Dans la saga des dérivées italiennes à mécanique Panhard ayant participé aux Mille Miglia, une très belle barquette manque à l’appel : la Panhard-Colli Barchetta.

Cette auto devait participer aux Mille Miglia de 1954 mais ne sera pas prête à temps, elle participera néanmoins à d’autres courses avec un certain succès…

… et courra à plusieurs reprises la Mille Miglia historique, histoire de prendre sa revanche.

Très peu de photos et d’informations ont filtré depuis sa naissance en 1954, mais d’où sort cette voiture ? Des ateliers Gilco… Mais encore ?

Gilco vient de la contraction du nom de son créateur : Gilberto Colombo qui o fonde en 1946 une entreprise spécialisée en tubes métalliques, Gilco.

Né en 1921 à Milan, Gilberto a 17 ans quand il commence à collaborer avec  l’entreprise de son père : l’ingénieur Angelo Luigi Colombo.

Celui-ci allie depuis 1928 la production de cadres de vélo (qu’il a débutée en 1919 dans son atelier de la via Stradella, sous le badge Columbus) à celle de châssis tubulaires pour voitures de sport.

C’est à Lambrate (berceau de la future Innocenti) que les Colombo entament leur aventure automobile.

En 1947, le fils Gilberto contracte son nom et son prénom pour donner naissance à Gilco.

Cette même année, la marque Ferrari voit le jour, et ce n’est pas un hasard si sa toute première voiture, la 125 S, repose sur un châssis en acier Gilco qui est réputé pour la grande qualité de ses fabrications.

La coopération entre Colombo et le Seigneur de Maranello se poursuit pendant dix ans, au rythme d’une centaine de pièces par an.

Par la suite, Gilco collabore avec Lancia, Alfa Romeo, Maserati, Ghia, Cisitalia, Zagato, Ermini, Giannini, Stanguellini, uniquement pour des prototypes ou des pièces uniques presque toutes destinées à la compétition. 

Mais dès la seconde moitié des années 50, la production des châssis n’est plus l’activité principale de l’entreprise.

Puis dans les années 60, ce sera dans le monde du nautisme que la société se tournera en construisant de rapides et chers voiliers et en 1966, c’est sous le nom de Trafiltubi que se mue Gilco, une aciérie qui perdure toujours avec la réalisation de tubes.

Mais revenons à l’objet de cet article : la barquette (ou spider) Colli-Panhard

C’est donc en 1954, que Gilco réalisera les châssis de deux exemplaires d’une barquette réalisée sur une base de Panhard X85 dont la carrosserie est l’œuvre de Colli.

Un de ces châssis, survivant aujourd’hui, porte le n°306529, ce qui correspond à une Dyna X85 de 1950.

Cette voiture a été retrouvée en Afrique du Sud en septembre 1992 par Emilio Patara de Viterbo.

Depuis, elle a été divinement restaurée comme nous le verrons le long de cet article.

LA BARQUETTE PANHARD-COLLI DETAILLEE

Comme je l’écrivais plus haut, elle n’a jamais participé aux Mille Miglia, première course à laquelle elle était destinée.

Par contre, et ne pas confondre, deux Berlinettes (ou coach) Panhard-Colli l’avaient remplacées en 1954 :

  • La n°2322 des italiens Libero Bindi et Bruno Bruni de Milan (qui abandonneront).
  • La 2346 des italiens Giancarlo Rigamonti et Luigi della Giustina également de Milan qui termineront 129ème au général et 9ème dans leur classe 750 cc.

Cette étonnante Panhard était donc construite sur un châssis de Dyna X , non raccourci, ce qui lui confère une longueur assez inhabituelle pour une barquette avec un appui-nuque assez éloigné derrière le siège.

Sur ce châssis de Dyna X, est venu se greffer tout un assemblage de tubes rappelant le côté bird-cage de la Masérati.

Dans un but évident d’allégement, tout ce qui pouvait être percé, l’a été ! S’en est même impressionnant ! 

Vient compléter cet équipement sport, un levier de vitesses ultracourt au plancher dont la commande par câble a rendue la prolongation aisée.

Quant à la carrosserie, elle est beaucoup plus spectaculaire que fonctionnelle avec sa taille de guêpe, ses ailes bulbeuses…

… ses dérives verticales ouvertes à leurs extrémités…

Qui lui donne fort belle allure une fois terminés…

Le repose tête en forme de Roll-bar est profilé et la trappe du coffre empiétant sur son flanc : on imagine le travail du tôlier-formeur sur des feuilles d’aluminium …

donnant à l’ensemble du capot arrière une fluidité incomparable…

Toute cette carrosserie est arrimée sur un treillis tubulaire qui rigidifie l’ensemble.

Du tableau de bord, il ne restait plus grand-chose et l’habitacle a suivit le régime drastique…

… Mais après restauration, l’ensemble a retrouvé tous les éléments propres à cette époque pour surveiller la mécanique Panhard..

Justement, puisque je viens d’évoquer la mécanique, parlons-en.

Son moteur est celui de la Panhard, un 750 Cc qui développe 50 chevaux.

« Légère et court vêtue, elle allait à grand pas… » car pour moins de 400 kilos, ses performances sont alors remarquables et la barquette peut atteindre les 170 Km/h.

D’origine ce moteur était alimenté par deux carburateurs Dell’Orto, chacun greffé à l’entrée des cylindres.

 Aujourd’hui, c’est un 850 alimenté par le traditionnel double corps…

La boite de vitesses était celle des Dyna X sur laquelle venait s’emboiter le moteur… on pourra également voir sur cette photo, les suspensions typiquement Dyna X…

Au final, la ligne est à couper le souffle ! Savoureux cocktail de légèreté et de puissance modeste.

Du brutal, du vrai, du sans filtre, on la sent totalement orientée vers le pilotage.

A la regarder dans les yeux, elle vous glace : un corps d’athlète qui ne pèse que 400 kg.

A la conduire, cette plume italienne est une machine extrême qui met la 24BT au rang des SUV !

Sa résurrection en fait une pièce d’orfèvrerie unique que son propriétaire ne cache pas puisqu’elle est une habituée des salons…

et des rallies historiques, en la promènant de pays en pays pour exhiber au public ses jolies courbes et rendre hommage à son constructeur à l’histoire méconnue.

Charly  RAMPAL       (Photos d’origine de Emilio Patara et celles récentes de son dernier propriétaire + Documentation historique du PRT)