C’est au début du mois de juillet 1948 que Demoulin tenta et réussira à emmener sa Dyna X au-delà du cercle polaire pour tester les qualités de sa monture et rendre compte aux établissements Panhard-Levassor le résultat de son expédition.

COMPTE-RENDU POINT PAR POINT

Le trajet de Paris à Stockholm par Bruxelles-Hambourg-Copenhague n’était qu’un jeu d’enfant par rapport à la suite du parcours.

Dumoulin avait quand même une appréhension sur l’état dans lequel se trouverait une voiture aussi légère à l’arrivée à Helsinki après passage par la Laponie, c’est-à-dire après plusieurs milliers de kilomètres sur des routes de sable et de caillasse qui ressemblait plutôt aux routes coloniales de l’époque.

L’objectif était de réaliser une performance capable de donner les limites de la voiture, des limites que Dumoulin ne connaitra pas… Mais n’anticipons pas !

L’ITINERAIRE ET DATES

Voici ce qu’à écrit Dumoulin dans son carnet de bord.

«  15 juillet 1948 : départ de Stockholm à 18 heures, couchons à Söderhamn, routes moyennes pour 1/3 asphaltées.

16 juillet : Söderhamn – Pitéa, routes moyennes encore mais en terre (maximum 15% asphalté).

Les virages ne sont pas relevés mais notre Dyna s’en moque.

17 juillet : Pitéa – Haparanda : Nous arrivons à Tornio à midi.

La route est mauvaise sur presque tout le parcours. Elle nous donne un avant goût des routes finlandaises.

Mais en Finlande nous regretterons cette route Pitéa – Haparanda  sur laquelle nous avons tout de même roulé par moment à 90 km/h, grâce à l’extraordinaire tenue de route et à la suspension de la Dyna.

17 juillet toujours : Tornio – Kemi, puis en remontant vers le nord Kemi – Rovaniemi.

Route mauvaise, toute en granit broyé et mélangé à du sable.

Quand elle n’est pas sablonneuse, elle est comme de la tôle ondulée.

La voiture trépide toute entière mais tient.

Nous la lançons à 75 / 80 km/h et la trépidation cesse.

Il y a des trous énormes : ils nous laissent indifférents.

Nous avons assez peur des pierres de 10-15 cm de grosseur éparses sur la route à cause des pneus mais nous en verrons d’autres !

La voiture étant légère et bine suspendue, les pneus résistent à tout.

A quatre du soir, nous nous décidons à partir à Muonio.

Sur le route, les côtés s’effondrent, les virages sont sablonneux.

Il y a des cotes à 20%, des dos d’âne à décoller les roues d’avant, puis soudain des pierres énormes sur la route.

Malgré cela lorsque le lendemain 18 Juillet nous reprenons cette route en sens inverse pour revenir à Muonio, c’est à prés de 50 Kmh de moyenne que nous effectuerons ce parcours ce qui est tout simplement merveilleux.

19 juillet : Départ à 7 h. de Muonio. La route est toujours très mauvaise.

Nous arrivons à Tornio vers 13 heures après nous être arrêtes pour photographier, faire le plein, etc.

De la, nous allons continuer d’une traite par Oulu et la route n’ 4 jusqu’a Helsinki, nous arrêtant pour nous restaurer ou faire le plein et même pour dormir 2 heures dans la voiture entre 2 h. et 4 h. du matin.

Routes épouvantables, accidentées, pleines d’embuches, de sable, de caillasses, de creux, de bosses et toujours sinueuses.    

Cette route n’ 4 est d’ailleurs réputée une des plus dures de Finlande, surtout lorsqu’on la suit fidèlement comme nous l’avons fait entre Jyväskylä et Helsinki en passant par Hyvinkää.

Le 20 juillet  à midi, nous arrivons a Helsinki ayant parcouru depuis la veille à 7 heures du matin 1280 Km.

Grace à la suspension nous ne sommes pas fatigués.

La voiture, elle, a besoin d’un bon lavage et elle aura mérité aussi son graissage et sa vidange d’huile.

Le dernier graissage et la dernière vidange ont été faits à Stockholm, il y a 3.300 m de cela et des kilomètres qui comptent !

Notre admiration et notre confiance dans votre voiture sont sans borne.

Il n’y a pas de mots plus éloquents que le résume de ce voyage.

Paris-Bruxelles-Hambourg-Copenhague Stockholm pour la 1ere étape, soit 2.380 Km et Stockholm-Sundsvall-Haparanda-Kemi-Rovaniemi-Sodankyla-Rovaniemi- Muonio-Rovaniemi-Sodankyla-Rovaniemi-Muonio-Tornio-Oulu-Jyvaskyla- Hyvinkää-Helsinki, soit 3.300 Km pour la seconde étape, sur de la caillasse et du sable, sans un incident, pas même une bougie encrassée.

La consommation moyenne d’essence a été de six litres et demi aux 100 Kms et la consommation d’huile d’environ un demi-litre aux mille Kms.

Enfin il me faut remarquer que l’essence finlandaise est un mélange tres mauvais qui correspond à l’essence française.

Vous renouvelant nos félicitations pour la magnifique réalisation qu’est votre Dyna, je vous prie de croire, Messieurs, à mes sentiments très distingués. »

Charly  RAMPAL  (Document d’époque)