En cette année 1954, Panhard-Monopole sera un peu plus présent sur les circuits, puisque nous retrouvons les voitures engagées par l’usine ou quelques clients, à Caen, aux 12 heures de Hyères le 6 juin avec Flahaut sur une barquette n°90, que l’on voit ci-dessous à divers endroits du circuit :

Egalement sur le circuit international de Nîmes où Yvonne Simon se classe 4ème.

C’est cette même personne que l’on retrouve première au général du Rallye féminin de St Raphaël.

Premier également, Pierre Chancel au GP de la Baule le 22 août.

Mais les deux épreuves phares restent toujours les 24 heures du Mans et les 12 heures de Reims.

LES 24 HEURES DU MANS 1954

C’est dans la catégorie 750cc que l’intérêt du spectacle allait une fois encore venir : plusieurs clans s’affrontaient.

Chez DB, trois voitures possédaient un moteur Renault à l’arrière et deux voitures à moteur Panhard à l’avant.

Chez Panhard, 3 voitures – deux ouvertes et une fermée – dessinées par l’ingénieur Riffart.

Panhard-Monopole avec deux voitures de 610cc. La n° 55 pilotée par Hémard et Flahaut avec la nouvelle carrosserie profilée dont on devine par cette vue de l’arrière l’effet de sol évident :

et la n° 61 de Dussous-Savoye qui est un ancien modèle.

Par ailleurs, un tank Renault conduit par Michel Guy, une VP à moteur Renault, un coupé Renault construit par des régionaux et enfin une Nardi à moteur Crosley.

Au cours de la première heure, la Panhard-Monopole n°61 inaugure la liste des abandons. Elle vient de perdre une roue aux « S » avant le Tertre rouge . Accident sans gravité pour son pilote, mais la voiture est hors course.

Puis ce sera le tour des deux DB-Renault, le coupé Panhard n° 60, quelques minutes après la Monopole sur une spectaculaire sortie de route à Maison Blanche et va s’écraser de l’autre côté de la piste sur le talus : le pilote est indemne.

Enfin la Nardi qui abandonne à cause de sa pompe à eau.

La DB-Panhard n° 56 prend alors la tête de l’indice, suivie par la Panhard n° 59 de Cotton-Beaulieu, une DB-Renault, la Panhard des frères Chancel, la DB-Panhard de Bonnet-Bayol et la VP.

A la troisième heure, les positions s’affirment et c’était la DB de Bonnet-Bayol qui prenait la première place de la catégorie pour la garder d’ailleurs jusqu’à l’arrivée, suivie par la voiture des frères Chancel et la DB de Gignoux-Cornet.

Mais à l’indice de performance, la Panhard n° 58 des Chancel se détachait bientôt de manière irrésistible, accomplissant certains tours à 140 km/h de moyenne, performance à peine croyable pour une 610cc !

A la douzième heure, mauvais coup du sort chez DB : la DB-Renault de Vidille-Storez qui tournait avec régularité, a perdu une roue arrière et doit abandonner.

Mais en consolation, la voiture de Bonnet-Bayol talonne les frères Chancel de très près à l’indice.

Auront-ils plus de chance que l’an passé ?

Vers la 18ème heure, un drame allait naitre chez Panhard : alors que le calme régnait depuis fort longtemps au stand, un remue-ménage se fait entendre.

La voiture de Chancel tarde à venir. On annonce bientôt officiellement que le pilote a abandonné sa voiture sur le circuit avec une soupape cassée.
Cette course splendide se termine à 8h40 : adieu la victoire à l’indice. Elle reviendra donc au tandem Bonnet-Bayol qui a repris le flambeau pour la mécanique Panhard et qui ne faiblira pas une seconde.
« C’est dans la poche ! » lance-t-on à René Bonnet qui ne répond pas et pense sans doute, songeant à la mésaventure de son coéquipier Moynet l’an passé et tant que le drapeau à damiers ne s’est pas abaissé sur la voiture, il ne faut jurer de rien !

En début d’après-midi une pluie battante se met à tomber, il ne reste plus qu’une poignée d’heure et ce sera gagné pour Bonnet-Bayol, conjurant ainsi le mauvais sort.

Juste derrière, on trouve notre Panhard-Monopole rescapée aux mains de Flahaut et Hémard qui ont parcouru 2.988 km 320 à la moyenne de 124, 319 km/h de moyenne.

Une fois encore les moteurs Panhard ont dominé les moteurs Renault de façon écrasante bien que les DB-Renault se soient révélées très rapides, au contraire de la BG–Renault n° 54 et pilotée par Breuil et Py qui se fit distancer par la Panhard n° 59 de Cotton-Beaulieu malgré la consommation étonnante de cette voiture en huile et en bougies ! L’un expliquant l’autre…
12 HEURES D’ENNUI A REIMS

Pourtant le spectacle s’annonçait comme devant être de valeur et la foule nombreuse au départ, semblait faire confiance au plateau des 47 voitures, entre lesquelles on espérait voir se livrer quelques luttes acharnées, malgré la défection de plusieurs voitures d’usine présentes au Mans un mois avant.

Deux Panhard-Monopole étaient présentes : celle de Hémard-Flahaut n° 64 et un modèle de 1950 pilotée par Mme Simon associée à De Montrémy n°65.

Elles étaient opposées à 3 Panhard : les frères Chancel n°60, celle de Cotton-Beaulieu n°61et celle de Navarro-Dewey n°62.

Les DB étaient venues en force, tout auréolées de la toute récente victoire au Mans..

On notait 2 DB-Renault aux mains de Vidille-Armagnac n° 67 et Lucas-Heude n°68.

4 DB-Panhard pilotées par Cornet-Abbo n°69, Faure-De Burney n°70, Bayol-Gignoux n° 71 et une 750 équipée d’un compresseur avec Bonnet-Storez n°50

La BG-Renault était encore là, tout comme la Renault n° 66 de Michel Guy-Malleret, tout comme le Renault n°63 de la famille Rosier : Jean-Louis et Jacques.

Après un départ confus et d’une rapidité parfaitement inutile, la course n’allait pas tarder à découvrir son vrai visage : celui de l’ennui.

Une cascade d’abandon allait défigurer la course permettant aux plus fiables ou aux plus prudents de tirer leur épingle du jeu.

Seules les petites cylindrées luttaient avec fougue et le duel de la Panhard de Cotton avec la DB de Bayol pour la conquête de la deuxième place derrière l’intouchable Panhard des frères Chancel, passionna quelques initiés.

Dans cette catégorie, le mécanique Renault déçut une fois encore et une DB équipé de ce moteur cassa une roue comme au Mans, tandis que les autres connaissaient des ennuis divers ainsi que nos deux Panhard-Monopole.

Charly RAMPAL