LA FORMULE BLEUE: SES DEBUTS
Le 14 mars 1967, place de la Concorde à Paris, les sociétés BP et Citroën présentaient 20 voitures MEP X2 qu’elles offraient à la Fédération Française des Automobiles Clubs pour l’apprentissage des jeunes à la conduite de course.
Depuis Total a remplacé BP et Michelin est venu apporter son aide.
En 1969, le premier critérium de Formule Bleue est créé : 30 jeunes y participent et il révèle Roger Dubos et son second Espitalier.
56 demandes d’engagements au critérium reconduit parviennent à la FFSA en février 1970.
Avec un minimum de 30 voitures qui se sont présentées depuis à chaque course en circuit, la Formule Bleue a acquis ses lettres de noblesse, elle n’est pas une sous-Formule France mais une formule de promotion à part entière et peut-être la seule.
MAURICE EMILE PEZOUS
Comme vous le savez, M.E.P. ce sont les initiales de Maurice Emile Pezous, Concessionnaire Citroën à Albi depuis 1957. De nationalité française, il est né en 1914 dans le Chef lieu du Tarn, patrie de Toulouse-Lautrec et de La Pérouse, un de ses ancêtres. C’est un Monsieur aux cheveux blancs, à la bonhomie des gens du Midi, fier et acharné. Résolument sympathique et hospitalier, c’est un homme qui passe sa vie à chercher. Après des études brillantes à l’école des Arts et Métiers de Cluny, il se spécialise dans l’aéronautique et effectue son service militaire en tant qu’ingénieur d’essai en vol.
Il entre chez Hispano-Suiza. La guerre éclate et il forme une escadrille à Casablanca. Démobilisé en 1941, il fait de la résistance active et s’occupe du fonctionnement des moteurs avec les carburants de remplacement.
L’étude du char AMX l’amène à s’occuper des véhicules terrestres.
En 1945, il crée une entreprise de mécanique générale et automobile.
Il invente bientôt un système de suspension à roues indépendantes, qu’il adapté sur une voiture de Grand Tourisme à mécanique Citroën, qu’il conçoit entièrement.
1957 le voit déposer un brevet de dispositif de frein à disque.
Dix ans plus tard les monoplaces MEP apparaissent.
50 exemplaires sont construits en 3 ans.
Maurice Emile Pezous avait commencé l’étude d’un prototype de coupé sportif à mécanique DS quand Citroën lui demanda d’envisager le montage de son nouveau moteur « G » dans la MEP X2 en vue du critérium 1971.
Les voitures équipées du bicylindre Panhard devaient être prêtes en mars 1969.
Le pari sera tenu, c’est pour Maurice Emile Pezous une affaire de volonté et de courage : une affaire d’homme tout simplement.
QUE FALLAIT-IL POUR PARTICIPER AU CRITERIUM ?
Pour courir en Formule Bleue, il fallait avoir moins de 30 ans. D’être titulaire d’une licence nationale ou internationale délivrée par la FFSA et de disposer d’un budget de départ de 10.600 F, prix d’une MEP X2 neuve, grâce à la part prise par Citroën, Michelin et Total dans le tarif d’achat.
Cela suppose de la part du concurrent un respect absolu des contrats qu’il doit signer, en échange avec ces 3 firmes.
Les clauses en sont simples : utiliser exclusivement dans toutes les épreuves du championnat, les produits des marques (pneus Michelin XAS, carburant et lubrifiant Total) portés sur leur combinaison et sur les voitures à des emplacements visibles la publicité fournie par les Sociétés Michelin et Total.
Règlement et plans des publicités sur la voiture :
Toute autre sorte de Publicité devant être, préalablement soumise à la Société Citroën pour approbation.
Enfin, la couleur de la voiture doit rester bleue.
Le calendrier « Formule Bleue » est fourni en début de saison et c’est au concurrent de s’occuper lui-même de son engagement aux épreuves de son choix.
Les droits ont été fixés au début de l’année à 100 F maximum.
Certains organisateurs, comme Paul Ricard, remboursent les partants.
Les numéros sont attribués pour toute l’année et sont nominatifs.
Deux pilotes peuvent donc participer au critérium avec une seule voiture : exemple Danzter (n°20) possède une MEP en copropriété avec Partiot (n°40).
Les points allant au pilote et non à la machine.
LES COURSES
C’est à Raymond Audiger, agent technique chez Citroën à cette époque, et qui, depuis le 22 mars 1970, passait tous ses dimanches à suivre les pilotes de Formule Bleue qui nous raconte l’ambiance et les problèmes qui régnaient au sein de la Formule Bleue.
« En 1969, c’est Jean Paul Cardinal qui s’occupait des « bleus » avant de passer aux relations publiques, mais il avait habitué les pilotes à une grande compétence dans l’assistance, sa succession a été difficile mais bien agréable.
La formule Bleue faisait partie du Service Compétition de Citroën, avec à sa tête René Cotton.
Nous disposions d’un break rempli de pièces détachées et de tout le matériel utile aux réparations.
Un mécanicien m’accompagnait partout, et les concessionnaires régionaux restaient ouverts pour nous prêter main forte.
Pendant la semaine, je prenais contact avec les organisateurs. Avant les essais, je délimitais dans le Parc réservé aux concurrents, l’emplacement Formule Bleue.
Tous rassemblés, les pilotes créent une atmosphère merveilleuse.
Le travail ne manquait pas : de la simple vidange aux changements de triangle de suspension en passant par tous les réglages.
Le camion d’assistance Michelin nous a donné un sérieux coup de main en ayant toujours prêtes des jantes montées et en contrôlant les réglages de trains.
Pendant ce temps Total distribuait des bons d’essence. De temps à autre, nous faisions quelques remarques aux coureurs quant à leur attitude sur la piste mais plus la saison avançait moins les gens sortaient, à cause de l’expérience d’abord, du porte-monnaie qui rétrécit ensuite.
Quelques problèmes ont existé avec les organisateurs comme ceux de Pau qui nous traitaient par-dessus la jambe et, sous prétexte, que nos pilotes dépensaient peu d’argent, ils n’avaient pas autant de droits que les autres !
Heureusement les choses ont progressivement changées, comme nos horaires de course qui sont devenus « raisonnables » pour que le public puisse nous voir évoluer.
La raison de ce progrès tenait aussi au niveau du pilotage qui s’était nettement amélioré : tous les records sont tombés (sauf à Chamrousse) et les plateaux étaient devenus si fournis que les temps aux essais étaient qualificatifs. «
Voilà ce qu’était la Formule Bleue de ma jeunesse ! Dans un autre article, je vous parlerai de la voiture et des pilotes…
Charly RAMPAL