LES ETUDES :

On trouvait aux Etudes de petites équipes d’hommes remarquables qui assureront toute la créativité de PL.

Aujourd’hui les bureaux d’études des constructeurs automobiles comptent parfois plusieurs centaines de collaborateurs assistés de moyens informatiques ultra-puissants.

A l’époque, avenue d’Ivry les différents départements occupaient chacun une dizaine de personnes et quelques planches a dessin mais aussi et surtout on y trouvait une formidable motivation pour le travail bien fait.

II y avait chez Panhard 4 bureaux d’études : la mécanique, la carrosserie, l’outillage et les châssis.

Le directeur des bureaux d’études était M.Schaeffer, un ancien entre a l’usine en 1895 comme compagnon et qui devint par son travail ingénieur-maison.

Sa mission était essentiellement de gérer les services et d’y remplir les taches administratives.

Bien que son domaine d’activité fut plutôt la mécanique, il devait coordonner les différents bureaux, ce qui n’était pas toujours simple.

A LA MECANIQUE

Parmi les ingénieurs, l’un d’eux marquera l’histoire de Panhard : Louis Delagarde (1898-1990), un homme très attachant que j’ai bien connu en lui servant de chauffeur pour l’accompagner à Rétromobile, toujours souriant et d’un accès facile.

Il eut une nombreuse famille de 10 enfants.

C’était un génie de la mécanique dont les compétences étaient quasi universelles : gazogènes, moteurs (il est le père du flat-twin comme tous les panhardistes le savent), ponts et boites de vitesses, freins, engins militaires, camions et autobus.

II avait toujours une idée novatrice en tète et son fidèle adjoint Gery plus réaliste était l’élément modérateur nécessaire pour en revenir aux réalités pratiques.

Avec des moyens souvent imités, il accomplit souvent de véritables miracles technologiques pour répondre aux attentes de ses supérieurs. 

LA CARROSSERIE

La carrosserie était sous la responsabilité de Louis Bionier (1898-1972), secondé jusqu’en 1936 par M.Claret.

Bionier était aussi un génie dans son domaine, mais avec un caractère épouvantable.

Il était autoritaire et autocrate, supportait mal la critique et détestait la presse.

De 1930 a 1967, il fut le maitre incontesté du style chez Panhard, donnant à ces créations une personnalité certaine, alternant la classe (série S), la pureté (Panhard 24) et le gout douteux (Dynamic).

A partir de 1933, son équipe fut renforcée par un jeune dessinateur qui devint plus tard son adjoint, André Jouan.

II est a noter qu’il existait en fait 2 bureaux d’études carrosserie, l’un à Orléans, la ou on les réalisait et qui comptait 5 dessinateurs et le principal à Paris, comptant 12 dessinateurs dont 2, MM. Chicard et Rocher uniquement spécialises pour des plans de pièces mécaniques sous la direction de M.Pasquelin.

Il est clair que pendant prés de 40 ans, les deux Louis (Delagarde et Bionier) seront les deux moteurs de l’usine et que Panhard leur doit énormément.

Les relations entre les deux hommes ne furent pas simples et les heurts fréquents entre des personnalités diamétralement opposées.

Partageant le même prénom, ils naquirent la même année (1898) et entrèrent en même temps chez PL (1921).

L’outillage était sous la responsabilité de MM.Dran et Tocque.

IIs regrettèrent souvent la vétusté des machines et le manque d’investissement dans ce domaine.

Aux châssis, enfin on trouvait MM. Gaudillot et Fauchere qui travaillaient aussi sur les camions.

Malgré son statut de petit constructeur, PL fut toujours synonyme d’innovation et de technologie de haut niveau.

LES EXPERIENCES

A le tète du bureau des Expériences, on trouvait depuis 1917, Léon Pasquelin, entre chez

Panhard en 1902.

Venant du bas de l’échelle, il en gravit les échelons par son mérite et son courage.

Grand technicien, il eut une influence considérable sur la qualité de conception des voitures. Panhard avait alors grande réputation de fiabilité, c’est essentiellement a lui qu’on le doit.

Au développement du moteur sans-soupapes aussi bien aux Expériences qu’aux Etudes avec Delagarde, on trouvait le gendre de Pasquelin, Marius Charles Planchon qui travaillait le sujet depuis l’arrivée du Sans-Soupape chez PL vers 1908.

Les essais au début des années trente étaient assez courts vu que l’on ne faisait le plus souvent qu’apporter des améliorations à une base déjà existante.

Le reste de l’usine n’était bien-sur pas au courant des activités des Etudes et des Expériences.

Les essais se faisaient soit en atelier sur des bancs, soit sur route, essentiellement sur le circuit routier de Montlhéry ou à proximité de la propriété de Paul Panhard en Seine et Marne.

Une équipe de 4 a 5 hommes se relayait au volant des prototypes pour en déceler les faiblesses.

Pour y remédier M.Pasquelin pouvait compter sur M.Gauthier, chef de l’atelier des Expériences et responsable des essayeurs.

LES FABRICATIONS

A Paris, la fabrication consistait essentiellement a assembler la mécanique sur le châssis. Cela se faisait à l’étage du bâtiment situe entre l’avenue de Choisy et la rue Gandon, le long du boulevard Massena.

Une (petite) chaine de montage permettait au moteur rodé de trouver sa destination définitive.

Les châssis étaient alors achemines par 2 sur des camions vers Orléans ou parfois faisait le voyage par la route via leur propre moyen.

Le directeur des fabrications était M.Desmerger, avec pour adjoint et chef d’atelier de montage M.Baudouin.

LE SERVICE COMMERCIAL

C’était Charles Perrot qui dirigeait le service commercial, un homme dont l’automobile était la passion.

Il travailla beaucoup avec Alexis Kow à la réalisation des superbes dessins de ce dernier qui mettront tant en valeur les Panhard jusqu’a la Dyna Z.

La politique commerciale de l’entreprise n’était toutefois pas très agressive, Perrot étant prudent et avançant peu d’initiatives personnelles.

Sa tache était toutefois tellement vaste essentiellement au magasin de l’avenue Victor Hugo, l’agence Leveille.

C’était un homme qu’il lui arrivait de recevoir des clients souhaitant simplement acheter leur nouvelle voiture.

II eut pour adjoints les frères Lena.

Tout d’abord Jacques Lena qui succéda à Perrot en 1938.

Il était sévère, mais droit, il joua surtout un rôle considérable pendant la guerre dans les relations (difficiles) entre PL et les autorités allemandes.

Rappelons que l’ensemble de la société PL eut un comportement remarquable en ces heures difficiles en freinant le départ de ses travailleurs vers l’Allemagne, en retardant autant que possible les fabrications et les réparations demandées par l’ennemi et en favorisant les activités de la Resistance.

Son frère Henri Lena, bouillonnait d’idées souvent excellentes, mais donnait l’impression d’être brouillon dans l’organisation de son travail.

Jean Panhard se souvient qu’il avait un grand bureau rempli de papiers en tous sens sur une hauteur d’au moins 50 centimètres.

A la demande, il était toutefois capable de retrouver dans ce capharnaüm le document qu’il cherchait.

On ne peut évoquer le service commercial sans parler de Mr. Thouzellier.

II travaillait extrêmement : élégant, charmeur, beau parleur capable d’élever la conduite d’une automobile au rang d’un art véritable.

Il était chargé de la présentation des nouveaux modèles et de la vente aux clients importants de la mode, du cinéma ou de la politique.

Il avait un célèbre carnet ou l’on trouvait les adresses du « Tout-Paris ».

Pour distribuer les voitures, PL disposait d’un salon d’exposition au 24, avenue des Champs- Elysées et de 8 concessionnaires a Paris.

Une telle représentation était justifiable car nous verrons qu’une bonne proportion d’automobiles , surtout des 6DS étaient vendues a Paris.

On trouvait aussi 8 succursales en province; à Bordeaux, Lille, Marseille, Nantes, Nice, Orléans, Reims et Toulouse.

Enfin, 120 concessionnaires écoulent la production sur toute la France.

Nous avons vu que l’exportation n’était pas le point fort de PL, on trouvait juste deux succursales en Algérie : l’une à Alger, l’autre à Oran et une en Belgique, à Bruxelles.

Charly RAMPAL