106 engagés, mais seulement 29 rescapés à l’issu de la boucle 5.549 km dont 1.204 de classement, ce Tour Auto de 1959 restera comme l’un des plus meurtriers.

Comme l’an passé, les Ferrari 250 GT dominent le classement Scratch en GT, tandis que les Jaguar MK2 allaient entamer une longue domination. Derrière on trouvait en GT les inévitable Porsche et autres Triumph, mais pour nous français amoureux de la mécanique Panhard, c’est DB qui allait porter tous nos espoirs, comme Laureau et Guilhaudin.

En Tourisme par contre au milieu des terribles Alfa Giulietta et DKW , la France était représentée par des Dauphine, des 203, ID 19, P60 et nos fidèles Dyna Z1 qui allaient une fois encore démontrer toutes ses qualités sportive surtout aux mains de l’équipage Martin – Revel.

Le Tour de France entame là une année de forte dotation ce qui oblige une préparation poussée et un niveau de pilotage voué à l’attaque permanente mettant constamment à mal le potentiel physique humain et les mécaniques souvent trop élaborées.

Ceci allait se confirmer au cours de l’étape Nice – Spa (1.532 km) où l’effectif perdait pas moins de 45 équipages !

Mais déjà les pronostics confirment la domination annoncée des dix Berlinettes Ferrari 250 GT avec en pole Gendebien qui devançait son compatriote et rival Mairesse.
En Tourisme, l’efficace Bernard Consten, égal à lui-même, prenait le commandement avec son Alfa-Roméo préparée aux petits oignons par Conrero, devant la lourde Jaguar de Da Silva.
Grande satisfaction pour nos couleurs, toutes les Panhard sont là dont le meilleur représentant, de Saint Auban, se classe 12ème,
Les conditions météorologiques furent en effet épouvantables dans la traversée des Alpes et Consten fait un festival devant Oreiller.

Après les Alpes, petite accalmie sur le circuit routier de Monthléry où les Porsche sont subitement accablées d’ennuies mécaniques de toutes sortes. Sur ce circuit, les Jaguar peuvent enfin exprimer toute leur puissance.

Nous voici donc à Spa-Francoprchamp qui accueille pour la première fois le Tour de France.

22 tours sont programmés soit 130 km qui seront fatals à Consten qui grille deux soupapes au 6ème tours !
En GT les Ferrari dominent. A l’indice, ça y est : Laureau domine très nettement sa catégorie par sa virtuosité et l’extraordinaire tenue de route de sa DB.

Maintenant, il faut se rendre à Rouen, sur le circuit des Essarts via Arras, Calais, Boulogne et Dieppe. C’est sur ce trajet que l’esprit chevaleresque de l’équipage DB, Armagnac –Justamond, les pousse à venir au secours d’un propriétaire d’une camionnette en feu !

196 km seront accomplis sur le circuit normand. Ce qui permet aux deux leaders en GT (Gendebien et Laureau) de consolider leur avance devant Guilhaudin –Rey tandis Hanrioud – Checchi s’accrochent avec leur HBR tout comme les bons samaritains :Armagnac - Justamond.

En Tourisme, les Jaguar dominent toujours. Consten a réparait, mais s’il arrive à temps au contrôle, il est désormais loin au classement. Nos Dyna Z1 continue à marcher fort avec Martin dans l’une et Lelong dans l’autre.

La 4ème épreuve se déroule au Mans avec seulement 51 voitures. Olivier Gendebien continue à caracoler en tête d’autant plus facilement que son adversaire direct Willy Mairesse éclate son pneu ARD à 250 km/h sur les Hunaudières !

Puis ce sera la 3ème étape : Le Mans / Pau à travers le col d’Aspin où Mairesse essaye de rattraper son retard en terminant avec le meilleur temps.
Pour clôturer cette étape, les concurrents ont droit à 30 tours du circuit de Pau sous une pluie diluvienne.
C’est là que la DB de nos brillants représentants à l’indice GT, Laureau – Jaeger, commence à perdre de la puissance et à percer son piston. Malgré une conduite prudent pour rentrer, le piston perce définitivement et ils doivent abandonner laissant leur première place à la DB dit « le monstre » de Guilhaudin – Rey.

Une autre DB tente de se faire remarquer en faisant un tonneau sans gravité pour ses occupants : Mendegris – Barbe.

C’est sur le circuit de Charade en Auvergne que les concurrents retrouvent le soleil et un accueil chaleureux !

Guilhaudin en course :

En GT la bagarre fait toujours rage et Gendebien s’impose de nouveau en établissant un nouveau record du tour et pique la deuxième place à l’indice à notre ami Armagnac bêtement tombé en panne d’essence sur le circuit !

Mais déjà, il s’était une belle chaleur du côté de St Girons en mettant son DB dans une position très inconfortable au bord d’un fossé ! Il ne du son salut qu’à l’arrivée des autres quatre DB pour le tirer de sa fâcheuse posture !

Avant le retour vers Nice, le redoutable géant de Provence attend les rescapés. Mais il n’aura aucune influence sur le classement.

Mais cette dernière nuit de liaison va être pénible et sélective. La veille la Dyna Z1 de Rainaut avait percuté la Jaguar de Whitehead.

C’est donc 29 voitures seulement qui arrivent à Nice, soit 13 GT et 16 Tourismes, valorisant encore plus les mérites non seulement des vainqueurs. mais aussi des rescapés !

Gendebien – Bianchi remportent l’épreuve pour la 3ème fois consécutive malgré une opposition de très haut niveau et au volant de voitures identiques.

En Tourisme, malgré la prestation haut de gamme des Alfa, elles durent baisser pavillon devant la puissance des Jaguar MK2 qui allaient dominer pendant les 5 années les Tours Auto suivants.

A l’indice GT Guilhaudin – Rey ont sauvé brillamment l’honneur de Panhard et de la construction française avec leur fabuleuse DB hors norme, imaginé par André lui-même.

Ce Tour Auto 59 restera un succès populaire et financier : les organisateurs seront pour la première fois bénéficiaires.

Un petit résumé en image…

Charly RAMPAL