Non, il ne s’agit pas de l’avion de chasse à aile delta produit par l’avionneur français Dassault Aviation, mais un des innombrables dérivés ayant utilisé le concept Panhard dans les années cinquante.

LA VOITURE

C’est une petite marque venue de Dijon qui s’est distinguée par un nombre important de variantes pour une production qualifiée de confidentielle. Voici 2 photos d’époque 

Réalisée en aluminium, ces coupés et cabriolets d’un poids plume, est apparu au cours de l’été 1952.

Vu de l’arrière, on remarque un pavillon très surbaissé !

Le type 2 + 2 a été réalisé par le carrossier « Carmétal » situé 169 rue d’Auxone à Dijon.

Son habillage très léger donnait au soubassement complet X86 ou X87 un rapport poids/puissance de bon aloi.

Atteignant sans problème le 140 km/h, sommet de vitesse à l’époque, elle fut tentée par quelques rallyes, … comme les routes du Nord ou le Liège-Rome-Liège.

JUSTEMENT, SUIVONS-LA, SUR LE LIEGE-ROME-LIEGE de 1952.

C’est lors de cette dernière compétition qu’un compte-rendu de l’épreuve par M. Chevron associé à Cottet, nous permet de nous faire une idée du comportement de la voiture.

En voici quelques extraits.

La voiture a été récupérée à Dijon le 28 juillet en vue de l’épreuve. Elle n’était pas finie. Chevron devait la terminer à Grenoble où il résidait.

Deux semaines de travaux intensifs permirent à la voiture de prendre la route le lundi 11 août.

Pendant ce temps, le moteur, un 850, était rodé sur une autre voiture.

Avant d’atteindre Liège, notre ami passa par Paris pour un arrêt chez Panhard et « L’Auto-Journal ».

Arrivé à Liège, les plaques du Rallye et une vidange/graissage seront les ultimes préparations avant de rejoindre le parc fermé.

L’organisateur, le Royal Motor Union, avait fait les choses en grand.

Le départ pour Spa en caravane est fantastique au milieu de ce qui se faisait de mieux au début des années cinquante.

Pour la circonstance, la circulation est arrêtée et les Liégeois sur les trottoirs leur font une ovation.

A Spa, des milliers de spectateurs prolongent cette ambiance et les 2mn qui libèreront la Rafale n°37, semblent interminables.

Au Luxembourg, c’est le premier contrôle, puis Nancy.

Pas de problème, la Rafale est en avance.

Alternativement, celui qui ne conduit pas peut se reposer sur un matelas pneumatique placé sur le siège couchette du passager.

A Dijon, la Rafale reçoit un moment d’émotion : tous les ouvriers qui l’ont construite sont là pour saluer son passage.

Cottet prend alors le volant en direction de la prochaine étape qui sera Lyon.

Mais, il constate à 120 ce qui ressemble à du shimmy.

Lyon les surprend par un accueil assez froid.

L’équipage en profite pour téléphoner aux amis de Grenoble, pour leurs signaler ce problème et leurs demander de se pointer à la prochaine étape du Dauphiné pour faire un diagnostic.

Chevron reprend le volant et l’aiguille calée entre 130 et 140, ils ne mettront qu’une heure quinze pour y arriver, traversée de Lyon comprise.

A Grenoble, en l’espace de quelques minutes, le constat sera amer : la lame maitresse est cassée !

Il faut changer tout le ressort ! Pour un châssis neuf, c’est la poisse.

Personne ne pouvant prévoir une paille dans l’acier.

Le changement des lames est lancé dans la fièvre et dans l’art de ces mécanos besogneux qui ne connaissent jamais les joies du pilotage.

La foule se presse et gène involontairement le travail.

En moins d’une heure, la réparation est terminée et la Rafale peut repartir.

Mais il y a 116 km pour atteindre St Jean de Maurienne en passant par le col du Glandon et de la Croix de Fer qu’il faut faire en 1h38.

La montée se fait tout en seconde à 6.800 tours.

La mécanique tient, mais les freins dans la descente commencent à chauffer et perdent de leur efficacité.

La poisse continue.

A la traversée des tunnels de St Michel et du Galibier, l’équipage s’aperçoit que les phares ne s’allument pas ! Ils avaient oublié d’enlever le caoutchouc protecteur contre les cailloux !

Passée par une Lancia, la Rafale en profite pour se faire ouvrir la route et combler ainsi son retard.

Hélas, les ennuis continuent.

Dans l’Isoard une explosion et la Rafale est envahie de fumée.

C’est le fil d’un phare de toit qui fait masse.

Le temps de couper la batterie et de l’arracher et la Rafale repart.

La route est dangereuse, mais la voiture se comporte bien.

Après le contrôle d’Arvieux, une petite route étroite permet néanmoins d’atteindre le 100.

Soudain, un pont en dos d’âne pris trop vite. La portière s’ouvre et la Rafale quitte la route et se retrouve 5m plus bas au milieu des broussailles.

Aidés par les spectateurs, la Rafale est poussée à travers champs afin de regagner la route.

Tout a été chamboulé à l’intérieur et les phares sont cassés. Mais la Rafale continue.

Pour rattraper le retard, la descente vers Guillestre se fera à fond de frein moteur et des tambours.

Ce traitement sera fatal à la voiture. Ce sera l’abandon…

Charly RAMPAL  (Doc d’époque et perso)