Je vous avais raconté dans un article du 18 février 2011, l’inauguration du merveilleux circuit de Charade, près de Clermont-Ferrand et la première course de 3 heures. (Voir dans rubrique « Compétitions-Circuits » ou lien direct : Panhard Racing Team: CHARADE : INAUGURATION (panhard-racing-team.fr) Mais avant d’obtenir le label du « Nürburgring français », revenons sur Jean Auchatraire qui porta sur ses épaules la réalisation du projet et son fonctionnement.

Succès immédiat qui le porte au firmament du sport automobile.

Mais tout ne fut pas si simple. Heureusement, cet homme de caractère et de volonté a baigné dans le milieu automobile dès son plus jeune âge, ce qui lui a permis de passer bien des obstacles.

Il a été le premier président de l’Association sportive de l’Automobile Club d’Auvergne.

Il créa, crée le Rallye des villes d’eau, puis un circuit de vitesse, en 1955, à  proximité de l’aéroport.

Mais la catastrophe des 24 Heures du Mans, le 11 juin de la même année, conduit le gouvernement à  interdire les courses en ville. Jean Auchatraire travaille alors, avec Toto Roche et Louis Rosier, au tracé d’un circuit de montagne qui sera accepté par les hautes instances nationales : le Circuit de Charade, inauguré le 27 juillet 1958.

C’est grâce à Patrice Besqueut, directeur de l’Automobile Club d’Auvergne, que les propos de Jean Auchatraire ont pu nous être rapportés : ceux du samedi 26 juillet 1958, la veille du départ de la course des 3 Heures.

«  Au soir d’un important diner officiel réunissant les plus hautes personnalités régionales qui regroupait 60 personnes, j’entendais encore me dire : encore 24 heures et tu pourras respirer.

Auquel, je répondis : mais tu sais, pour ce qui me concerne, les choses sont pratiquement terminées, mondanités mises à part.

Ce sont maintenant tous mes amis qui vont avoir à se dépenser sans compter pour assurer les multiples tâches confiées.

J’avais parlé trop vite !,

Pendant cette brève conversation l’ascenseur qui nous avait conduit au 6ème étage où avait lieu la réception, une surprise m’attendait.

Deux ou trois officiels guettaient mon arrivée pour m’aviser que trois pilotes (parmi les ténors bien entendu) souhaitaient me voir pour m’aviser qu’ils ne pouvaient accepter les conditions financières (arrêtées cependant d’un commun accord) et qu’en conséquence, ils ne prendraient pas le départ le lendemain sauf révision de notre proposition.

Je dois avouer avoir connu alors, deux à trois minutes de panique.

Mes trois interlocuteurs qui se déclarèrent mandatés par leurs collègues pilotes, avaient pour nom : Nano Da Silva Ramos, Willy Mairesse et Gérard Laureau (mis je ne suis pas formel pour ce dernier).

Je ne tenterai pas de vous décrire, même en les résumant, les termes de notre entretien durant lequel la courtoisie ne constituait pas la note dominante.

Je me bornerai à vous dire que l’affrontement (le mot n’est pas trop fort) dura plus d’une heure, cependant que tous nos invités attendaient de passer à table.

J’étais dans un état d’énervement indescriptible que j’avais peine à dissimuler.

Je me souviens seulement avec assez de précision de la phrase finale qui fut la suivante : « Messieurs, il faut en finir. Votre démarche au moment même de cette réception est profondément inconvenante et j’attire bien votre attention sur la gravité de votre geste. Des accords sont intervenus entre nous. Vous entendez les remettre en question, cela vous regarde. Pour notre part, nous des risques énormes et nous ne reviendrons pas sur les accords passés. Tout au plus, demain soir, si la réussite est avec vous, pourrions-nous faire un geste ? C’est tout. Si vous maintenez votre décision de ne pas prendre le départ demain, alors qu’en effectuant aujourd’hui les essais, vous vous êtes totalement engagés, je vous donne ma parole que dans les heures qui suivront, j’adresserai un rapport à la Fédération en même temps qu’une demande de suspension de licence, pour tous les défaillants. Au revoir Messieurs ! »

Je dois dire que dans les minutes qui suivirent, deux ou trois officiels de la Fédération étaient présents, mais ne voulaient pas intervenir dans le débat, approuvèrent cette prise de position.

Je vous laisse imaginer ce que furent pour moi comme pout tous mes amis les heures qui suivirent.

Mais le lendemain à l’heure « H », tous les pilotes étaient au départ…

Pour clore la relation de ce grave incident, je me dois de dire que le lendemain, les trois interlocuteurs cités plus haut devaient me présenter leurs excuses. »

On était passé près du premier incident hors course.

Une course qui n’allait pas en manquer pour nos pilotes Panhard.

LES ACCIDENTS DE NOS PANHARD

Pourtant la journée avait bien commencé avec un temps magnifique. Un soleil radieux qui allait permettre de jouir pleinement d’un succès qui dépassait toutes les espérances.

Les organisateurs furent débordés par une foule joyeuse qui manifestait sa satisfaction. Les parkings étaient remplis de voitures des années cinquante jusqu’à nos Panhard mises en valeur sur cette photo.

Certains postes de billetterie, stock épuisé, avaient du procéder à la vente des souches !

La partie était gagnée… Mais au prix de quels efforts accomplis avec enthousiasme par une équipe motivée, passionnément attachée à la réussite de l’opération.

Il faut dire qu’en piste le spectacle était de toute beauté et les bagares à tous les niveaux dans chacune des catégories.

Des accidents spectaculaires mais sans gravité ont émaillé ces 3 heures de combat et deux Panhard en seront les actrices.

Tout d’abord, au 22ème tour, c’est Pierre Hémard de se retourner dans la descente avec sa Panhard X86, après avoir heurté le talus qui a joué le rôle de tremplin. Se plaignant de douleurs au bassin et saignant d’une oreille il est évacué par hélicoptère (une fracture de l’os iliaque sera diagnostiquée).

Puis ce sera au tour de Bartholoni qui marchait très fort : il fait un tonneau avec son DB au 34ème tour.

La voiture prend feu mais les commissaires interviennent rapidement pour sortir le pilote de la voiture avec seulement une blessure à l’épaule.

Puis la voiture sera remise sur ses roues pour en apprécier les dégâts.

La course a été extraordinaire aussi bien dans le classement scratch que dans les diverses classes : victoire de Laureau/Armagnac en classe 751 à 1.000, et de Jean Vinatier en classe 501 à 750 cc.

Mais c’est la démonstration d’Innes Ireland sur Lotus MK XI moins de 1300 cc qui se joua des Ferrari de plus de 2 litres ! De quoi partager les honneurs de radio France

Charly RAMPAL  (documentation Patrice Besqueut)