C’est l’année de la terrible catastrophe des 24 Heures du Mans.

Un mois avant quelques protagonistes (DB en particulier) été venus à Montlhéry parfaire la mise au point de leur voiture sur la même durée : les 24 Heures de Paris .

Cette épreuve d’endurance parisienne est née en 1927.

Chaque année au cours de mois d’avril ou mai, cette épreuve prendra de plus en plus d’importance.

En 1955, les dates retenues seront les 14 et 15 mai.

Ce que la presse retiendra de cette course, c’est le très beau départ des Gordini qui prennent immédiatement la tête et qui la conservent durant 12 heures.

C’est alors que leurs suspensions commencent à flancher entraînant l’abandon des voitures.

Les ennuis mécaniques font des ravages parmi les concurrents et Porsche tire son épingle du jeu en finissant aux deux premières places (respectivement les équipes Auguste Veuillet – Gonzague Olivier et Josef Jeser – Annie Bousquet) à plus de 130 km/h de moyenne.

Les deux allemandes sont suivies d’une Maserati, d’une Gordini et de la.. 203 de Cortanze – Dernier qui réussit un exploit remarquable.

60% de déchet : 52 voitures au départ et 21 à l’arrivée !


Pour nous panhardistes, nous avons eu notre lot de déconvenues, à commencer par Jean Pagès..

LE CHAT NOIR DE JEAN PAGES ET SON DB

Parmi les premières victimes, on note l’équipage Pagès / Le Guezec sur tank DB-Panhard. En effet, c’est à 18h30 que Jean Pagès alors au volant, grippe un piston.

Rentré à son stand, il entreprit de changer piston et segments.

L’arrêt durera près de 3 heures.

Une fois reparti, il fallut roder ces éléments neufs.

Tout alla bien jusqu’au moment où le support de dynamo cassa.

Nouvel arrêt d’une demi-heure, de 8h30 à 9h.

Deux heures plus tard, Le Guézec cassait un tambour de frein.

Il repartait et lorsque 3 heures avant la fin Pagès prit le relai, le démarreur ne marchait plus !

Une réparation de plus qui les classera à la dernière place du classement. Moralité : plus de 5 heures dans les stands à réparer !

ARMAGNAC A EU CHAUD

Au début de la nuit, Armagnac, qui pilotait une des deux DB de René Bonnet, était victime d’une faute de Stempert, futur vainqueur de la catégorie.

Dans les lacets de Couard, Stempert (sur sa barquette Panhard) se mit en travers devant Armagnac qui sortit de la route.

La voiture s’ensabla et le pilote eu un mal considérable pour l’en sortir.

« Stempert était désolé de cet incident, racontait René Bonnet. Toutefois, il est venu me trouver et s’en excuser. »

Nous ne pouvons que féliciter Stempert pour ce beau geste.

Pourtant René Bonnet espérait.

Toute la nuit, il avait tout calculé pour réduire les écarts.

Ses deux voitures tournaient vite, mais irrégulièrement.

Cependant, il voulait finir. Storez-Cornet et Armagnac-Picard firent tout leur possible.
Mais le retard était trop grand. Storez devait plus tard prendre une foule de risques pour combler ce retard, mais abandonna 6 heures avant la fin.

Nullement déçu, car il savait que ses voitures manquaient de mise au point parce qu’il n’en avait pas eu le temps, il ne renonçait pas et s’estimait satisfait d’en voir une finir.

C’est donc un équipage azuréen, le cannois Raymond Stempert et le niçois Lucien Bonnet qui enlevèrent la catégorie de moins de 750 cc.

Voici en quels termes, Stempert résuma sa course :

« Aucun problème : aux essais nous tournions en 3’50’’. Aussi nous avions basé notre ronde sur 3’55’’.
Aux Mille Miles, nous avions abandonné parce que notre Panhard avait eu une rupture de canalisation du côté de Rimini.

Cette fois, rien de tel, si ce n’est un simple petit rafistolage de notre pot d’échappement qui voulait nous abandonner.

Nous avons tourné fort régulièrement, consommant environ 10l aux 100km ».

Dans la catégorie jusqu’à 750cc, les Panhard feront la loi :

Les frères Chancel, également sur Panhard, ayant abandonné, Stempert prit le commandement de la classe et terminera à la moyenne horaire de 114,418 km, avec le 745 cc Panhard amélioré

Il sera suivi par Mme Simone –De Montrémy sur Panhard-Monopole.
Armagnac-Picard se classeront 5ème
6ème : Blanchet-Hairdan sur Panhard.
Les dernières places seront occupées par des Renault. Seule la VP d’Héchard se mêlera aux Panhard en s’offrant une 4èm place.
Belle victoire donc, d’un particulier amoureux de la mécanique Panhard et du sport qui va avec.

Charly RAMPAL (D’après le compte-rendu du journal L’Equipe, Photothèque du Panhard Racing Team, Jean Pagès, Raymond Stempert)