Le Tourist-Trophy Britannique est pour nos amis d’Outre Manche ce que les 24h du Mans sont pour nous.

Les origines de cette course remonte à 1905, avant même que ne fût disputé la première Targa Florio ou même le premier Grand Prix de France.

D’abord disputé dans l’Ile de Man, puis sur le circuit des Ards, en Irlande du Nord, elle fut transféré ensuite à Donington Park, en Angleterre, et se déroule depuis 1950, de nouveau en Irlande du Nord, sur le circuit routier de Dundrod.

Depuis la fin de la guerre, c’est la première fois que l’on y compte un nombre de voitures étrangères aussi important.

Jusqu’alors, elle souffrait d’une impopularité dans certains milieux continentaux, en raison même de la formule « handicap ».

Les résultats de 1954 n’ont pas été favorables aux voitures britanniques.
En effet, une seule s’est classée dans les six premiers, alors qu’on pourrait s’attendre à ce que les honneurs reviennent soit aux Jaguar, soit aux Aston-Martin.

Il semble que les organisateurs qui avaient calculé le handicap de cette course d’une manière un peu large, ont été surpris de la rapidité de nos petites 750 DB-Panhard et il est fort possible qu’en 1955, ils révisent leur jugement !

Il faut remonter en 1938 pour trouver une victoire française sur ce même circuit.

Il y a tout lieu de s’en féliciter, bien qu’il ne faille cependant pas s’enthousiasmer.

La formule, telle qu’elle était établie, et surtout le mauvais temps qui a sévi tout au long de la course, n’ont pas été étrangers au succès de nos couleurs.

Cette course à handicap eut lieu le 11 septembre sur 67 tours de circuit pour les 750 cm3 et 94 tours de circuit, soit 1120 km, pour les plus de 5.000 cm3..

Le côté favorable de la réglementation avait déplacé l’équipe DB avec 3 voitures fraichement revenues du Mans auxquelles il fallait ajouter Georges Trouis habitué aux circuits anglais.

Les 4 DB engagées étaient donc :
– N°49 : Philippe Berinstain et Georges Trouis sur DB 775 qui abandonneront.
– N°51 : René Bonnet-Elie Bayol (DB 797) qui abandonneront sur sortie de route.
– N°52 de Laureau-Armagnac (DB 798) qui se classera 1ère.
– N°53 : Jean Lucas et Jean Feuz sur DB-Renault qui abandonnera à la 2ème heure (boite de vitesses).

Autre fait remarquable : les Ferrari, sur ce circuit difficile, ont distancé les Lancia dans le championnat des voitures de sport.

De grands noms prenaient part à cette course. Seuls manquaient à l’appel Gonzalès et Maglioli, tous deux sur Ferrari : le premier ayant été accidenté lors des essais, le second ayant dû repartir précipitamment en Italie, au chevet de sa mère mourante.

En ce qui concerne Gonzalès, le bruit courait que la mort de son camarade Onofre Marimon l’avait tellement affecté qu’il songeait à abandonner la compétition.

Aussitôt le départ donné Rolt, sur Jaguar 3,5 litres, se portait en tête, suivi par Ascari, sur 3,8 litres Lancia et Swaters (Jaguar XK 120 C).

Mais le premier tour n’était pas couvert que les positions de tête avaient déjà complètement changé.

Ascari passait le premier devant les tribunes, précédant Hawthorn, Rolt, Fangio et Collins sur Aston Martin.

Après 10 tours, Hawthorn, avait déjà établi un record à la distance et menaçait même les DB à l’indice.

La Ferrari était à son affaire sur ce circuit vallonné et sinueux, et tenait la route beaucoup mieux que les Lancia : ses vitesses de pointe étant supérieures de 13 km à celle de sa concurrente.

Le premier abandon fut celui de Fangio, pour un motif futile : fuite au réservoir.
Mais il reprit la course sur la voiture de Taruffi.

Après deux heures, on se rendit compte qu’i serait très difficile aux grosses cylindrées de rattraper les DB-Panhard installées aux deux premières places.

Les positions étaient alors les suivantes :
En tête l’équipe Bonnet-Bayol, suivie de Laureau-Armagnac, toutes deux sur DB-Panhard.
Venaient ensuite, Hawthorn-Trintignant (Ferrari), puis Moss-Walker (2,5 litres Jaguar), puis Ascari-Villoresi sur Lancia et Musso-Mantovani sur Masérati..

La Jaguar qui était en tête des grosses cylindrées bénéficiait de l’avantage au handicap. Elle recevait huit tours de crédit contre quatre seulement à la Lancia.

La position de la DB de Bonnet-Bayol paraissait inattaquable, jusqu’au moment où, après environ quatre heures de course, elle rata un virage et quitta la route, heureusement sans dommage pour le pilote.

L’autre DB de Laureau-Armagnac, qui tournait avec une grande régularité, prit alors la tête pour ne plus la lâcher jusqu’à la fin.

Les pilotes des grosses cylindrées, d’ailleurs, renoncèrent assez vite à ce combat devenu trop inégal, se contentant de lutter pour la 3ème place qui revint finalement à la Masérati de Musso.

CLASSEMENT GENERAL :

1 – Laureau-Armagnac (745 DB-Panhard)
2 – Hawthorn-Trintignant (Ferrai 3 litres)
3 – Musso-Mantavoni (Masérati)
4 – Taruffi-Fangio (Lancia 3,3 litres)
5 – Whitehead-Whaston (Jaguar 2,5 litres)
6 – Manzon-Castellotti (Lancia 3,3 litres)
7 – Gallaghar-Cahill (Gordini 1,5 litres
Etc…

Charly RAMPAL (Documents d’époque)

Rappel : pour agrandir les photos, cliquez dessus, pour revenir au texte, cliquez sur la flèche du retour en haut et à gauche.