C’est le week-end des 8 et 9 septembre que le 58ème GP Historique eut lieu sur le célèbre circuit Paul Armagnac à Nogaro dans le Gers.

A cette occasion, nos représentants avaient pour nom MEP et Racer.

Pourtant leur présence n’était pas prévue !

En effet, 5 semaines avant cette manifestation, l’organisatrice, Caroline Divies, avait contacté en catastrophe, Philippe Gayraud pour lui demander de monter un plateau de MEP et de Racers, car il manque des participants sur son week-end Rétro !

Le vendredi 7 septembre, à 11h, soit 3 heures avant le départ d’Albi des Gayraud pour Nogaro, Caroline rappelle Philippe pour lui annoncer qu’elle doit compléter le plateau des F3 Historiques au nombre de 14 seulement !

Aussitôt, Philippe, fait le tour de la question et à 12h15, il la rappelle en lui proposant 6 MEP X27 pour les courses FFSA avec les F3.

Evidemment très satisfaite, elle promet en compensation que leur contrôle technique sera adapté aux MEP.

Tandis que les Racers et 2 MEP X2 avaient été invités dans le cadre d’une démonstration style « retour dans le passé ».

Les « anciennes » et les récentes » se partageront le circuit, pour de véritables courses chronométrées et classements, avec qualifications, course 1 et course 2, permettant de belles empoignades.

Alléché par le programme annoncé et une météo favorable, le public avait répondu en nombre, d’autant qu’un hommage était rendu à l’enfant du pays par sa fille Chantal, à travers un ouvrage complet « La trajectoire d’un Gascon passionné ». Le circuit de 3,636m ne s’appelle-t-il pas « circuit Paul Armagnac » ?

PAUL ARMAGNAC : SOUVENEZ-VOUS

Pour nous panhardistes, Paul Armagnac, hélas trop tôt disparu, restera pour toujours un des pilotes de talent qui fera la gloire des DB-Panhard.

La mécanique et la vitesse lui permettaient d’échapper à sa charge d’huissier, pas très agréable pour un homme de cœur dont la loyauté fut sans faille.

Facétieux et intelligent, débordant d’énergie, il croquait la vie à pleine dent, jusqu’au jour où il perdit son épouse, Geneviève suite à une hémorragie lors de l’accouchement de sa 4ème fille, Corinne.
Deux mois après, Paul la rejoignait.

C’est le samedi 20 octobre 1962 qu’il nous quitta suite à l’envol de sa barquette René-Bonnet équipée du moteur Renault.

Voici comment le raconte Pierre About dans l’Equipe du lundi 22 octobre 1962 :

« C’est en abordant la cuvette de Couard que la René-Bonnet que pilotait avec sa dextérité habituelle Paul Armagnac, a quitté la piste samedi quelques minutes avant la fin des essais, à cet endroit du routier qui est si délicat, mais qu’un pilote de métier comme Armagnac sait franchir sans commette de faute de conduite ; la voiture vient d’être ralentie par un premier coup de frein qui pour une 1000 cm3 expérimentale fait tomber la vitesse de 200 à 170 km/h environ.

Puis au moment où la voiture plonge en sautant dans la cuvette, le pilote lâche les freins pour ne pas bloquer ses roues, il prend bien soin de garder sa voiture en ligne, avant de recommencer à freiner.
Pour Armagnac, il est probable que la voiture, après ce léger saut, n’est pas revenue correctement pour prendre contact avec le sol.

En tout cas, déséquilibrée, elle se mit immédiatement en travers de la piste, alla toucher le talus du côté droit et s’immobilisa 50m plus loin, après s’être retournée plusieurs fois.

Pourquoi, la René-Bonnet de Paul Armagnac a-t-elle était déséquilibrée à cet endroit du le circuit qui fait particulièrement ressortir les qualités et les défauts de conception des voitures, surtout en ce qui concerne les suspensions, la répartition des poids, en un mot : la tenue de route ».

Chantal, la troisième fille de Paul, n’avait que 10 ans, mais le souvenir de son père restera indélébile dans son coeur qu’elle concrétise aujourd’hui par ce devoir de mémoire, pour reconstituer sa vie entre légende et réalité.
Un livre que tous les panhardistes sportifs doivent avoir sur leurs étagères à souvenirs.

PLATEAU F3 HISTORIQUES : HEUREUSEMENT LES MEP !

Ce plateau rassemblait la première génération des F3 1000 cm3 construites entre 1964 et 1970.
Vu la maigreur du plateau, les MEP X27 y furent associées, pour atteindre le chiffre de 19 voitures, comme je vous l’ai expliqué tout au début.

Ce sont donc 8 MEP des plus performantes qui tenteront de contenir les F3 de l’époque : Lola, Tecno, Brabham, Chevron, Merlyn, Lotus, des marques qui sentent bon la puissance de leur 4 cylindres Holbay ou Cosworth…

Comme la raison l’imposait, ce sont les F3 qui monopolisaient les premières places de la grille de départ.

Aux essais qualifs du samedi matin, Philippe Gayraud faisait la pole des MEP X27.

Mais au bout de 4 tours, son moteur serre, pour la troisième fois cette année !
La cause semble être une culasse fendue, car c’est toujours le même cylindre qui grippe.

Au final, on trouve derrière Philippe, Paul Benezech, MEP n°62 :

puis Fradet et 4ème Damien Gayraud : les quatre séparés par 3 secondes à peine, ce qui promettait une belle bataille pour la course 1 !

COURSE 1 : SAMEDI 8 SEPTEMBRE A 16H

Pour la course du samedi, Philippe avait fait venir la MEP X27 de Claude son père : la distance entre Albi et le circuit Paul Armagnac n’étant que de … 215 km par l’autoroute.

Celle-ci arrivera vers midi et la course 1 vers 16h, ce qui laissait à Philippe le temps de « maquiller » la voiture de son père à l’effigie de la sienne.

C’est ainsi qu’il empruntera la capot avant avec son numéro 85 au lieu du 82 et le transpondeur pour que ses temps soient reconnus à son engagement.

Mais au bout de 2 tours, le capot avant trop court ( ?) fit bouger le capot arrière et son accélérateur se trouva bloqué en pleine ouverture !

Ce dysfonctionnement perdurait et peu de temps après le moteur fut pris d’un surrégime qui obligea Philippe à couper le contact : trop tard, les soupapes avaient tapées !!
Conséquence : les 2 MEP Gayraud étaient au tapis…

Heureusement que dans la famille, on a les ressources, et c’est Damien, le fils de Philippe, qui prit le relais sans complexe et terminera deuxième des MEP, derrière Paul Benezech !

LA COURSE 2 DU DIMANCHE APM

C’est en grande vedette que la course 2 du F3 Historic Racing débutera le dimanche à 14h.
16 voitures seront au départ, mais le premier tour verra disparaitre deux participants dont la MEP de Laurent Gavard, réduisant à 14 la bataille décisive.

Une fois encore les premières places seront réservées au F3, mais, après l’abandon de Paul Benezech, c’est Damien Gayraud qui sera le leader des monoplace albigeoises en se classant à une belle 7ème place !
Décidemment, Damien a de qui tenir : les chats ne font pas des chiens !

Fradet, l’ancien pilote de formule bleue, termine second et Loze troisième.


Notons la participation de Valentin Moindrot qui n’est autre que le petit fils de Jean Moindrot, un des mousquetaires du plateau MEP-Monomill, qui hélas eut des problèmes de carburation.

Egalement la bonne performance de Laurent Gavard dont c’était la première à Nogaro qui n’était qu’à une seconde de Benezech.

En fin de journée, Philippe avait négocié une course de démonstration entre MEP où Philippe prendra la voiture n°81 de son vainqueur de fils Damien et là encore pas de chance puisque Philippe cassera le cardan ARG : décidemment, ce n’était pas son week-end !

Mais il ne fut pas le seul dans la mouise, puisque Gonzague sortira de la piste et arracha son train avant gauche avant le Dunlop.
Problème d’allumage pour Lorie Loze, tout comme Domino sur une MEP X2, tandis que Thoumieux sur une autre X2, épargné par les ennuis mécaniques, a bien roulé.

LES RACERS : QUE POUR LE PLAISIR

10 Racers DB avaient répondu présents à l’invitation de Fred Marquet.

Cependant, deux avaient du quitter le groupe dont Thomas Jamin qui allait compléter le plateau des F3 décapité pour la course 1 et pilotant le Racer Boyer qui le distinguait des DB.

Engagés en mode démo, les pilotes des Racers restants, se sont fait plaisir comme à leur habitude.
La hiérarchie entrevue au GP de Garat du 4 et 5 août, se confirmera avec à sa tête Pierre Alexis Colihnon et Fred Marquet qui se disputèrent la couronne.

Fred Marquet n’est pas un débutant en sport-automobile où il avait l’habitude de rouler avec des engins bien plus puissants comme les Formules 2 ou des anciennes F1 des années 70 : excusez du peu !

Un jour, il acheta une de ces répliques de Racer DB, dont le père Janiaud les construisait à tour de bras, tout comme Alain Gawski pour ses copains.

Il ne connaissait rien en Panhard ou autres DB.

Ce fut surtout un achat par dépit et en désespoir de cause, car son objectif était une Cisitalia dont le tarif était devenu prohibitif.

Telle fut sa surprise de découvrir le plaisir que l’on pouvait prendre avec nos engins pétaradants.

La disparition d’Alain Gawski sonnait la fin de notre célèbre plateau MEP-Monomills et Fred se promenait de démonstrations en classic-days au milieu de « m’as-tu-vus » qui n’avait aucun parfum de compétition, mais plutôt de chicanes mobiles !

Une fois de plus, écœuré, il vendit son beau Racer rouge, heureusement à un pote qui en prendra soin.
Pendant des années, il va regretter sa petite sauterelle au point d’en devenir une obsession.
Alors, il contacta son ami propriétaire de « son » Racer depuis 4 ans, juste au moment où celui-ci avait l’intention de le revendre.

Banco, le Cosmos (ou destin pour les autres) avait frappé et au printemps 2018 le petit bolide rouge avait repris le chemin du garage Marquet.

Il fallait avant tout remettre la voiture en état, lui le préparateur haut de gamme.
Le moteur a été refait (deux segments étaient cassés) et retravaillé, montage d’un double carbu, l’embrayage mort a été changé pour un plus performant, des pneus bien entendu, et tout un tas d’autres perfectionnements qui fait de ce Racer le plus performant de la grille.

Aujourd’hui, Fred est un homme heureux, d’autant plus qu’il a redonné vie et envie de rouler en Racer, grâce à sa défonce pour « vendre » le plateau et animer en Live le site du Racer Club de France : chapeau mec !

Puis suivront Joël Leblanc sur le Racer Ex-Farin : Le moteur refait par un panhardiste de Concarneau, était en rodage comme le pilote, mais pas son plaisir...

Deux têtes à queues, un dans les deux premières cessions : c’est le métier qui rentre.

et Ian Wilson auxquels se mêlera Yves Domino selon les circonstances.

C’est pierre Boutevin qui aura le chat noir qui devra renoncer victime d’ennuis d’allumage sur son DB-Monomill authentique.

Suivent les amoureux de la régularité qui aligneront les tours sans soucis de performance, juste pour le plaisir : je veux parler de Daniel Heurton et Michel Labarde, même si ce dernier s’hasardera à des freinage au panneau « trop tard » qui fera brouter un peu d’herbe à son Racer.

Tout cela, pour se retrouver le samedi soir autour du traditionnel repas que le Racer Club France ne manque jamais d’instaurer comme religion où les femmes prennent leur revanche à travers de succulents gâteaux de leur invention.

Charly RAMPAL (Sur des infos de Philippe Gayraud et Fred Marquet . Photos Joël Leblanc)

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