Les 7 et 8 avril 1958, le classique circuit de Pau ouvrait la saison française de vitesse automobile.

Les organisateurs innovaient cette année là avec une formule assez audacieuse : courses pour voitures Grand Tourisme le dimanche – plat de résistance le lundi avec les spéciales de FII et les GT de plus de 2.000 cm3 – sans oublier, en intermède, un galop des Monomills.

Si l’on pouvait être sûr du spectacle en ce qui concerne les « Grand Tourisme » avec la participation des vedettes du moment : Lotus, DB-Panhard, Monopole et autres Ferrari, par contre l’épreuve de Formule II posait une interrogation : les possibilités de chaque voiture, dont certaines en étaient encore au stade expérimental. La question se posait : permettraient-elles une confrontation intéressante et feraient-elles oublier au public le prestige de la Formule 1 ?

La supériorité numérique des Cooper, en fait les seuls véritables FII engagées, pouvait laisser douter de l’intérêt de cette course : il n’en fut heureusement rien.
Grâce à la combattivité de Trintignant, Da Silva et Cabianca, ce dernier pilotant une OSCA, alors que les spectateurs attendaient toujours une explication Cooper – Lotus – Ferrari qui viendra dans le courant de la saison.

Le festival palois commença donc le samedi avec deux courses réunissant les catégories GT suivantes : de 501 à 1000 cm3 et de 1001 à 1300 cm3.
Le départ style « Le Mans » est donné sous une petite pluie :

La première épreuve ne souleva qu’une émotion restreinte, la supériorité de Gérard Laureau et de sa DB-Panhard s’avérant par trop manifeste : il prenait, en effet, la tête à la 18ème minute, pour ne plus la quitter, suivi de son ami Paul Armagnac, également sur DB-Panhard, abaissant de temps à autre le record du tour. Il terminait d’ailleurs avec 2’2’’ d’avance sur Armagnac, reléguant le 3ème à 4 tours !
Bartholoni termine troisième sur sa DB-Panhard.

Bouharde sur un coach DB que l’on voit ci-dessous, finira 6ème :

A signaler, depuis cette ronde de 3 heures, la belle performance de la petite Renault de Condriller, emportant le première place de la classe 501 à 750 cm3, devant le carrossier italien Zagato, qui emmena avec aisance sa Fiat-Abarth à la seconde place malgré les efforts de Pierre Hémard sur Panhard Monopole. Suivent Pierre Chancel –Jean Vinatier sur Panhard-Monopole.

Sur le podium, la présence de René Bonnet vient souligner la brillante prestation des DB-Panhard :

La deuxième course fut passionnante de bout en bout, grâce à la splendide empoignade entre Storez sur Porsche et le tandem Vidille-Da Silva.

Mal parti, Vidilles remontait très vite à la seconde place, sa Lotus 1100 faisant merveille sur ce circuit sinueux (A vrai dire son homologation en GT de cette voiture avait suscité quelques murmures lors du pesage !).
Storez en tête depuis le départ, manquait un freinage et sortait du circuit, à la 43ème minute.

Quelques temps après, Vidilles s’arrêtait à son tour au stand pour ravitailler laissant Da Silva prendre le relais.

Ce dernier, étonnant de virtuosité, reprenait la première place, battant et rebattant le record du tour.

Malgré un second arrêt au stand pour ravitaillement. Da Silva conservait le commandement et réussissait une éblouissante démonstration des possibilités de la Lotus 1100.

Le dimanche avait lieu la seconde partie du programme :

- Première course :

Celle des GT supérieures à 3000 cm3, réunissant 10 Ferrari.
Profitant d’un dérapage de Da Silva, Gendebien prenait la tête et ne devait plus la quitter jusqu’à l’arrivée, précédant Seidel et Muranon, tout en établissant un nouveau record du tous.

- Seconde course :

Celle des Monomills qui voit la victoire de Mougin devant Péchenard et Dagan, coureur motocycliste connu et passager du champion de France side-car Jean Murit.

- Troisième course :

Celle des Formules II. Très vite, Trintignat neutralisa une fuge de Cabianc (OSCA) et les attaques de Da Silva, décidément omni présent dans ce week-end palois !

Très décontracté, Maurice signa un record du tour en 1’38’’ 4/10, soit une moyenne de 100,975. La Cooper 1500 semble don s’imposer, après la victoire à Buenos-Aires, comme un dangereux outsider, pour les compétitions à venir du Championnat du monde. Nous le verrons d’ailleurs à Monaco avec l’équipe officielle britannique.

Charly RAMPAL