Je ne vais pas vous raconter « René Bonnet », car pour nous sportifs à la mécanique Panhard, il reste au-dessus de tout et son histoire on la connait tous très bien bien.

Mais je voudrai mettre l’accent sur deux points importants à mes yeux de cet homme extraordinaire : celui de visionnaire et de grand seigneur.

LE VISIONNAIRE :

Il faut se replacer à la fin de la guerre, dans les années 49 / 50 où l’Europe et la France en particulier, sortaient des décombres de 5 années de guerre.

Quant au sport automobile, personne n’y pensait sauf nos amis anglais et René Bonnet.

En 1949, les français se joignent aux anglais qui sont les instigateurs et les premiers constructeurs de Racer 500.

Une dizaine de « pilotes-artisans » en France vont construire des monoplaces souvent à l’unité, pour se mesurer aux anglais.

Deutsch et Bonnet construiront 25 voitures et seront les seuls à faire échec aux anglais. Les courses devenant entre 1950 et 1954 le plus souvent un duel Cooper / DB.

Au milieu des années 50, René Bonnet délaisse la Formule 500 pour construire les Monomills : évolution du Racer 500 équipé du moteur 850 cc de la Dyna Panhard.

Il crée la Société Française des Véhicules de Course (S.F.V.C.). Cette entreprise a pour but la mise en place d’épreuves automobiles disputées au volant de monoplaces d’une même marque et d’un seul type : et ça marche !

Il faudra attendre la Coupe Gordini pour revoir des courses monotypes permettant aux jeunes pilotes de se battre à armes égales.

Mais l’originalité ne s’arrête pas là ! Les voitures restent la propriété de la S.F.V.C. . Différentes possibilités sont offertes aux pilotes pour participer.

1 – Les Automobiles-Clubs, les permanents s’abonnent et peuvent participer à toutes les épreuves s’ils le désirent.
2 – Les Automobiles-Clubs sélectionnent les meilleurs éléments et les engagent sur une, deux ou trois épreuves, de préférence sur les circuits de leur région.
3 – Les pilotes chevronnés à qui l’on confie une monoplace se comportent en moniteurs, se battent pour gagner des courses, mais sont hors classement.

Ils ont pour nom : Elie Bayol, Roberto Niéres, René Bonnet , Harry Schell…

La formule permet de courir à moindre frais et bien sûr de découvrir de véritables talents.

L’Automobile Club de Madagascar envoie un certain Jo Schlesser se mesurer aux pilotes de métropole.
René Bonnet, quelques semaines plus tard lui confiera une voiture aux 24H du Mans.
De Portago, lui aussi inconnu en France, vient s’essayer. La suite est fulgurante.

Les autres découvertes seront : Laureau, Armagnac, Cornet, Vidille, Mougin, Storez qui trusteront sur DB les victoires sur tous les circuits du monde : Le Mans, Tourist-Trophy, Mille Miles, Nurburgring, Sebring, Tour Auto, etc…

René Bonnet a un sens inné du spectacle. Il impose à ses pilotes permanents de porter leurs couleurs : polos personnalisés façon casaques de jockey.

Toutes les épreuves se déroulent en deux manches qualificatives et une finale : donc trois départs.

Autre éléments du spectacle : les voitures sont désignées par tirage au sort. Des voitures miniatures disposées sur un drapeau à damier noir et blanc. Le pilote, présenté par le speaker, vient choisir sa voiture, et son numéro est alors communiqué au public.

Aucun favoritisme n’est possible, d’autant que les voitures sont préparées par l’usine : simple, efficace.

Bien que le sponsoring n’est pas encore fait son apparition, les annonceurs sont nombreux, mais tous liés à l’automobile. Ainsi, le camion atelier et le transporteur de véhicules sont décorés aux couleurs de : Dunlop, Soupapes Jeudy, Piston Borgo, etc…

Cela se passe en 1954 / 55.
René Bonnet l’a pensé et il l’a réalisé !

Il est donc le créateur des épreuves monotypes a qui le sport automobile doit tant. Plusieurs dizaines de monoplaces (Racer 500 et Monomill) seront construits à Champigny : un record dans le genre.

LE SEIGNEUR

René Bonnet a toujours été un charmeur et toujours décontracté quelque soit la personne qu’il avait en face de lui : que ce soit un Ministre ou la Presse dont il savait en jouer.
Il tirait toujours avantage d’une situation et disait que les écoles de pilotage ne servent à rien !

Voici en vidéo un interview illustrant son état d’esprit en compétition.

Charly RAMPAL