C’est l’Auto-Journal qui fit la première présentation de l’EBR 75 dans son numéro de septembre 1952 à qui il trouvait un lien de parenté frappant avec celle de la Dyna, et pour cause…

En effet, il note que chaque cylindre est semblable à celui de la Dyna, mais son volume (500 cm3) est supérieur à celui de tous les modèles Panhard de tourisme.

LE MOTEUR

Ce moteur est un 12 cylindres à plat et refroidi par air dont la puissance atteint 200 cv à 3.700 t/mn avec un régime maxi de 4.000 tours.

  • Alésage : 80 mm
  • Course 100 mm
  • Couple maxi : 42 mkg à 3.000 t/mn
  • Couple correspondant au régime maxi : 35 mkg
  • Consommation minimum à plaine charge : 250 g./V /H

Le taux de compression se situe au-dessous de celui de la Dyna.

Pour le reste, la conception et la construction de chaque élément sont rigoureusement identiques à ceux des petites Panhard.

On retrouve en particulier, la culbuterie caractéristique.

Le cylindre est fixé au carter par des goujons.

La culasse fait partie du cylindre et n’est pas démontable.

Le graissage s’effectue par circulation d’huile.

Les bougies, étant placées à la partie supérieure, sont d’une grande accessibilité ainsi que les magnétos et les carburateurs.

Chaque groupe de six cylindres possède son arbre à cames et sa magnéto.

Les deux rangées sont décalées l’une par rapport aux autres de l’épaisseur d’une bielle.

Le carter central étant en deux parties se coupe suivant l’axe du vilebrequin.

Dans la partie avant de ce carter se monte la boite de distribution entrainant différents services (pompe à essence, magnéto, etc…)

La partie arrière se fixant sur ce même carter supporte le démarreur à inertie, entrainé par le moteur électrique.

Le vilebrequin à 7 portées est monté sur billes. Chaque maneton supporte deux bielles elles-mêmes sur roulements à rouleaux.

Le vilebrequin est constitué par des éléments séparés montés à la presse; chaque élément comporte la masse d’équilibrage.

Le graissage est réalisé sous pression. Moteur à carter sec.

Eclaté du moteur :

Le refroidissement est assuré par turbines : une par rangée de cylindres.

Il est obtenu de façon rationnelle sur chaque cylindre par des carénages appropriés.

Chaque groupe de cylindres possède un colleteur d’admission et un d’échappement.

Il existe d’autre part, à bord de l’EBR une petite génératrice, entrainé par un moteur à un cylindre identique à l’un des douze éléments du groupe principal, ce qui facilité beaucoup l’entretien et les réparations.

On notera qu’en cas de besoin, ce monocylindre peut servir de dépanneur et entrainer (naturellement au ralenti) toute l’automitrailleuse.

En ce qui concerne la partie mécanique, on voit que ce véhicule est riche en solutions originales, à commencer par ce 12 cylindres à plat.

La boite de vitesses se présente sous un aspect peu banal. Elle est dotée de 4 prises, deux vers l’avant et deux vers l’arrière.

L’embrayage est à multidisque. Un inverseur, un différentiel central (droite et gauche et deux répartiteurs à galets pour rattraper les variations d’adhérence entre roues avant et arrière.

SUSPENSION-DIRECTIONS

Alors là on touche au sublime avant Citroën et sa DS : les huit roues sont suspendues par des éléments hydropneumatiques avec cylindres, pistons, huile et azote !

Deux pompes haute pression et un accumulateur fournissent la pression à la suspension et aux assistances : relevage, freinage et directions, avec un « s » car l’EBR possède deux directions, une à l’avant et une à l’arrière, ce qui lui permet d’aller aussi vite en marche avant qu’en marche arrière.

De plus, elles permettent aux quatre roues extrêmes de pouvoir fonctionner en contre-direction, procurant alors une maniabilité extraordinaire : le rayon de braquage passe de 10m avec 2 roues directrices à 6m avec les 4 roues directrices = tout est dit.

PERFORMANCES

Elles sont étonnantes !

Malgré ses 12,8 t en ordre de marche, il atteint 115 km/h.

En tout terrain il gravit des entes de 60% :

Il franchit des tranchées de 2m :

Il traverse des gués d’1m20 :

Son rayon d’action est de 700 km.

LE REVERS DE LA MEDAILLE

La complexité de l’EBR 75 a posé quelques problèmes aux équipages et aux ateliers :

  • L’ordre d’allumage
  • Le schéma électrique
  • L’installation hydraulique surtout car lorsque un raccord d’huile lâche c’est le jet d’huile assuré.
  • Les roues agricoles avaient tendance à redescendre sur la route sans qu’on leurs demande.

Mais tout ceci n’est rien à côté de son efficacité et de sa maniabilité, sa tenue de route et sa vitesse de roulage, à tel point que les Jeep avaient du mal à suivre.

CARACTERISTIQUES GENENERALES :

IMPLANTATIONS GENERALES :

PHOTOS FACE ET PROFIL !

La version à 8 roues pneumatiques pour le sable :

SUCCES A LA VENTE, SUCCES TOUT COURT

 Moderne et performant, l’EBR sera pendant longtemps le blindé Panhard le plus populaire et sa carrière dans l’armée Française a duré 30 ans !

Sa production a atteint le chiffre remarquable de 1.200 exemplaires.

Panhard grâce à lui a été le premier exportateur d’engins militaire.

L’Indonésie, le Portugal seront ses principaux commanditaires.

Je ne parlerai pas ici de son armement et de ses exploits aux mains des Spahis de l’armée française, ce n’est pas l’objet de mes articles.

Mais plus prosaïquement de son rôle de transport de troupes que l’on voit ci-dessous sans sa tourelle :

Ce véhicule date de 1953 et porte le n° 212.

UNE BELLE BETE, MAIS CAPRICIEUSE

Comme toutes nos Panhard, la bête est capricieuse.

Si on se réfère au vécu de ceux qui l’ont pratiqué, l’EBR n’était pas toujours le paradis !

La chaleur et la fumée générée par les obus tirés envahissaient le compartiment à cause d’une mauvaise évacuation par une ventilation inefficace.

Une durite d’huile pouvait lâcher comme je l’ai dit plus haut et le pilote arrière dans son réduit était inondé d’huile à la manière d’une sardine dans sa boite !

L’avant en forme de proue ramassait tout ce qui se trouvait sur sa route et le conducteur en était la destination finale.

CONCLUSION

L’EBR restera regretté de tous ceux qui l’ont utilisé comme un bel exemple du savoir faire de Panhard dans son originalité et ses innovations avec ce 12 cylindres à plat qui en fait le Ferrari des engins blindés : respect !

Performant, maniable, perfectionné, il illustre brillamment la créativité technique de Panhard, à l’image de son génial créateur : Louis Delagarde

Cerise sur le gâteau, il rentrera dans l’histoire comme le dernier véhicule ayant transporté le général de Gaulle à sa dernière demeure :


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Une vidéo où Robert Panhard explique l’implication de Panhard dans les véhicules militaires :

Charly RAMPAL (Archives personnelles d’origines achetées à Panhard et dont les photos portent à leur dos les inscriptions manuellement écrites par l’archiviste Maison)