TOUR DE CORSE HISTORIQUE 2015 : UNE DYNA Z1 CREE L’EXPLOIT !
La 15ème édition du Tour de Corse Historique fera date dans l’histoire de montre marque Panhard.
En effet, après la belle prestation de la PL17 dans le Monte-Carlo Historique aux mains de Pierre-Henry Mahul et son mécano, Reynald Vercoutter, les voilà qui remettent le couvert pour cette prestigieuse épreuve sur l’Île de Beauté au volant d’un Dyna Z1 qui, sur le papier s’avérait plus performante.
Hélas, Reynald ne pourra y participé, bloqué à Paris par un empêchement familial… Pierre-Henry Mahul dut lui trouver en hâte un remplaçant. Ce qui n’empêchera pas Reynald d’assurer la hot line tout au long de l’épreuve.
A la dernière minute, Thierry Arraïs eu la lourde tâche de se plonger à froid dans les notes et un rallye difficile qu’il découvrait. A tel point que les organisateurs n’eurent même pas le temps de mettre à jour leur fichier, laissant apparaître pour la postérité le nom de Reynald Vercoutter aux côtés de Pierre-Henry Mahul.
Nous connaissons tous l’importance du co-pilote en rallye et Pierre-Henri n’eut que des félicitations à faire à Thierry, car c’est à lui qu’il doit ce beau résultat.
A quoi aurait servi la défonce légendaire de Pierre-Henry Mahul au volant de cette Z1 si Thierry n’avait pas été là et à la hauteur pour calculer leur position en permanence et savoir faire ralentir le pilote au bon moment ?
LA VOITURE
Achetée en juillet dans la région de Digne et livrée à Paris courant juillet, Reynald n’eut que très peu de temps pour en faire le tour et l’équiper des éléments nécessaires au chronométrage des épreuves de régularité dans lesquelles la voiture était engagée : les branchements seront même terminés sur place ! Pas le temps de profiter de la plage…
Déjà préparée pour courir avec des tambours ETA, Reynald devra cependant changer l’intégralité de la ligne d’échappement, modifier le double allumage, et faire une révision générale pour une nécessaire fiabilité, car aucune assistance mécanique n’avait été envisagée après le forfait de Reynald. Il n’eut même pas le temps de changer la boite de vitesses dont les synchro avaient joué la fille de l’air !
Pierre-Henry Mahul, conscient de ce problème, deviendra le roi du double débrayage en montant comme en descendant les rapports…
Bien entendu tout l’équipement homologué VHC a du être monté : sièges baquet, ceintures, extincteurs, etc…
La voiture et le nouveau co-pilote seront néanmoins dans les temps pour se présenter sur le Terminal d’embarquement pour la Corse : l’exploit commençait déjà !
LA COMPETITION
Deux épreuves balisaient cette compétition : celle réservée au VHC dans la quelle on retrouvait les gros bras du passé : Porsche, Lancia Stratos, Alpine Berlinette, R5 turbo, BMW M3, Ford Escort RS, Ascona 400, etc… avec tout leur arsenal d’assistance et des voitures engagées en VHRS (régularité) : A112 Abarth, Ford Anglia, Lancia Flavia, NSU, Volvo, Alfa Sprint, Austin Healey, etc… et l’unique, la seule Panhard qui ait osé se présenter avec une Traction 11BL : la Dyna Z1.
C’EST QUOI LA REGULARITE ?
Les équipages doivent parcourir les tests de régularité à une moyenne fixée par les organisateurs et selon le choix de moyenne fait par le concurrent.
Pour chaque test de régularité, le chronométrage automatisé par système G.P.S. sera effectué à la seconde. Chaque seconde au dessus ou au dessous du temps imparti aux points relevés par G.P.S. (basé sur la distance depuis le départ et la moyenne imposée) entrainera une pénalité d’une seconde.
Ex: Moyenne définie 45 km/h / Longueur du secteur de test de régularité 5, 1 km / Temps idéal : 6 mn. 48sec.
- a) Temps réalisé: 6 mn. 59 sec. = 11 secondes de pénalité.
- b) Temps réalisé: 6 mn. 31 sec. = 17 secondes de pénalité.
L’organisateur prévoira des points de chronométrage intermédiaires, à sa seule discrétion, à n’importe quel lieu des tests de régularité. Le chronométrage à ces lignes intermédiaires sera également effectué à la seconde. Chaque seconde de différence avec le temps idéal entraînera une pénalité d’une seconde.
Pour un même test de régularité, il peut donc y avoir une ou plusieurs pénalités. Un dépassement de la moyenne de plus de 10% (moyenne haute), conduira à l’exclusion.
MAIS SUR LE TERRAIN, CA DONNE QUOI ?
Pour vous donner une idée, la Régularité Sportive au Tour de Corse de Yves Loubet mérite bien son qualificatif.
Demandons à Pierre-Henry Mahul comment tout cela se passe sur la route :
« C’est grosso modo 90% d’attaque au maximum dans le lent, les montées et les parties difficiles et 10% de régulation dans les descentes et le rapide.
La difficulté étant précisément de savoir où se trouve le point kilométrique 12.34 ou la vitesse moyenne doit passer de 64 à 73km/h pendant 3.54km pour revenir à 64 ensuite.
Imaginez que tu as attaqué comme une bête pour essayer d’approcher les 64km/h de moyenne et quand tu penses que tu vas y enfin y arriver, il faut immédiatement te réguler pour ne pas être emporté par le rythme et dépasser la moyenne.
Comme vous pourrez le constater à la lecture des résultats des spéciales nous avions souvent avec 1 ou 2 secondes (parfois même zéro) de différence sur le temps idéal grâce au travail et à la concentration de Thierry.
Une anecdote : nous avions bien installé un appareil de mesure de la distance très précis avec un capteur de mesure sur la roue ARD mais celle-ci était en l’air un virage sur deux .
(Dans l’autre c’était la Gauche qui levait). La mesure indiquée était donc fausse ( jusqu’à 400m d’erreur sur 10kms) il fallait que Thierry se repositionne en permanence sur le parcours et ré-étalonne l’appareil. Un vrai travail de pro.
Je pense qu’à l’avenir nous monterons un deuxième capteur sur la roue AVG de façon à obtenir une indication moyenne plus précise. »
AMBIANCE
Sponsorisée cette année par la célèbre entreprise de vente de pièces détachées neuves sur internet, OSCARO, cette épreuve historique se déroulait du 5 au 9 octobre dans le sillage de l’épreuve WRC.
Si cette contrée méditerranéenne est connue pour la qualité de son climat ensoleillé, cet astre bienveillant était tombé sur la tête en cet automne 2015, causant des dégâts importants et l’annulation de la cinquième et dernière étape !
Dès les engagements lancés, les organisateurs, sous la férule d’Yves Loubet, soulignaient le succès : 282 dont 170 en VHC (compétition) , 106 en régularité et 6 ouvreurs : à rapprocher des 138 équipages en WRC !
Des ouvreurs à ne pas négliger puisqu’ils avaient pour nom Jean Claude Andruet par exemple sur Ferrari 308 GT ou Bernard Fiorentino au volant de son fameux spider CG/MC au moteur JRD…
Dans la catégorie VHRS (régularité) qui intéresse notre Dyna Z1, on retrouve une époque lointaine comportant « les véritables antiquités » que je vous ai citées plus haut !
Un classement général par points, allait occasionner de belles surprises !
Saluons les organisateurs qui n’avaient pas négligé cette catégorie qui disposera pour la première fois de sa propre direction de course, de sa « relation concurrents » et du service de Tripy pour les classements, afin de donner à cette catégorie un véritable rendez-vous sportif plutôt que des sourires de complaisance.
Mais sur le terrain, les Panhard déclenchent toujours une émotion particulière. Comment Pierre-Henry Mahul l’a-t-il ressenti ?
« A ce propos il est difficile de décrire l’enthousiasme que procure cette auto dans le public et jusque chez les organisateurs !
On ne compte plus les postes de commissaires où tel ou tel nous racontait la Panhard de sa famille ou de sa jeunesse !
Et pour tous la même question : est ce qu’elle est équipée du fameux Tigre ?
Et tous les visages d’opiner respectueusement du chef après notre réponse par l’affirmative.
Trois authentiques Corses nous affirmant avoir gardé une PL vingt ans dans le garage avant de la vendre une bouchée de pain ; il y a quelques mois ou quelques années. »
PORTO-VECCHIO : MON AMOUR !
C’est dans la ville du sud de la Corse et de ma première femme, que Porto-Vecchio sera le point de départ et d’arrivée, pour la seconde année consécutive : on ne change pas une ville qui gagne… à être connue !
Dès le lundi 5 octobre les incontournables contrôles administratifs et techniques vont se dérouler dans le cadre du port de commerce en bordure de mer au niveau du port de plaisance.
Vers 19h, une parade devait avoir lieu dans la ville pour une présentation des équipages sur un podium installée sur la place, en plein centre. Hélas, un gros accident ayant complètement interrompu la circulation à Bastia (lieu du débarquement), avait retardé les concurrents.
Conclusion : Direction directement vers le parc fermé en bord de mer.
LES ETAPES :
Près de 1100 km attendent les équipages du Tour de Corse Historique, dont plus de 360km face au chronomètre
Le lendemain, mardi 6 octobre, les choses sérieuses allaient commencer par 2 épreuves autour de Porto-Vecchio, avec 113,5 km dont 41,2 km chronométrés
Les VHC d’abord, puis les VHRS.
Déjà, le duo Pierre-Henry Mahul – Thierry Arraïs faisait merveille et la Z1 n’allait pas les décevoir en terminant à la 12ème place du général ! Il suffisait simplement de vérifier les niveaux à chaque parc fermé :
– Deuxième étape le mercredi 7 octobre : Porto-Vecchio – Quenza – Porticcio 225,4 km dont 73,3 km chronométrés
La Dyna Z1 termine 15ème au général.
– Troisième étape le jeudi 8 octobre : 3e étape. Porticcio – Vico – Porto 173,8 km dont 69,9 km chronométrés
Dyna Z1 termine 12ème au général
– Quatrième étape vendredi 9 octobre : Porto – Ponte-Leccia – Île-Rousse 286,9 km dont 96,4 km chronométrés
La Dyna Z1 remonte à la 11ème place du général.
– Cinquième étape : Île-Rousse – Aleria – Porto-Vecchio
Comme annoncé, il pleuvait pour cette dernière étape ! Suite aux récentes intempéries ayant occasionné des dégâts importants sur la route reliant Murato et Volpajola, les épreuves 14 et 17 étaient annulées.
La Dyna Z1 terminera donc à une brillante 11ème place du classement général des VHRS, sans aucun soucis mécanique, mis à part un important jeu au niveau des trains arrières après 4 jours de rallye : les successions d’épingles, souvent en dénivellation, vaillamment passées dans la position du « chien qui pisse » (sur 3 voire sur 2 roues !) ont fini par ovaliser les boitiers alu des essieux arrière libérant les roulements. !
Diagnostiqué à distance, dans l’impossibilité de remédier au problème mais rassuré par Reynald, Pierre-Henry Mahul put attaquer comme à son habitude, malgré la proximité des dangereux ravins !
Ce qui est un véritable exploit quand on connaît les routes Corses !
Sur le podium des VHRS, on trouve 3 belles voitures :
OLIVIERI Alessandro/RAINISIO Césare / FORD Anglia n°293
2 ROSSI Eugénio/TARENZI Marco / LANCIA Flavia coupé n° 292
3 VAN HECKE Corinne/VAN HECKE Christian / AUTOBIANCHI A112 Abarth n°296
A l’arrivée à Porto-Vecchio, la Z1 n°304 avait réussi l’impossible exploit de terminer 11ème sur les 106 engagés et sans aucun soucis mécanique : l’équipage pouvait se féliciter.
CLASSEMENT GENERAL DES 30 PREMIERS :
METTRE PHOTO “TDC-GENERAL”
Les lampions du Tour de Corse Historiques se sont éteints et chacun va regagner sa région d’origine.
Mais avant de partir, demandons à Pierre-Henry Mahul ses impressions au volant d’une voiture qu’il découvrait en compétition :
« Ce qui est certain, c’est l’adéquation de la Dyna Z1 au Tour de Corse : une maniabilité diabolique pourvu que l’on n hésite pas à la faire survirer à la demande.
Pour cela, un frein à main hydraulique sur les roues AR sera la prochaine amélioration avec le désembuage et des essuie glace de 17.
Cette Z1 a des liaisons au sol étonnantes de tolérance et de confort sur les trous et les bosses des spéciales défoncées (à noter que nous avions la suspension AR à amortisseurs Houdaille d’origine qui ont donné toute satisfaction) .
Pourquoi les supports de roulements AR ont-ils lâchés ? Un mystère vieux de 60 ans ! »
L’AVENIR DU FUTUR
Alors Pierre-Henry, après cette découverte enthousiasmante, quelle sera la prochaine épreuve officielle où nous pourrons voir des Panhard en Rallies ?
« Nous comptons cet hiver nous engager au Monte Carlo, mais aussi et surtout susciter d’autres vocations à faire courir les Panhard. Idéalement mes deux Z1 et ma L1 sans oublier mon break ’65 et Reynald comme assistance.
Nous avons déjà un de nos concurrents sérieux du Tour de Corse, qui est arrivé devant nous dans les 6 premiers, avec une voiture beaucoup plus puissante : il s’est montré intéressé et séduit par la Panhard et ses performances, alors pourquoi pas ? ».
Une petite Vidéo pour résumer ambiance et prestation :
Charly RAMPAL
Rappel : pour agrandir les photos, cliquez dessus, pour revenir au texte, cliquez sur la flèche du retour en haut et à gauche.