En 1952, la Panhard-Monopole de Hémard – Dussous, donnait à la marque de Poissy sa 3ème victoire consécutive à l’indice aux 24H du Mans.

A peine arrivé au bout de sa course, Jean Hémard, pilote de la Panhard-Monopole n° 60 et Directeur Général de la maison Pernod fils dans le civil, a simplement dit : « la mécanique était parfaite, aucun pépin, du départ à l’arrivée, nous avons tourné en … père de famille ».

Les vainqueurs des 24h à l’indice de performance n’étaient donc pas, apparemment, sortis de leur train train quotidien. Jean Hémard et Eugène Dussous ne sont-ils pas de bons papas : le premier a 6 enfants, le second 3 mioches ?

Tout s’est passé comme l’avait prévu de Montrémy, vainqueur en 1950 et 1951 à l’indice avec Hémard, ici au volant lors des essais usine sur route.

« On devait partir à bonne allure, sans pousser, pour régler, ensuite, la course sur les grosses cylindrées bien placées à l’indice ». Car de Montrémy savait bien que sur la piste sèche, les « gros bahuts » seraient avantagés.

L’équipe de Montrémy, Hémard, Dussous a respecté la programme sans la moindre défaillance, réglant les ravitaillements à la seconde près (à peine 13 mn d’arrêt en 24h) et ayant toujours en réserve une bonne quantité d’essence.

Le directeur des courses, Pierre Bourdereau, avait fait placer sur la petite voiture un réservoir de 85 litres (au lieu de 57), qui lui donnait une très grande autonomie de course, lui permettant même de sauter un relais (28 tours). Or, les dits relais se sont faits le plus régulièrement du monde et la capacité du réservoir n’a jamais été prise en considération.

La voiture victorieuse pour la 3ème fois en 3 ans, est une Dyna Panhard équipée de pneus Dunlop. Démontée complètement et modifiée dans les détails « avec quelques astuces personnelles » de Pierre Bourdereau, par le service course de Monopole-Poissy. Ici les deux voitures lors d’essais privés sur route ouverte :

La mécanique développait 35cv à 5.500 tours/mn et atteint 145 km/h.

Elle diffère de très peu du modèle de 1951. A peine quelques modifications de détail y ont été apportées : forme de l’avant, amélioration de la suspension (à l’aide d’amortisseurs hydrauliques) et du freinage (équilibré avec une nouvelle pompe hydraulique).

Cette victoire a été le fruit d’une longue et méticuleuse préparation. Les premiers essais avaient commencé à Monthléry au mois de décembre.

Dans cette longue préparation, chaque détail a son importance, la chose qui parait la plus insignifiante peut avoir des conséquences fâcheuses si elle n’a pas été vérifiée soigneusement.

Et Pierre Boudereau donne un exemple :
« Un jour, à Monthléry, une goupille de démarreur cassa. Ce n’est pas capital évidemment, mais que cela se produise pendant l’épreuve et c’est la victoire qui peut nous échapper. Ce sont ces petits riens qui constituent un ensemble. Aucun détail ne doit être tenu à l’écart et c’est par de longs et patients essais que l’on parvient à éliminer les imperfections. »

De son côté, Jean Hémard tenait à préciser : « Nous nous défendons d’établir une voiture de course. La Monopole à moteur Panhard est une voiture de Grand Sport, se rapprochant le plus de la voiture de série : c’est la signification que nous avons voulu donner à notre performance. »

Cette suite de victoires remportées par Monopole Poissy dans les 24h du Mans est, en effet, significative.

En 1949, Jean de Montrémy et Dussous sur une Monopole 1100, gagnaient la catégorie.

En 1950, de Montrémy et Hémard, sur Monopole-Panhard 610 cm3, s’attribuaient le classement à l’indice de performance.

En 1951, de Montrémy qui a renoncé à prendre le volant en course, s’associe à son beau frère, Jean Hémard, le directeur des fabrications des usines Monopole, et Dussous remportent non seulement le classement à l’indice mais encore la première place de la catégorie 750 cm3, allant jusqu’à bettre le record de la dite catégorie de plus de 130 km.

Cette fois, le plafond est atteint : indice, catégorie, record…

« La formule était serrée cette année, il ne fallait pas se permettre de fantaisie », racontait à l’époque M. Bourdereau.

Durant un an, le chef mécanicien Roger Cornu et ses deux compagnons, Richard et Richardeau, avaient fait du bon travail.

Et même si les 24h, c’est le classement à la distance qui prime et donne un spectacle sportif de qualité, c’est avant tout un Grand Prix d’Endurance et l’indice de performance traduisait les valeurs réelles.

N’a-t-on pas vu que le règlement accordait, à l’époque, une somme de prix de loin supérieure à celle dont bénéficie le classement à la distance ?

Charles Faroux disait à ce sujet : « Quand une Dyna Panhard, 2 cylindres, 612 cm3, roule pendant 24 heures à 117 de moyenne, faut-il donc être un spécialiste pour comprendre qu’elle a accompli une performance au moins égale en qualité à celle d’une 300 cv de 5.428 de cylindrée, 9 fois plus forte que la Dyna, qui pendant le même temps à roulé à 141 ?...

La voiture vainqueur sera exposée sur le stand Monopole au Salon d’Octobre 52 à Paris, comme depuis celui de 1950.

Charly RAMPAL