LA MONOPLACE CD
Après la monoplace CC21 que je vous ai présentée le 29 octobre, j’ai découvert une autre création : la Monoplace CD ! On nous aurait caché une réalisation de Charles Deutsch ? Les historiens Panhard auraient-ils zappé un prototype du Moteur Moderne ?
Que nenni ! La monoplace CD existe bien, mais s’il s’agit des initiales de son créateur que vous connaissez certainement à travers quelques articles dans le PRT où ses brillantes prestations en compétition l’ont mis en haut de nombreuse affiches.
Rappelez-vous, un DB HBR jaune arborant sur la pointe gauche de son capot nos trois couleurs nationales.
Ça y est, vous y êtes ? Bien sûr, il s’agit bien de Christian Dionnet.
UN PETIT RAPPEL DE SON IDENTITE
Christian réside dans l’Isère au bord du lac de Paladru (38) pays de la Chartreuse verte.
Avec son DB il participe à de nombreuses courses principalement de côte, autour de sa région.
Elles ont pour noms : les Murs (Vaucluse), Treffort (Ain), Montécheroux (Doubs), Urcy Lévy, etc… mais aussi quelques circuits sous la forme de roulage, pour se changer les idées : Reims, Monthléry,…
Il attrape le virus Panhard dès l’age de 14 ans lorsqu’il commence comme apprenti chez le concessionnaire Panhard de Grenoble dont le nom affiche déjà la prétention : « Le Splendide Garage ».
C’est là qu’il côtoie JC Ogier alors son chef d’atelier et un certain André Guilhaudin pilote professionnel dont il connaît par cœur tous les exploits que lui relate André en relation avec ce garage pour la compétition.
Panhard et Compétition ? Voilà un mélange détonnant qui n’a rien d’un oxymore, puisque la compétition a toujours été au cœur de la Maison Panhard qui en a fait sa propagande pour faire apprécier ses produits, même si la plupart des Clubs font mine de l’oublier.
Christian lui, en a tatoué son cœur. Sa première voiture sera une Dyna Z achetée en 1968, puis se sera une 24 CT au sortir de l’armée, une 24 BT suivra en 1993 et enfin, le top du top, une DB HBR en 2005, avec lequel, enfin, il peut s’aligner en compétition.
LA NAISSANCE DE LA MONOPLACE
Depuis longtemps, Christian, rêve d’une monoplace… à mécanique Panhard bien entendu.
Bien sûr, pas très loin, il y a pas loin l’ami Janiaut qui a fabriqué avec talent, des répliques de Racer DB, il y a aussi les MEP X2, mais quelle motivation de construire sa propre voiture avec son talent et son génie de la construction mécanique, pourquoi ne pas réaliser une voiture qui ne doit rien aux autres, comme au temps des artisans dans les années cinquante ? Alors pourquoi pas, la challenge est passionnant quand on sait faire !
L’objectif est d’utiliser le maximum de pièces Panhard. Mais avant cela, il faut partir d’un châssis qui sera évidement tubulaire de profil rectangulaire ou carré.
On remarque immédiatement que c’est du solide où toutes les forces qui s’exercent sont matérialisées par un élément tubulaire.
Le palonnier sera celui d’une 24 ainsi que la crémaillère commandée par un tube articulée du fait de la position centrale du volant et fait maison bien entendu.
Les suspensions avant et arrière reprennent le principe Panhard avec les lames transversales superposées, ainsi que les tirants qui triangulent les 4 trains.
On reconnaît aussi les arbres de transmission qui relient la boite Panhard aux roues en tôle embouties fixées sur des pivots Panhard.
Comme on peut le voir sur les photos ci-dessus, l’échappement très court à la manière des MEP, est astucieusement réalisé et se termine par un silencieux type moto dont les décibels n’ont pas encore été mesurés.
Les freins sont des disques à l’avant (24) et tambours à l’arrière. Toute la commande hydraulique a été réalisée par Christian
L’arceau de sécurité est un peu surdimensionné, mais il a au moins le mérite de rassurer le pilote en cas de retournement, figure toujours très dangereuse en monoplace.
Le tableau de bord est simple et fonctionnel, comme il se doit dans ce type de voiture : l’essentiel étant le compte tours et le témoin de pression d’huile, comme sur une 24 dont ils sont issus. Pas besoin d’autres cadrans traumatisants que l’on ne regarde jamais en course, tellement pris par l’action…
Notons également le volant dont la jante épaisse et gainée de cuir assure un parfait retour des réactions de la piste.
Enfin, la touche personnelle de Christian sous la forme d’un logo central bien dessiné.
Aux extrémités du tableau de bord, la carrosserie s’évase pour permettre, sur la droite, de manipuler le levier de vitesse sans être gêné par les débattements et sur la gauche, dans un souci d’équilibre esthétique, Christian a réussi à loger l’extincteur obligatoire.
La commande de boite, jamais très facile sur une position arrière de la boite, a été réalisé par Christian, et ajusté pour permettre un choix précis des rapports avec le minimum de débattement.
Sur cette même photo, on peut également voir les deux anneaux sur le croisillon inférieur du châssis pour attacher la ceinture et le plancher en tôle.
Un cockpit qui, vu de l’extérieur est esthétiquement et efficacement bien conçu avec des lignes de fuite sans fausse note, jusqu’à l’arrière du capot.
Le baquet et le réservoir d’essence de 9,5 litres ont été réalisés par Christian en tenant compte de sa morphologie et de l’emplacement central limité du contenant.
Quant au dessin de la carrosserie il est à la fois pur, fonctionnel et aérodynamique que ce soit vu de face
Ou de profil
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Cette carrosserie composée de quatre éléments a été bien entendu réalisée en fibre de verre par Christian.
La longueur de cette monoplace n’excède pas les 3,50 m et son poids à vide de seulement 350 kg, identique à celui d’un Monomill.
La construction de cette voiture aura durée un peu plus de 2 ans : de septembre 2013 à décembre 2015. Avouez que ce fut un beau cadeau de Noël que Christian s’est offert !
Il lui restera maintenant 2016, pour tester ce véritable bijou.
Charly RAMPAL (Photos : Christian Dionnet)