Lundi 24 juin 1963, la 24 fait sont entrée officielle sur la scène publique.

Toute la Presse automobile a été conviée à la Roseraie de la Société Truffaut, avenue de Paris à Versailles.

Chaque journaliste ayant reçu un bristol numéroté au look du catalogue prévu pour le Salon d’octobre.

Pressé par le temps, les voitures ne sont pas terminées.

La belle et célèbre 24 « quetsche » au milieu des nénuphars n’avait pas de
mécanique !

Ce sont des gueuses qui mettront la voiture à niveau !

Les journalistes étrangers ont été conviés la veille au Mans dans le cadre des 24H.

Ces photos, dues à Philippe Dreux, photographe officiel de Panhard, mettront en valeur la beauté des lignes de cette voiture d’exception.

LE SALON DE PARIS EN POINT D’ORGUE

Les dirigeants de Panhard ont compris qu’ils ne pourraient jamais se battre à armes égales avec les grands constructeurs, du moins sans la collaboration de Citroën dont le Président Pierre Bercot ne veut pas entendre parler.

En attendant ou en chant du cygne, la Maison de la Porte d’Ivry a préféré se tourner vers le secteur moins encombré des coupés sportifs qui semblent tout indiqué pour la mécanique aux 1.600 victoires : brillante et parfaitement éprouvée dont ils disposent.

D’autant que côté berline la 17 a encore de beaux jours devant elle avec ses nouveaux aménagements.

On pouvait passer à la 24 qui a été comme une sorte de bombe esthétique dans ce salon.
Mais laissons Jean Panhard la présenter à la Presse et aux médias, à travers son allocution officielle :

« Nous voici arrivé au moment de vous présenter la série 24.
Vous pouvez déjà juger sa forme et nous espérons que votre verdict sera conforme à notre sentiment.

En tout cas, rien n’a été épargné pour la rendre belle : pureté de la ligne évocatrice à la fois d’un puissant dynamisme et d’une calme sécurité, choix des matériaux les plus nobles, depuis l’acier inoxydable des pare-chocs, jusqu’aux tissus de haute qualité des garnissages, éléments de base d’une finition intérieure très poussée.

Il m’est impossible en quelques mots de décrire une voiture si riche en nouveautés, dont la réalisation fait honneur à nos ingénieurs, mais je résumerai ma pensée en disant que le luxe, allié à la sécurité dans le confort, sont ses qualités maitresses.

La sécurité est obtenue en premier lieu par l’ensemble des qualités qui rendent la conduite sûre : visibilité, freinage et tenue de route hors pair.
Cette dernière qualité est obtenue notamment grâce à une infrastructure extraordinairement rigide en torsion.
Celle-ci est reliée au toit, dont la ligne « pavois » évoque un bouclier, par quatre flèches d’acier porteuses qui pénètrent profondément dans l’ossature des caissons-poutres et font corps avec l’habitacle, lui conférant ainsi une robustesse à toute épreuve.

Le capot, très maniable, s’ouvre de l’arrière vers l’avant : ceci renforce encore la sécurité, mais l’accessibilité aux organes est maintenue du fait que l’ensemble du capotage avant peut basculer totalement, découvrant ainsi toute la mécanique.

Autres éléments déterminant de la sécurité, les freins E.T.A. très remarquables et encore améliorés, ne souffrent d’aucun complexe par rapport aux meilleures solutions actuelles.

Sécurité encore, la visibilité : elle est excellente de jour grâce à la grande surface vitrée qui a été portée au maximum, la largeur des montants étant réduites au maximum.
Elle est assurée aussi par temps de pluie de façon complète par des essuie-glaces puissants à deux vitesses balayant toute la surface.
De nuit enfin, elle est remarquable grâce à quatre projecteurs dont deux sont spécialisés pour donner le maximum d’efficacité au faisceau de croisement asymétriques européen.
Les deux autres assurent l’éclairage longue portée.
Lorsque l’on utilise le faisceau route, les quatre phares sont allumés et mettent à la disposition du conducteur une puissance lumineuse considérablement accrue et répartie sur une zone très étendue.
Mais la sécurité est encore renforcée par le confort général.
Dans cet ordre d’idées, citons : les élégantes ceintures capitonnées, la qualité de la suspension de grande flexibilité à amortissement hydraulique, le silence, les coffres à bagages et à roue de rechange séparée, le moelleux des tapis et des coussins.

Sur le plan de la mécanique, le nouveau silencieux d’admission à capacité de résonnances accordées ajoute au silence général.
L’accélérateur à commande progressive, associé au moteur dont la courbe de puissance a été remplie aux bas régimes, confère à la 24 une grande souplesse de fonctionnement.

Ajoutons que la sélection de la commande au plancher de la boite à quatre vitesses toutes synchronisées, est rendue extrêmement douce par l’emploi de câbles à billes et que le positionnement des vitesses est particulièrement précis.

J’insisterai enfin sur deux caractéristiques exceptionnelles.

Tout d’abord, la climatisation est constituée par une aération comportant deux prises d’air situées à l’avant et par des distributeurs intérieurs réglables en intensités et en direction.

Quant au chauffage, il est contrôlé par deux commandes indépendantes.
L’une d’elles permet de modifier l’intensité et l’autre comporte six positions qui permettent d’assurer, soit le dégivrage du pare-brise, soit de la lunette arrière, soit le chauffage de la voiture seul, soit encore une combinaison de ces différentes possibilités, toutes clairement indiquées.

Mais c’est peut-être le poste des passagers avant qui montre le plus nettement la volonté de confort total qui a présidé à la conception de la 24 : le but recherché était d’obtenir pour le conducteur une position de conduite idéale, quelle que soit sa taille.

Ceci a été résolu, d’une part par in volant ajustable et, d’autre part, par un système de siège dont :
- l’ensemble se règle en longueur
- la dossier en inclinaison
- et enfin l’assise en hauteur et en inclinaison.

En tout, 1.764 combinaisons permettant de réaliser le poste de conduite ajusté sur mesure.
L’ensemble de ce siège, monté sur roulement à billes, s’éclipse totalement vers l’avant et s’y bloque pour permettre l’accès aux places arrière.
Il revient automatiquement à sa position initiale sans qu’il soit besoin d’effectuer un nouveau réglage.

La série 24 comprend deux versions :
Le coach 24 C 4 places : comporte un tableau de bord complet sur lequel sont groupées toutes les commandes de bord, le compteur kilométrique, la montre électrique, l’allume-cigare, etc…
Ses sièges sont garnis de velours de nylon.
Elle est équipée du moteur M6 et sa vitesse de pointe est supérieure à 13 km/h.

La 24 CT est un coupé 2 + 2 dont les deux places arrière permettent en rabattant le dossier, d’augmenter le volume des bagages transportés.
Le tableau de bord est constitué de deux grands cadrans circulaires, respectivement compte-tours et compteur de vitesses, auxquels s’ajoutent les éléments du tableau de bord déjà cités.
Equipée du moteur Tigre, la 24CT dépasse les 150 km/h.

Ces deux voitures qui sont de grandes routières, sont en même temps d’excellentes voitures de ville, grâce à leur longueur réduite (4m 25à et à leur faible rayon de braquage (4m50).
Leurs prix sont fixés respectivement à 10.400 fr et 11.100 fr.

Ajoutons pour terminer que l’outillage d’emboutissage très complet destiné à la fabrication de série de la carrosserie est pratiquement achevé et que les premières livraisons à la clientèle commenceront en Octobre ».

LE SALON DE PARIS

Octobre 1963, sur le stand PANHARD, la 24 brille de mille feux et fait chavirer les coeurs.

L’esthétique automobile vient de faire un pas de 30 ans vers le futur.

Sur un stand dallé comme un drapeau à damiers, trois 24 seront présentées : une CT quetsche intérieur noir, une C vert lumina intérieur aubergine et sur un podium, une CT rouge fandango intérieur gris colombe qui attirera tous les regards.

Le général De Gaulle n’en croit pas ses yeux lors de l’inauguration du salon et semble très intéressé par les explications de Jean Panhard.

La 24 fera vieillir subitement toutes les voitures du Salon.

Je profite de la mise en ligne de cet article sur la 24 et le discours de présentation de Jean Panhard pour signaler qu’une Place à son nom vient d’être inaugurée ce week-end du 22 octobre 2017

Charly RAMPAL (Documentation Archives Panhard)

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