OU SONT PASSES NOS VEC D’ANTAN ?
Avec les annulations des prochaines courses MEP-Monomill d’Estaing, d’Albi et d’Angoulême, il me revient en mémoire les années 80 où les Panhard écumaient les plateaux V.E.C.
Un goût de déjà vécu remonte du plus profond de moi-même.
Une page de notre histoire en VHC se tourne de nouveau, avec le plateau MEP-Monomill voué aux enfers des démonstrations, expositions et autres séances de roulages !
Bon sang, nous sommes des compétiteurs, pas des conducteurs ! Gawski relèves toi, ils sont à côté de la plaque !
Finis les championnats de France que remportèrent Coural et Gawski, Finies les épreuves chronométrées et ces mano à mano roue contre roue avec de vrais pilotes !
Poussée par les années nouvelles, notre passée s’enfouit sous des montagnes de souvenirs.
Que sont-ils devenus ces moments de plaisirs que nous avions sur les circuits du VEC (Véhicules d’Epoque et de Compétition) pas encore devenus VHC ?
Moments inoubliables des années 80 où les Panhard avaient leur mot à dire dans les plateaux des Tourismes et GT de l’époque.
Que sont-ils devenus les Philippe en bleu, blanc et rouge
les Guenet, viré de la Présidence du DCPL,
les Loiseau (décédé trop jeune) et son CD bleu :
les Krenzer et son Junior rouge qui marchait du feu de Dieu
les Lumbroso, notre Kiki national !
les Evrard hélas aussi décédé qui avait eu les C… de se battre en Tourisme avec une Dyna X de sa préparation et qui n’hésitait pas à aller au delà des qualités de sa monture !
Que dire de Christophe Guerrier qui s’aligna avec une 24CT magnifiquement préparée et d’une redoutable efficacité :
Sans parlait de notre Major Thompson, Machicoane, que j’ai eu le plaisir de revoir dernièrement à Monthléry, mais sans son DB HBR blanc :
Mon ami Michel Norman du Var trop vite disparu d’une over dose de « jaune » avec qui j’ai fondé ce Panhard Racing Team en 1993 et qui mettait sa Z1 affutée et surbaissée sur 3 roues au Castelet
Et bien d’autres, comme cette DB-Gignoux des Hauts de Seine, dont j’ai hélas oublié le nom de son pilote :
C’était le temps où notre ami de Dourdan, le fidèle Bernard Coural, avait le sourire !
Grâce aux Philippe, j’étais présent avec eux sur une belle 24 CT rouge, préparée par l’ami Georges. 10 ans de bonheur.
Où sont aujourd’hui nos Panhard Berlines et GT ?
Pas une seule en Maxi 1000, pourtant fait pour elles en classe 1 des moins de 1.000 cc où ils ne sont que 4 dont 2 Traban ! Podium assuré pour flamber auprès des copains !
Les courses au Castelet étaient mémorables.
Tout le DCPL du Sud-Est était là, Bonanséa en tête avec ses croissants et ses brioches sous la direction de l’infatigable Favarel.
Un Claude avec son célèbre CD moutarde, son accent qui côtoyait le mien et qui vient hélas de nous quitter :
Nous procurions aux spectateurs massés en surplomb, un sacré spectacle et moult frissons : ils couraient eux aussi mais par procuration.
Les suspensions écrasées et pneus martyrisés, nous naviguions en permanence à la limite extrême de la perte d’adhérence, voire en légère dérive, voire même sur 2 roues comme Guénet et son CD !
Et puis, comme elle était belle, cette 24 sur 3 roues qui soulevait les « ollé » de tous ces amis, à chaque passage.
C’était le temps où l’Age était d’Or à Montlhéry et déplaçait la totalité des adhérents du Centre Ouest rassemblés autour des chicanes de l’anneau de vitesse.
Des centaines de Panhard encombraient les parkings des Clubs, baignées par la fumée des merguez qui nous rassemblaient autour d’un bon « pastaga » !
Malgré la poussière ou la boue, nos femmes restaient stoïques emportées par la jeunesse de leur amour. On y croyait tous, on avait raison.
Dijon, sous la pluie et le brouillard. Ma bagarre avec une Ford Mustang, les colères de Denise, la patience de Georges, la présence amicale de Janiaud, les apéros joués à la pétanque.
Des week-end de course clôturés par les remises des prix bon enfant de l’ASAVE sous le charme de Martine Bénakila qui avait aussi un sacré coup de volant, sanglée dans sa Midget 1.100.
Les premières heures de Magny-Cours qui avait fait monter d’un cran notre notoriété. Un circuit de F1 tout neuf : on s’y croyait.
Nous étions de toutes les campagnes VEC, TOUS embarqués sur le bateau « Plaisir » !
Nous venions par la route et repartions de même, peut-être en surveillant le niveau d’essence afin de retarder le plus possible l’investissement des quelques francs de l’époque qui nous auraient permis de faire un plein.
Et pourtant, sur un circuit naturel, et cruel, ô combien, avec la fougue – l’inconscience ? – de notre jeunesse, nous en mettions plein la vue, beaucoup plus, disons-le, que le font généralement les merveilles technologiques actuelles aux formes tourmentées et aux coûts délirants, évoluant, en pilotage assisté et entre deux changements de pneus stratégiques, sur des pistes plates souvent coincées entre des hectares de dégagements aux allures de parking désaffecté.
C’était un temps ou ces Mobil homes luxueux comme le Georges V, n’existaient pas.
Nous couchions sous la tente ou dans les voitures. Quelques uns amenaient leur maîtresse histoire de montrer leur côté macho.
Chacun partageait sa table pour des apéros mémorables ou des repas bienvenus pour quelques affamés, rigolant entre eux et risquant tout pour juste de quoi vivre la prochaine course.
Il y avait parfois moins de spectateurs que d’engagés en piste (toutes catégories confondues quand même.).
Mais quel plaisir de se tirer la bourre et de se la raconter tard dans la nuit :
« oui môssieur, si j’avais mieux réglé mes deux carbu, je te faisais noir au freinage des Deux Ponts. ».
Après les essais, on se retrouvait sur le ciment, en bordure de piste, en attendant la feuille des temps.
Chacun racontait son virage et les problèmes de rapports trop longs. Souvent on mécaniquait et tout le monde s’y mettait car il n’était pas question de laisser un copain ne pas prendre la piste.
Même Marcel Demantes venait nous filer un coup de main :
Aussi curieux que cela puisse paraître, nous ne nous sommes perdus de vue que lorsque nous n’avions plus à nous piquer au freinage ou à nous balancer des vannes dont le roi incontesté restera à jamais Alain Gawski.
Aujourd’hui le fric, les décibels et le principe de précaution ont tout changé ! Et puis, avec l’âge, la passion s’est transformée en raison.
Le paysage n’est plus le même, tout cela a fait place à un état de courses automobiles policé, ou c’est le monde des maitres chiens, des vigiles si accueillants, des grillages Guantanamo, des voitures que l’on cache, des spectateurs que l’on fait payer à chacun de leur pas, enfin tout ce qui fait le charme de ces courses aseptisées, où l’on ne se croisera plus jamais avec le même du regard.
Et puis, la vieillesse nous gagna, des amis sont partis, d’autres sont malades.
Notre petit monde des vécéistes s’est disloqué. Nous avons peu à peu perdu le goût du bonheur.
C’était un temps dont on a peine à croire aujourd’hui qu’il ait effectivement existé.
Nous avons rêvé notre vie et nous l’avons vécue, encore que la vivre ce soit encore la rêver.
Viennent d’abord les rêves, puis la vraie vie, enfin les souvenirs : nous y sommes.
Mais bon. Inutile de rabâcher. D’ailleurs, c’est déjà fait.
Quelle sensation de vide, lorsque je me retrouve sur ces circuits en tant que spectateur !
Charly RAMPAL