LA NOUVELLE BARQUETTE D.B. CHASSIS 978 DE 1958
Le 1er février 1958, René Bonnet décide de construire 2 nouvelles barquettes pour Le Mans.
Et bien que disposant de moyens réduits, il a suivi cette année la règle de l’innovation pour rester dans le bain et la rénovation de la ligne est totale.
Charles Deutsch réalise les croquis.
Et le dessin de la carrosserie :
Aussitôt, deux châssis spéciaux sont commandés à l’usine des Vosges : le 978 et 988.
Pendant ce temps à Champigny on prépare le gabarit pour la carrosserie réalisée en aluminium :
Au bout d’un mois, la carrosserie est prête et sera montée sur les chassis eux-mêmes complétés des tous leurs éléments de suspensions, freins et mécanique. René Bonnet suit de près lui même les travaux et vérifie tous les détails :
En trois mois, les deux voitures sont prêtes brute de tôlerie : un véritable exploit.
La ligne de la nouvelle barquette s’inspire des Lotus, c’est l’arrière surélevé qui justifie cette remarque.
Le règlement du Mans a encore une fois été tourné et le pare-brise n’est là que pour mémoire car les pilotes regardent par-dessus.
C’est ce qui autorise une mise en forme du plexiglass qui est peut-être valable au point de vue aérodynamique mais qu’en dire à l’usage.
La partie haute de l’arrière est échancrée de façon à rendre efficace le rétroviseur qui est à l’intérieur de l’habitacle.
Le capot avant comporte encore un bossage assez important pour loger les organes hauts du moteur Panhard et la turbine qui ont obligé René Bonnet à ménager une bosse sur le capot, mais celui-ci sera redessiné pour l’année prochaine.
Cette voiture pèse 420 kg et avec son 745 cc et ce nouveau dessin sa vitesse de pointe frise les 190 Kmh.
Les deux barquettes utiliseront un nouveau moteur avec des culasses spéciales dont les soupapes sont commandées selon un nouveau dessin de René Bonnet.
Ce moteur ne conserve que la partie centrale propre au Panhard et qui est doté de culasses nouvelles.
Celles-ci sont naturellement hémisphériques et le V que forment les soupapes est plus ouvert que sur le moteur Panhard de série.
Les tiges de culbuteurs conservent leur orientation originale dans la partie du cylindre s’écartent en arrivant dans la culasse au moyen de deux renvois à « sonnette ».
Dans la partie haute de la culasse les soupapes sont commandées par des culbuteurs d’origine avec compensation hydraulique du jeu.
Les ressorts par suite de l’écartement des soupapes ne peuvent plus être les fameuses barres de torsion et sont devenus classiques (hélicoïdaux).
Diverses autres modifications du moteur vont permettre d’abaisser la hauteur de celui-ci au profit d’un capot qui va devenir plat.
C’est ainsi que le boisseau de dépression du carter moteur sera retiré au profit de clapets simples.
Par ailleurs une boite de vitesses spéciale comportant cinq rapports est aussi au montage.
Toutes ces modifications ont été prévues pour être adaptables sur toutes les D.B. en service.
Quant à l’habitacle, la position du pilote est parfaite et typique aux créations D.B. avec le compte-tours bien en face du pilote et toutes les commandes à portée de main.
Le levier des vitesses est à canne.
On entraperçoit les quelques éléments du châssis en tôle pliée et ajourée, comme sur les Monomill .
Avant d’aller au Mans quelques échauffements en course s’imposent.
COURSE DE COTE DE PLANFOY
Pas encore peinte en bleue de France et histoire de la mettre au point, la 978 participe le 28 avril à la course de côte de Planfoy sous le n°113 aux mains de Gérard Laureau et termine 1ème en sport de moins de 750 cc.
C’est l’Automobile Club du Forez qui organise cette montée pour les voitures de tourisme et de sport.
Le parcours emprunte la route principale de Saint-Etienne, mais cette année elle se termine juste avant le village de Planfoy au lieu de l’après comme l’an dernier, faisant une distance de 5,2 kilomètres.
Comme la route est importante, étant la RN 82, il n’est pas possible de la fermer au public pendant plus d’une journée, donc au lieu d’avoir une séance d’essais concurrents ont été autorisés deux montées, et le meilleur temps a été compté pour les résultats.
COUPE DELAMARE-DEBOUTEVILLE A ROUEN
Le 8 juin 1958, la 978 est engagée à la coupe DELAMARE-DEBOUTEVILLE à Rouen. C’est encore Gérard Laureau qui est au volant.
Il devra abandonner.
Mais l’objectif de ces deux barquettes reste les 24 Heures du Mans.
LA D.B. CHASSIS 978 AU MANS SOUS LE NUMERO 44
Comme l’année précédente, quatre D.B. sont encore engagées à ces 24 Heures du Mans 1958 : deux barquettes et les deux nouveaux coupés allongés qui reprennent le nez pointu des barquettes.
Les deux barquettes sont la 978 n°44 pilotée par Laureau / Cornet et la 988 n°46 pilotée par Vidilles / Armagnac.
Détail des jantes de roues.
René Bonnet avait deux cartes à jouer : la première place pour Laureau – il fallait alors attaquer l’OSCA sur laquelle le DB comptait un peu plus d’un tour de retard – et la troisième place en livrant bataille à la 2ème OSCA.
Comme on pourra le lire dans mon article sur les 24 Heures dans la rubrique « Compétitions » – « Panhard aux 24 Heures du Mans », l’épreuve se déroulera en grande partie sous une pluie diluvienne.
Bien que la 2ème DB ait été handicapée par une boite de vitesses réduite à 3 rapports (il manquait la première), il lui était possible de reprendre quelques secondes à chaque tour.
René Bonnet préféra la prudence à ce plan de bataille hardi et il ne l’exécuta qu’à 50%.
Tandis que Laureau fut invité à calquer sa course sur celle de De Tomaso, sans chercher à réduire l’écart, Armagnac reçut l’ordre de combler les deux tours de retard que comptait sa DB 46 sur l’OSCA 41.
Les petites cylindrées n’ont jamais autant intéressées le public que cette année.
Tout d’abord parce qu’elles formaient un groupe compact de 16 voitures représentant un éventail de marques assez divers et parce que leurs performances étaient sensiblement égales et en très net progrès par rapport à 55 et 56.
Au final, chez D.B. on est fort satisfait du résultat : trois voitures à l’arrivée sur quatre, c’est une excellente performance d’autant plus que les moteurs avaient subit de notables transformations de culbuterie et de culasse.
Elles tournèrent en 5’20’’ – 5’25’’ avec une vitesse de pointe de 185 / 190 km/h.
La n°44, objet de cet article, terminera 12ème au général et 2ème à l’indice de performance.
Elle accomplira 249 tours, parcourra 3363,458 km à la moyenne de 140,145 km/h.
Grande satisfaction de l’équipe D.B. après l’arrivée.
LES 12 HEURES DE SEBRING 1959
Ce seront la dernière compétition de cette 978, où D.B. avait engagé trois voiture sous son nom.
Disputés le 22 mars 1959, la barquette 978 aura pour pilotes Wood et Perrier.
Ils finiront 37ème à cause d’ennuie de carburation, mais moindre mal, car ce dysfonctionnement les mettra en panne sur le bord du circuit : impossible de réamorcer la pompe.
Perrier du rentrer au stand en catimini pour récupérer une pipette afin de réamorcer avec les moyens du bord sans que les commissaires se doute de cette action.
Elle restera au Etats-Unis et fait partie d’une collection privée.
La voici dans toute sa beauté après restauration et entretenue avec amour !
Charly RAMPAL (Documents DB et presse de l’époque)