, je suis prêt à partir.
Pour démarrer, il suffit d’accélérer : la voiture se met immédiatement en marche et, selon que j’accélère plus ou moins, j’obtiens un démarrage rapide ou lent, mais toujours sans aucun à-coup.
Je roule sur la route qui conduit à la montagne où mon essai se poursuivra.
Les deux mains sur le volant, le pied gauche au repos absolu, les yeux surveillant la route, j’accélère jusqu’à 130 à l’heure.
Les changements de vitesse successifs ont lieu aux moments opportuns, automatiquement et sans bruit, je les distingue à peine.
A l’approche d’un passage à niveau fermé, je relève le pied de l’accélérateur et les vitesses redescendent, comme elles sont montées, automatiquement et sans bruit.
Je repars avec ce même geste unique du pied droit appuyant sur l’accélérateur.
A mi-côte, la boite se met en troisième, à l’endroit précis du virage où j’aurais pris moi-même cette vitesse.
Une voiture roule à vive allure devant moi : me laisser-t-elle passer ? Non, semble-t-il, et nous nous trouvons bientôt côte à côte.
Cette position ne peut se prolonger sans danger. Que faire ? Je puis lever le pied de l’accélérateur pour y reprendre ma droite, derrière la voiture, mais je préfère appuyer à fond sur l’accélérateur car ce geste, avec la boite Robot, met en prise instantanément et automatiquement le vitesse inférieure… ce qui me permet un dépassement rapide.
Le conducteur de la voiture dépassée a certainement tenté, lui aussi, de rétrograder de vitesse, mais, n’ayant pas la boite Robot, il a perdu quelques secondes pour effectuer les manœuvres classiques : saisir le levier de changement de vitesse, débrayer, passer la vitesse inférieure, embrayer…
Sa main droite a dû nécessairement abandonner la direction, geste imprudent en pareil cas. Quant à moi, je suis resté les deux mains sur le volant.
Voici, pendant de nombreux kilomètres, la pente douce du plateau. Le paysage est beau, je ne suis pas pressé.
C’est bien le moment d’apprécier les agréments de la roue libre qui, par surcroit, procure une économie d’essence et repose la mécanique.
Avec la boite Robot on roule normalement en roue libre jusqu’à la troisième exclusivement, c’est-à-dire de 0 à 75 km/h.
Il me suffit d’accélérer le moteur au régime correspondant à la troisième, laquelle passe alors automatiquement, et de conserver une vitesse égale ou inférieure à 75 km/h.
Voulant utiliser le moteur comme frein, deux solutions me sont offertes : – Si je désire utiliser ce frein moteur avec la quatrième, je n’ai aucune manœuvre à opérer : le frein moteur agit d’office.
- Si je désire utiliser le frein à une vitesse inférieure, j’accélère légèrement et je place le levier sur la position « frein moteur ».
Sur une côte, en bordure du précipice, je m’arrête et descends de voiture, sans mettre le frein.
Cela est normal avec la boite Robot qui comporte un ingénieux système de blocage automatique, d’une sécurité absolue, empêchant la voiture de reculer quelle que soit la pente.
Mon départ sur cette côte très dure et dangereuse s’opère paisiblement en appuyant sur l’accélérateur, comme si j’étais en palier et sans que j’aie à effectuer aucune des manœuvres classiques qui sont la terreur des candidats au permis de conduire et des débutants.
Je veux, sur cette même route étroite et dangereuse faire demi-tour. Cette opération s’effectue de la façon la plus simple et toujours avec la plus absolue sécurité en me servant des positions du levier « marche-avant » et « marche-arrière ».
Si j’avais devant moi un très mauvais terrain : par exemple la boue ou du sable d’une piste coloniale, la neige épaisse ou la côte abrupte d’un chemin de montagne, je franchirais ces obstacles an plaçant mon levier à la position « première-basse ».
Cette boite Robot qui, ainsi que nous venons de le constater, agit automatiquement sans jamais se tromper, peut cependant se soumettre aux initiatives du conducteur si ce dernier le désire : elle n’impose pas sa volonté à qui veut, dans certains cas, conserver le commandement des vitesses.
Si par exemple, le conducteur désire, pour une raison quelconque, changer lui-même de vitesse sans attendre l’automaticité, il le pourra par un mouvement très simple : « relever le pied de l’accélérateur et l’abaisser ».
Il me reste à traverser la ville au retour en choisissant à dessein les rues à circulation intense.
J’y fais les constatations complémentaires suivantes :
- je peux rouler très lentement dans une file en avançant pour ainsi dire centimètre par centimètre et cela sans à-coup.
- Mes démarrages au feu vert et mes dégagements sont extrêmement rapides.
- J’apprécie la ville, plus encore que sur la route, la liberté d’esprit que donne la boite Robot. N’ayant pas à me préoccuper de ma mécanique, toute mon attention peut être concentrée sur la circulation.
Une fois encore, Panhard est arrivé trop tôt dans les innovations techniques et le projet fut abandonné en 1953 à cause d’une mise au point plus laborieuse que prévu.
Si l’on en croit Etienne De Valance qui l’avait conduite assez souvent pour des mises au point, il arrivait que la boite passe directement de 3me en marche AR au lieu d’accrocher la 4ème : je vous laisse imaginer les conséquences !
Charly RAMPAL ( D’après la documentation Panhard en ma possession)