A la fin de la saison sportive de 1971, il n’est question dans les médias spécialisés que de la formule bleue. Commencée avec la MEP X2 à moteur Panhard, elle devait se poursuivre cette année là avec la MEP X27 à moteur GS.

Mais voilà, l’apparition avec près d’un an de retard de la X27 était la cause de ce remue-ménage inaccoutumé autour de cette Formule dont on ne parlait guère, que ce soit dans la presse ou dans les salons, que pour médire, parfois avec raison, mais le plus souvent avec une mauvaise foi et une ignorance frisant la stupidité.

N’a-t-on pas lu dans certains magazines que la X27 serait enfin une « véritable voiture de course », « qu’il eût vraiment mieux valu que la X2 n’ait jamais existé « ?

N’a-t-on pas entendu de la bouche de certains pilotes que « les MEP grignotaient sur le temps imparti à leurs essais « ?

Ceux qui pensent que la MEP X2 n’était pas une véritable voiture de course n’ont de toute évidence, jamais pris le départ d’une épreuve à leur volant, ni même certainement jamais essayé la voiture.

Ceux qui pensent que les « MEP se trainent » n’ont probablement jamais regardé leurs performances, car leurs temps sont le plus souvent supérieurs à ceux de la plupart des berlines, fussent-elles des « Groupe 2 ou 4 » de cette époque.

Ce qui est essentiel à nos yeux, c’est que depuis sa création, la Formule Bleue a permis à plus de 200 jeunes pilotes de prendre part, pour une somme modique et dans des conditions excellentes à de véritables courses.

Pour certains d’entre eux, elle a été un tremplin sans lequel ils ne seraient jamais parvenus au niveau supérieur.

Pour les autres, elle a été une source de joie et l’occasion de vivre un rêve d’enfance que, sans elle, ils n’auraient jamais pu concrétiser.

BILAN TECHNIQUE

Les voitures étant monotype et n’ayant subi aucune modification depuis deux saisons, on serait tenté de dire que sur le plan technique ce bilan serait parfaitement nul.
Pourtant, comme toute voiture de course, la MEP exigeait de son propriétaire un travail permanent d’entretien et de mise au point.

Il faut également signalé que le pneu Michelin XAS FF avec ses nouvelles gommes ont fait leur apparition à la mi-saison.
Le gain qu’ils procuraient sur une MEP n’était pas aussi évident que sur une Formule Renault, aussi nombre de pilotes hésitèrent-ils en s’en équiper, préférant finir leur saison à l’économie.

Sur les X2, côté moteur Panhard, peu ou pas de problème, un seul d’entre eux ayant rendu l’âme au cours de cette saison !

Apparemment, la X27 se révèle par contre légèrement plus délicate. Lors des essais de sa première course à Albi, Starck crevait un piston, mais cette défaillance grave était due à une bougie trop chaude montée par erreur.
Egalement, un nombre assez important de pilotes se plaignaient de voir leur moteur perdre de la puissance au fil des courses.

M. Cadiou, ingénieur de chez Citroën à l’époque, qui a dirigé la mise au point de ce moteur spécial sur base GS, pense qu’il est possible de l’améliorer sans se livrer à des modifications importantes, tant ce moteur bénéficie d’une finition poussée (allègement, équilibrage, etc…)
La saison 72 se passera sans gros soucis. De toute façon des démontages systématiques très complets seront faits après chaque course.

Comme cela avait été le cas en 1969 avec Dubos, puis en 1970 avec Couderc, un pilote a marqué cette saison 1971 en remportant à lui seul plus de la moitié des courses : Hervé Labedan.

Comme ses prédécesseurs, Hervé Labedan est originaire du Sud-Ouest, région qui semble décidément être une pépinière pour la Formule Bleue.

N’a-t-on pas depuis en VHC les Gayraud père et fils qui dominent encore chacune de nos courses ?

Pourtant derrière Hervé Labedan, vient tout un lot de pilotes qui se montrèrent en mesure, surtout après la mi-saison, de lui disputer souvent la victoire. Je pense à Gonnetant, Bareyre et Boscardin qui réussirent en effet à s’imposer au « maître » en diverses occasions ?
Un cran en dessous des garçons comme Jaeger, Gabriel, Lesgourgues, Regal et Terrien montrèrent un talent certain.

Seuls deux pilotes avaient entrepris de mener de front des courses de X2 et de X27 : Labedan et Rigal.
Sur la nouvelle voiture, Labedan se montra également régulièrement le meilleur. On retrouvait là quelques anciens de la X2 : Danzer, Benoit, Tucom, Thollin, Ghilardi et Picolet.
Ceux-ci se taillèrent la part du lion, c’est à dire les six premières places lors de la première course. Mais c’est d’un nouveau venu, Philippe Jumelle, qu’allait venir la surprise dans les courses suivantes où il allait montrer un talent très prometteur.

Cette saison 71 voit donc la fin des MEP X2 en Formule bleue, gageons qu’elle aura rendu heureux au plus haut point ses pilotes, comme elle nous le rendait dans notre plateau MEP-Monomill et ce n’est pas Serge Mace qui me contredira !

Charly RAMPAL