C’est au bout d’un ensemble de maisons bordant une départementale en direction de Lyon, qu’un banal bâtiment de ferme abrite l’une des plus populaires et des plus ancienne équipe de V.E.C. et V.H.C.

Les riverains ne font plus attention à ces marginaux troublant de temps à autre leur vie paisible d’habitants de la France profonde, par le bruit… pardon, la musique si caractéristique des moteurs Panhard respirant à l’air libre.

Quant aux vacanciers, lors des grandes transhumances, ils n’y prennent garde, car rien en fait n’attire l’attention si ce n’est le panneau P.L. émaillé récupéré lors d’une « fouille » dont ils ont le secret.

Bien sûr, on est à des années lumières du portail rouge à hublots de la Scudéria Ferrari, de l’immeuble hight tech de Mc Laren ou de la forteresse Honda.

Aucun signe extérieur de richesses. Même pas les camions aux fameuses couleurs marron deux tons, garés quelques fois le long de la route.

Pourtant ces ateliers mobiles parcourent la France à longueur de saison, de circuit en circuit, de course de côte en course de côte, souvent accompagné par l’ami Janiaud qui n’hésite pas à mettre la main dans un moteur qu’il connaît mieux que personne .

Quant à la commune de Peyrieu, elle pourrait s’enorgueillir d’abriter les secrets de ces fanas du V.H.C. en Panhard, mais elle ne risque pas d’attirer les touristes avec cet argument.

A Marseille ils auraient fait de l’ombre à Le Corbusier en baptisant leur garage « l’enclot des fadas » !

On ne fait pas le détour par Peyrieu, comme on entreprend un pèlerinage à Maranello.

Les quelques ruelles ne portent pas les noms de valeureux pilotes qui conduisent leur voiture à la limite : la vie ici ne tourne pas autour de la course.

Mais qu’importe… l’essentiel après tout n’est-il de gagner des courses en se faisant plaisir au volant de voitures qu’on aime et qu’on a préparées de ses mains ?

Car ces lieux en apparence anodins sont la base de référence de tout panhardiste en mal de compétition.

Et des victoires, il y en a eu et il y en a encore, peut-être plus rares, car l’opposition s’est professionnalisée et puis l’âge venant, les coups du sort que vous assènent la vie mettent un frein à toute bonne volonté.

Mais la centaine de coupes gagnées par Georges et Denise qui tapissent les murs de l’immense salle à manger, sont là pour rappeler au visiteur qu’il ne s’est pas trompé.

Et si les podiums sont impossibles pour nos petites cylindrées, c’est encore eux qui ont aligné le plus grand nombre de Panhard dans les manifestations sportives nationales et maintenant régionales, alors que d’autres, avec beaucoup plus de moyens, préfèrent jouer les années sabbatiques à perpétuité !

Depuis 1980, grâce aux Philippe, Panhard est toujours présent sur les circuits (les vrais).
On peut toujours critiquer leur caractère un peu bourru, leur préparation toujours trop sage, mais préférant, comme moi, la fiabilité, car c’est Georges qui bosse tout seul !

Mais ce qu’ils font est terriblement efficace appuyé par un très bon pilotage. Car il n’y a pas que le moteur dans une voiture faite pour la compétition. C’est un tout qu’il faut domestiquer et rendre homogène.

Bien sûr, il leur est très difficile de se vendre. Les endroits qu’ils fréquentent sentent plutôt l’essence et l’huile que le bois précieux ou le caviar frais. Et tant pis si beaucoup sont allés ailleurs attirés par le chant des sirènes de pseudo préparateurs.

Pour ma part, je leur serai éternellement reconnaissant de m’avoir mis le pied à l’étrier du VEC en me louant et préparant la 24CT rouge bien connue des plateaux « Tourisme » des années 80.

Car les Philippe ne sont pas des commerçants, mais la mécanique Panhard de course, ils la connaissent : je n’ai jamais eu de gros pépins mécaniques.
17 coupes sont venues sanctionner ces quelques années de VEC que j’ai données à mon ami Gérard Dantan pour décorer son garage.

Pourtant quelle meilleure carte de visite que le résultat d’une course ou un chrono d’enfer ?

C’est pourquoi derrière ces murs sans chichi se cachent (c’est peut-être le mot) Georges et son fils Christophe entrain d’affiner tous les réglages pour la prochaine course.

Pourtant, l’abord est difficile, il faut gagner leur confiance car ils ont trop connu d’enthousiastes sans énergie.

Et puis, comme chez la Jeanne de Georges Brassens, le gîte et le couvert seront toujours ouverts pour héberger un panhardiste égaré dans le coin ou en mal de conseils.
Pourtant ils savent que peu de choses séparent la réussite de la médiocrité.

Voilà pourquoi, ils n’ont jamais baissé la cadence, même si aujourd’hui, ils ont fait le tour de la question et rangé leur DB LeMans et la fameuse Barbonie blanche avec laquelle Denise se battait avec Martine Benakila pour la coupe des Dames..

Cependant, ils se rappellent tous les ans au bon souvenir des pilotes de VHC en participant à quelques sorties régionales et à leur course de côte favorite : St Hippolyte / Montécheroux dans la quelle ils trustent les victoires de catégorie au volant d’un DB HBR pour Denise

et la MEP X2 pour Georges qui a fait la UNE de l’affiche 2012.. Mais leurs voitures ne sont pas nominatives et ils se passent volontiers les volants pour croiser leurs impressions.

Une petite vidéo pour illustrer cette course de côte :

Aujourd’hui, à la manière de Claude Gayraud, les hangars des Philippe abritent une fabuleuse collection des engins de notre passé rural, car ils se sont tournés depuis quelques temps vers une occupation plus paisible mais tout aussi passionnante : la restauration de tracteurs anciens !

Car Georges est un sacré mécanicien de travaux public : son métier.

Charly RAMPAL