En 1936, avec l’apparition de la Dynamic, Panhard, précurseur en tout,  voulait ouvrir une nouvelle ère en automobile, de l’inédit, un étape dans la construction de voitures nouvelles, une création étonnante, quelque chose comme le premier-né d’une race.

Hélas, 4 ans plus tard, sa trajectoire avait été interrompue par la 2ème guerre mondiale qui allait changer totalement l’approche de l’automobile de l’après-guerre : plus rien ne serait comme avant.

Voyons comment la presse de l’époque avait accueilli cette nouveauté.

L’IDEE DE DEPART

« Donner à six voyageurs un confort égal pour tous et d’une qualité réellement inconnue jusqu’à ce jour ».

Idée heureuse et charitable entre toutes : la disparition du parent pauvre au banquet de la route !

Idée heureuse mais redoutable, car elle posait deux des plus âpres problèmes qui ont fait jusqu’à présent pâlir les ingénieurs de l’automobile, à savoir : l’alliance de la grande capacité intérieure et du maintien de la légèreté des lignes extérieures ; la combinaison de l’extrême douceur de la suspension avec la rigueur de la tenue de route, cela si on se replonge dans le concept des années 30 où les voitures étaient des camions déguisés.

Avec la Dynamic, Panhard a réussi ce cocktail.

Tout d’abord, la solution classique des six places « en couloir » deux par deux, à la file, en rang d’oignons, ne pouvait permettre d’atteindre à l’égalité de confort.

Au couloir, Panhard a donc substitué le salon, en groupant les occupants trois par trois, sur deux larges banquettes.

Des banquettes de 1m55, dimension reconnue nécessaire à trois personnes normalement assises sans se gêner mutuellement, des personnes de taille normale aussi, pas encore élevée au Nutella.

Cette dimension jamais atteinte, à une époque où le SUV n’était pas encore dans le langage courant, pour des raisons d’esthétique, Panhard a pu l’adopter grâce à sa solution panoramique, laquelle oppose aux massifs pieds classiques encadrant lourdement le pare-brise, des glaces d’angle, serties dans d’étroits montants d’acier.

De ce fait, la largeur de l’ensemble se trouve optiquement diminuée de celle deux glaces et l’avant conserve toute sa légèreté.

Visibilité avant des voitures ordinaires :


Visibilité avant avec la Dynamic :

Puis on a disposé la banquette arrière très en avant du pont selon les règles essentielles d’une bonne suspension et l’on a placé le volant au centre.

Le volant au centre ? Etait-ce pour réconcilier la droite et la gauche républicaine ? Que nenni, plus simplement par raison et par logique.

Pour cela, écoutons les spécialistes des années trente comme Charles Faroux :

« Le volant au centre, première et heureuse révolution que prêchait depuis toujours le bon sens. Avec les carrosserie actuelle, une voiture où se trouve le seul conducteur, à droite ou à gauche, est tout de suite déséquilibrée… »

Quant à Maurice Philippe, il déclare :

« Avec la direction au centre, le conducteur se sent en pleine sécurité par un champ parfait de visibilité dont il occupe le centre , et il éprouve cette sensation particulière : diriger vraiment la voiture en étant placé dans son axe au lieu de la mener, soit de la droite, soit de la gauche, « tout de travers ».

L’observation parait, en effet, évidente.

La nouvelle direction Panhard n’est pas seulement nouvelle par son emplacement, elle l’est aussi par la technique.

La barre d’accouplement y est en effet supprimée et chaque roue est commandée individuellement.

« Il faut en avoir tenu le volant pour savoir ce qu’il possède de douceur et de précision et combien toute vibration lui est inconnue », répétait-on à longueur d’essais.

LA SUSPENSION

La suspension et la tenue de route sont étroitement liées : était-ce vraiment impossible d’avoir les deux à la fois ?

Et voilà que la Dynamic réalise l’accord des contraires et un accord parfait, grâce à l’action combinée d’une suspension très particulière et d’un système d’attache entièrement neuf de la carrosserie à la partie mécanique.

La suspension est constituée par des barres de suspension combinées avec des amortisseurs hydrauliques.

Chacune des roues avant a sa propre suspension comme elle a sa propre direction, de sorte, comme l’a dit Charles Faroux, qu’elles sont en fait individuelles (on dirait indépendantes de nos jours).

« Il en résulte un accroissement considérable de la désirable indépendance, elle-même cause déterminante de la suppression du shimmy, dont la disparition, évidemment, ne laissera de regrets à personne. »

De nombreux roulements donnent au système une souplesse de balance de précision et une résistance qui défie l’usure, par suite de la disparition de toute espèce de jeu.

«  Quant à la fixation de la carrosserie à la partie mécanique, tout ce que l’on peut dire, c’est que le résultat « suspension-tenue de route » auquel la Dynamic est arrivé et qu’il faut bien qualifier de sensationnel dépend, pour une large part , de sa merveilleuse – et si simple – ingéniosité. »

Et de poursuivre : « Panhard a beau avoir la réputation de pousser très loin le juste et joli souci du détail, sa Dynamic à cet égard, passera pour une gageure tant elle forme un extraordinaire concours d’ingénieuses recherches et d’amusantes trouvailles : témoin la serrure « à percuteur », inspirée du fusil de chasse : avec elle, on ne claque plus la porte. »

C’est comme l’accès à la voiture est facilité par la découpe des portes qui épouse la courbure du corps.

Le compartiment à bagages est accessible de l’extérieur et permet de loger aisément plusieurs grandes mallettes.

Les sièges avant coulisses. Commodité d’accès au réservoir arrière où se trouve la roue de secours et aux accumulateurs.

Les roues sont apparemment très légères et faciles à changer à l’aide d’un cric dont la mise en place serait un jeu d’enfant !

L’entretien est ramené au minimum vital et le graissage proche de zéro.

Sans oublier les deux particularités qui ont fait la réputation de Panhard : la boite à 4 vitesses silencieuses avec dispositif de roue libre et servo-débrayage.

«  Tout s’enveloppe d’un cachet inédit et personnel, et se présente sous des lignes issues d’un aérodynamisme clairvoyant ».

En effet, à la regarder sous cette optique, on constate que les ailes, les phares, les pare-chocs ont leur personnalité.

Le carénage des roues avant qui prolonge si heureusement l’harmonie générale de la voiture, à la manière de la Nash Rambler des années cinquante, a pu être réalisé sans que le braquage, qualifié « d’exceptionnel » par les journalistes, en soit compromis et aussi sans que l’on ait à subir l’ennuyeuse obligation de démonter la joue pour atteindre la roue, comme ce sera la cas plus tard avec la DS.

La carrosserie est en acier : indéformable et insonore, avec un pavillon blindé et soudé électriquement.

La voiture est surbaissée intelligemment pour répondre aux contraintes aérodynamiques afin d’assurer l’écoulement de l’air entre le plancher et la route : on n’est pas encore à l’effet de sol.

Les freins sont d’une extrême puissance par rapport à ce qui se faisait dans les années 30.

Ils ont composés de segments extensibles utilisant la presque totalité du tambour : ils sont commandés par deux pompes hydrauliques qui doublent la sécurité habituelle.

Le frein à main direct est  à commande indépendante.

Le moteur est toujours le sans-soupapes, moteur validé comme économique et à haut rendement auquel Panhard est resté fidèle, et qui a encore était amélioré par une culasse en aluminium, avec pompe et thermostat ce qui luis a permis d’en augmenter la puissance.

 Le poids da la voiture a été aussi allégé ce qui, couplé avec la puissance du moteur, lui donne des accélérations brillantes et une moyenne surprenante obtenues avec une consommation d’essence très basse en regard de sa cylindrée : ce qui a été une très bonne surprise lors des essais réalisés par la Presse automobile.

LA GAMME

CONCLUSION

Et ceux-ci de conclure de manière dithyrambique sur la Maison Panhard qui sont loin des commentaires dont l’Auto-Journal nous habituera !

« Pas une improvisation ! Un long, sage, méticuleux enfantement !

Chez Panhard, tout est réfléchi, pesé, mesuré, éprouvé.

La Dynamic se présente au public avec une homologation de 800.000 kilomètres d’essais préalables.

Pendant 18 mois, on aurait pu voir chaque soir les prototypes s’élancer des ateliers de l’avenue d’Ivry pour affronter la route, lui arracher ses enseignements, subir les surprises de tous ses terrains, en rapporter aux bureaux et aux laboratoires pour leurs travaux de jour, des observations, des calculs, des indications essentielles ou de profitables suggestions.

Le laboratoire et le bureau d’étude le jour. La route, la nuit.

Seul est probant l’essai sur route : c’est sur la route seule et non sur l’autodrome, que tous les organes jouent.

La Dynamic n’arrive donc pas au monde à l’âge des premiers pas et du balbutiement, mais comme Minerve, adulte, aguerrie, tout armée  – matérialisation élégante et caractéristique de ce brillant dynamisme de notre époque qui est la source de tant de progrès.

Hélas, cette embellie ne va pas durer et le seconde guerre mondiale va tout bouleverser vers un autre monde automobile, entre autres…

Charly RAMPAL         (Doc. De la Presse d’époque et pub perso)