A mon époque lointaine, une voiture de sport pouvait se reconnaître aisément : elle était inconfortable, bruyante, de ligne agressive, mais elle possédait aussi une tenue de route et des performances supérieures à tout ce que pouvait offrir les berlines du moment.

A tous ces critères le coach DB-HBR répondait présent.

Aujourd’hui, on n’admet plus le bruit, ni l’inconfort, les performances sont désormais l’apanage de ces mêmes berlines que l’on a transformées en GTI.

Pour ce qui est de la ligne, il n’est que de parcourir quelques catalogues pour se convaincre que bien des geais se parent des plumes de paon.

Mais la véritable voiture de sport des années cinquante était celle qui restituait fidèlement l’image de la compétition.

Celle dont de conducteur retrouvera naturellement les attitudes et les gestes du champion, qu’il sentira comme le pilote sent vivre sa monoplace, dans laquelle il vivra au contact de la route comme le coureur communie avec la piste.

Cette voiture là est rare. Elle ne sera pas forcément plus brillante, elle sera souvent mal commode et presque toujours chère. Mais elle procurera un plaisir intense.

Cette voiture, je l’ai trouvé : le coach DB-HBR super Rallye !

En cette fin des années cinquante, René Bonnet reste un des plus courageux et des plus méritants des constructeurs français sur la scène de la compétition sportive.

Sa clientèle bénéficie des enseignements de la course et les coaches D.B. sont considérés sur le plan international comme d’excellentes voitures dans leur cylindrée.

Poussé par l’interprétation et la transposition des nouveaux règlements à l’échelon fabrication, le constructeur de Champigny a réagit rapidement.

Parallèlement à son travail de mise au point sur les voitures de son écurie, René Bonnet a œuvré pour ses clients sportifs.

La première voiture Super-Rallye a débutée aux mains de M. Baudon, rallyeman et client fidèle de la marque.

DETAILS DE LA VOITURE

C’est surtout au niveau de la carrosserie et du moteur que l’évolution s’est faite.

 LA CARROSSERIE

La carrosserie est toujours réalisée en « plastique », mais elle a été surbaissée, inspirée par « le monstre » d’André Guilhaudin.

Le toit a été surbaissé de 10 cm et grâce à une plus forte inclinaison, le pare-brise présente une surface nettement agrandie.

Le capot, comparativement aux modèles précédents, est plus bas de 7 cm.

Des plans réalisés par l’équipe D.B. sur les conseils de Robert Sobeau, ont été ainsi validés.

En voici un exemple :

33 modifications par rapport au coach d’origine, ont été faites par l’équipe de Robert Sobeau dont je vous en donne la liste :

  1. modification complète de l’avant
  2. pincement en bas des ailes droite et gauche
  3. modification du capot avant
  4. modification du cadre/renfort du capot
  5. découpe du pavillon et modification de sa forme
  6. modification des jets d’eau droit et gauche
  7. découpe des hauts de porte droite et gauche
  8. nouvelle forme des traverses des baies droite et gauche
  9. nouvelle forme des renforts des panneaux extérieurs de portes droite et gauche
  10. modification des entrées de portes latérales droite et gauche
  11. découpe de la visière de planche de bord avec sa nouvelle forme
  12. modification des montants de pare-brise droit et gauche
  13. modification des montants de custode droite et gauche
  14. nouvel encadrement de custode droite et gauche et de leurs plans de glace
  15. modification de la forme des ailes avant droite et gauche
  16. nouvelle forme e l’entrée de capot avant
  17. nouveau support de serrure
  18. nouvelle cloison pare-feu
  19. modification des joues d’ailes avant droite et gauche
  20. modification des pieds de portes droite et gauche
  21. découpe de la partie inférieure d’entrée d’air avant
  22. nouvelle forme de la partie supérieure d’entrée d’air tangeante avec le capot
  23. modification de l’entrée d’air de pare-brise
  24. modification des brancards de pavillon droite et gauche
  25. modification des tunnels d’évacuation d’air droit et gauche
  26. modification des entrées des phares droit et gauche
  27. modification des tunnels de phares droit et gauche
  28. modification des hauts de porte droit et gauche
  29. suppression des bandeaux de custode droit et gauche
  30. suppression des pare-chocs
  31. modification de la colonne de direction
  32. suppression sur quelques uns des 2 sorties de dégivrage sur planche de bord
  33. le dégivrage se fera sur certains par un tube percé positionné sur la planche de bord.

Il n’y avait plus qu’à…

Dix super-Rallye furent réalisés de la sorte, selon le tableau de Robert Sobeau :

Un effort d’allègement a permis de gagner une trentaine de kilos sur l’ensemble.

Ces perfectionnements divers se traduisent par une amélioration  de 4 à 7% sur la vitesse de pointe.

Au-dessus de 160 km/h, ce pourcentage devient particulièrement intéressant.

Regardons maintenant ce qu’il y a sous le capot.

LE MOTEUR

Aucun compromis à l’extérieur et une mécanique à la hauteur des ambitions de départ, même si elle envoie ce son particulier à notre bicylindre.

Une véritable bombe qui pourrait perturber tous vos repères.

Le moteur possède une cylindrée de 954 cm3.

Il est équipé du double allumage : deux rupteurs et deux bobines à double sortie.

Chaque bobine alimentant les deux cylindres, les défaillances d’allumage deviennent moins graves, puisque le simple allumage sera au moins assuré par le condensateur ou la bobine non accidentée.

Pour le rodage, on monte un seul carburateur Zénith double corps afin d’obtenir une carburation correcte aux petites allures.

Par la suite, les deux carburateurs prévus à l’origine sont remontés.

Notons également le double circuit de freinage, gage de sécurité.

CARACTERISQUES GENERALES

 HABITACLE

Si le tableau de bord, copie/colle celui des coach standard, il est néanmoins complété par une température d’huile et un contrôleur de moyenne Speed-pilot Halda et les commutateurs des phares longue portée.

Les sièges baquets sont tès enveloppant et néanmoins confortables et la position de conduite parfaire (bien mieux que dans un CD !) : une vraie voiture de compétition, quoi !

LES IMPRESSIONS DE CONDUITE

Le DB Super Rallye apporte le plaisir du pilotage : la précision du mouvement, l’exactitude de la réponse.

Et en cela elle était à son époque, une des très rares voitures qui permettent de s’imaginer, aux performances près, que l’on est au volant d’un prototype de course !

La direction est directe et merveilleuse de précision avec un temps de réponse instantané.

Très sensible, pas entièrement irréversible, elle permet de sentir le débattement des roues avant motrice sur les mauvaises chaussées.

En courbe la voiture est parfaitement neutre.

La trajectoire est parfaite et rechercher la limite demandera une certaine habitude de la voiture et ce n’est qu’alors on percevra une légère tendance à sous-virer qui pourra se corriger par une mise en appui.

Mais cette facilité de tracer sa ligne dans les virages telle qu’on la voit, de rechercher partout la trajectoire idéale  sans que jamais la voiture paraisse lourde, sans jamais être obligé à des mouvements désordonnés, toujours en finesse, est un plaisir rare.

Je l’imagine chaussée de Michelin XAS qui mettraient encore plus en évidence les qualités de tenue de route. 

Le freinage est efficace, équilibré : il ne mérite que des éloges.

Le levier de vitesse tombe sous la main et même s’il faut s’habituer à la grille transversale particulière, on constatera à l’usage sa parfaite disposition, même si on souhaiterait celle du DB Le Mans avec la 3 et 4 tangente sa cuisse droite. 

Les rapport sont bien étagés et mettent en valeur les qualités du moteur à prendre ses tours.

Quant aux performances, les chiffres parlent d’eux-mêmes et elle se complet dans les régimes élevés.

Régime des 6.000 tours qu’il ne faudra pas hésiter à utiliser : elle ne demande que ça !

CONCLUSION

Le coach DB-HBR super Rallye est une de ces voitures qui vous donne le sentiment de bien conduire, cette sorte de jouissance intérieure, cette satisfaction du geste bien accompli, cette aspiration à la perfection qui sont, je crois, l’essence même du plaisir sportif

C’est donc une véritable voiture de rallye, faite pour gagner que René Bonnet a « offert » aux véritables pilotes chevronnés, à la fin de l’année 1959, qui ont trouvé leur voie en parcourant les chemins des podiums.

Il ne s’agit pas d’un modèle spécifique s’ajoutant aux 429 exemplaires standards déjà produits, mais devoitures vendues beaucoup plus cher obtenues à partir de coaches normaux en stock.

Cette Super-Rallye dispose   d’un meilleur Cx et pèse moins lourd. Le moteur de 954 cm3 comporte plusieurs améliorations qui à la sortie, nous apporte 70 chevaux permettant d’atteindre 175 km/h.

Sur la route, on ne pourra la voir qu’ainsi :

En hommage à notre ami Robert Sobeau, rappelons que la fabrication artisanale des carrosseries de ces dix Super-Rallye  ne s’effectue plus dans les Vosges mais près de Paris, chez Polyest, d’abord au Plessis-Trévise, puis à Roissy .

Charly  RAMPAL