Après le prix du brut qui ne cesse de monter, la pollution et ses conséquences sur l’environnement font de nouveau remonter à la surface la traction électrique pour les automobiles.

Chaque constructeur a dans ses cartons et d’autres sur le terrain, un ou plusieurs véhicules susceptibles de rendre la vie de nos cités plus agréable.
Mais les intérêts de quelques monopoles repoussent encore une fois ceux des êtres humains.

Pourtant, c’est une longue histoire que celle de la propulsion électrique et de ses encombrantes et lourdes batteries.

La plus connue reste la « Jamais Contente » et son record de vitesse à une époque où cette technologie était à ses balbutiements.

Mais pour nous autres panhardistes, savez-vous que notre marque y participant plus ou moins directement.

Ainsi, notre célèbre Junior se prêta-t-il comme support à l’invention d’un ingénieur français : Henri ANDRE. Celui-ci réussit à mettre au point un nouvel accumulateur cinq fois plus léger, à capacité égale, que le classique accumulateur au plomb : nous étions en 1954 !

Ce sera le premier véhicule ayant roulé dans le monde avec une batterie argent/zinc André-Yardney. sa batterie sera en suite perfectionnée et commercialisée par la Compagnie YARDNEY, et brevetée dans le monde entier.

Rappelons que dans ce type de batterie le couple argent-zinc est utilisé pour réaliser des batteries primaires ou secondaires (rechargeables).
Dans les éléments pour batteries primaire, l’anode est constituée de zinc et la cathode d’oxyde d’argent. Dans les éléments pour batteries secondaires, l’anode est constituée d’oxyde de zinc et la cathode d’argent.
L’électrolyte est à base de potasse dans tous les cas. La tension du couple est 1,65 V.
Cette année là, donc, le titre de cette rubrique prévoyait déjà le tout électrique pour la propulsion du parc automobile dans les années 2000 !

L’invention d’Henri ANDRE réside dans la réalisation d’un accumulateur argent-zinc.

Voilà ce qu’on pouvait lire dans la Presse spécialisée de 1954 :

« Grace à ce dispositif, la première électro-auto à grand rayon d’action roule déjà en France : elle peut parcourir 400 km sans recharge ! Elle possède deux vitesses : route, 60 à 80 km et ville, 40 km/h.

Ses performances et sa puissance sont équivalents à celles de la 2cv. Sa recharge s’effectue en une nuit.

C’est donc une véritable révolution dans le domaine de l’automobile que pourrait amener la découverte d’Henri ANDRE.

Des problèmes qui paraissaient jusqu’alors insolubles (bruit, pollution de l’atmosphère des villes, pénurie d’essence) peuvent trouver leur solution.
Le prix de revient kilométrique de l’électro-auto serait de 2 francs environ.

L’accumulateur ANDRE est entièrement composé d’argent et de zinc, l’électrolyte est alcalin, c’est-à-dire qu’une substance est dite alcaline lorsqu’elle possède à un haut degré la faculté de s’associer à un acide pour produire un sel (c’est la fonction basique, contraire de la fonction acide).

L’inventeur affirme que la capacité de sa batterie est de 120 watts-Heure au kilogramme contre 25 à 30 pour les ensembles au plomb et au nickel.

Le rendement de la batterie serait de 85% ce qui correspond à celui d’un bon accumulateur.

Henri ANDRE n’est pas un inconnu dans les milieux scientifiques. Il ne possède pourtant aucune formation, aucun diplôme, mais il est obstiné, patient et curieux. Il déplace 90 kg, 1m90 et 100 tonnes de volonté !

Son laboratoire c’est sa cuisine, son assistante, sa jeune femme.

L’exploitation des brevets de ses nombreuses inventions lui a permis de pousser ses recherches sur la batterie zinc-argent. »

Mais en France, scepticisme et sourires ont accueilli sa découverte. Les « milieux autorisé » (les autres « circulez, il n’y a rien à voir ! ») lui ont répondu « restons au plomb : il a fait ses preuves ».

Ce sont les Etats-Unis qui ont récupéré le brevet par l’intermédiaire de la firme YARDNEY.

C’est sur un Junior que notre homme fit la démonstration du bien fondé de sa découverte.

C’est à l’arrière de la voiture que les bacs ont été installés.

Des contrôles coupent automatiquement la charge.

Le levier de changement de vitesses actionne le type de parcours : Ville ou route.

Fort bien réalisée, cette voiture se distingue extérieurement par une calandre rappelant le type de sa propulsion

et l’absence de sortie d’échappement.

Son silence contraste singulièrement avec le claquement de notre célèbre bi-cylindre !

Aujourd’hui, les éléments argent-zinc ont principalement des applications militaires (torpilles). Ils sont aussi utilisés pour le guidage, le pilotage et l’activation des pompes du lanceur Ariane.
En application militaire, les batteries rechargeables sont utilisées pour l’exercice; les batteries primaires servent au combat. Dans ce cas, pour des raisons de sécurité et de préservation des performances (8+ ans de stockage), la pile n’est activée qu’au dernier moment par injection de l’électrolyte.
Les batteries argent-zinc se distinguent par leur densité d’énergie et leur puissance.

Charly RAMPAL