Lorsque le Salon de Paris 1953 ouvre ses portes, il y a un peu plus de six mois que Raymond Gaillard a créé la marque Arista dans le prolongement de la petite entreprise Callista morte quelques semaines plus tôt et dont la production avait l’objet d’un article dans la rubrique « Dérivés » du P.R.T.

Mais Raymond Gaillard est un homme qui ne lâche rien. Son statut de concessionnaire Panhard, rue de Ranelagh à Paris, une certaine aisance financière – aidée par un fructueux mariage – et la rencontre avec deux techniciens automobile, vont lui permettre de mettre son projet en exécution.

Pour relancer sa nouvelle affaire R. Gaillard semble encore chercher sa voie.

Après avoir supprimé le cabriolet Coupe des Alpes, révélé en même temps que le roadster Ranalagh à l’automne 1950, le nouveau propriétaire d’Arista a fait préparer deux modèles inédits pour ce 40 ème Salon, dont le roadster Ranelagh sera la vedette.

Mais c’est l’année suivante au même Salon de Paris, que cette petite marque présentera un nouveau coupé très élégant, toujours sur la mécanique Panhard : l’Arista Passy.

Pour ce coupé plus ambitieux, R. Gaillard fait appel au styliste Maxime Berlemont , qui avait réalisé trois ans plus tôt un joli coupé dont il va reprendre les grandes lignes.

En partant de cette première réalisation, Maxime Berlemont va le transposer en ce qui sera validé par R. Gaillard : l’Arista Passy :

Cette auto, au style flamboyant, est réalisée en résine et fibre de verre et prend le nom d’Arista Passy.

LE COUPE ARISTA PASSY

Il s’agit d’un coupé deux places aux ailes proéminentes tant à l’avant qu’à l’arrière, avec un décrochement du pavillon.

Le capot est surmonté d’un attribut stylistique de la couleur du pavillon, donnant un air agressif à la berlinette.

Cet aspect est encore renforcé par l’absence de pare-chocs accentuant le porte-à-faux avant et arrière.

La calandre ovale est soulignée par une croix masquant la fine grille verticale, le tout en métal chromé du plus bel effet.

Pour abaisser encore la ligne, une nervure part des phares, longe les ailes et vient mourir à la hauteur de l’arrière de la porte et la poignée de celle-ci, longiligne, s’inscrit sur le même plan que les arches de roues.

La mécanique et le soubassement sont toujours d’origine Panhard Dyna 5 cv.

Le prix est élevé (1.150.000 F) par comparaison à une Alpine A 106 (800.000 F) ou un cabriolet 203 Peugeot (850.00 F).

LA FICHE-PUBLICITAIRE

L’année suivante, au salon 1955, le coupé Passy perdra son croisillon de calandre et adoptera des pare-chocs chromés tant à l’avant qu’à l’arrière, virant ainsi d’un « style sportif »

à un « style classieux » dans l’esprit des Simca Sport et restera ainsi jusqu’à sa fin.

CARACTERISTIQUES-TECHNIQUES

Moteur Dyna Panhard 5 CV, 2 cylindres à plat opposés à soupapes en tête, refroidi par air, 850 cc (85 x 75), compression 7,2, puissance : 42 ch à 5.000 t/mn avec carburateur Solex de 30 ou Zénith de 32.

Traction avant avec boite 4 vitesses.

Freins hydrauliques avec tambours sur les quatre roues

Direction à crémaillère, volant à gauche.

Suspension AV à roues indépendantes avec deux ressorts à lames transversaux ; AR à roues semi-indépendantes avec essieu en V et barres de torsion transversales.

Pneus : 145 x 400.

Empattement : 235 cm

Voie : 122 cm

Hauteur : 135 m

Longueur : 422 cm

Largeur : 160 cm

Poids : 700 kg

Vitesse : 135 km/h

Prix : 1.150.000 F

LES EVOLUTIONS

Les ventes ne décollent toujours pas et sa distribution reste très confidentielle.

D’ailleurs, pour la première fois depuis l’origine Calliste-Arista, Raymond Gaillard ne sera pas présent au Salon de l’Auto d’octobre 1957.

Un an plus tard, l’auto existe toujours, les ventes sont infimes et le restyling n’est guère heureux : le pavillon est rehaussé sans pour autant permettre d’imaginer de voyager à quatre dans cette 2 + 2, et le pare-choc avant est désormais conçu e deux demi arcs se terminant par de disgracieux butoirs verticaux.

L’auto s’abâtardit d’année en année.

On est loin du style envolé de la première esquisse de Maxime Berlemont.

A 1.500.000 F, l’achat freine les ardeurs des clients les plus exotiques et Raymond Gaillard s’interroge.

Au Salon 1958, force est de constater que l’Arista a la plus grande peine à s’affirmer face aux Alpine A 108 et autres DB HBR5, voitures sportives de référence.

L’Arista Passy est à 1.600 .000 F et plafonne à 135 km/h et l’Alpine ne coûte que 1.150.000 F pour atteindre la même vitesse (mais avec une finition moindre il est vrai) et surtout l’HBR, équipée comme l’Arista du sempiternel moteur Panhard Dyna 5 cv, dépasse les 150 km/h et fait la joie des sportifs en remportant des épreuves tant en circuit qu’e rallye et n’est facturée QUE 1.400.000 F.

Les Salons se suivent et l’auto n’évolue pas et les ventes non plus : la machine semble s’être arrêtée.

Raymond Gaillard continue néanmoins à la présenter sans trop y croire et se cantonne au strict minimum tout en étant conscient qu’il est plus urgent, s’il veut continuer, de lancer un nouveau modèle en 1964.

Le salut viendra (peut-être) par la reprise du projet ACA de Jacques Durand et qui sera rebaptisé Arista (modèle 63 que je vous ai présenté dans la rubrique « Dérivés » et sonnera le glas des Arista originelles et du modèle Passy en particulier après 8 années de service et dont la discrétion aura été proportionnelle aux ventes.

La dernière version verra sa calandre devenir concave :

Aujourd’hui, il en reste très peu dont une très belle vue lors du dernier RIPL d’Erdeven en Bretagne qu’un de nos amis possède et qui a été modernisée avec des tambours ETA.

Charly  RAMPAL    (Doc. P.R.T. et les informations détaillées de Jean-Luc Fournier rencontré à Rétromobile 2006)