24H DU CASTELET 1993

Souvenir mémorable que ces 24H du Castelet qu’Eric Van de Vyver organisait pour la deuxième fois.
Encouragé par 2 belles saisons en VHC (91 – 92) avec la 24CT préparée par Georges Philippe, je fus sollicité par Jean-Pierre Evrard et Michel Norman pour partager avec eux le volant de la Dyna Z1 préparée par ce dernier.

En effet, Michel Norman, habitant la Seyne sur Mer et ingénieur à l’IFREMER, venait roder au Castelet tout proche lors des Grands Prix Historiques. C’est là que notre passion commune pour la mécanique Panhard et le sport automobile, fit naître une amitié indestructible.

Les épreuves d’endurance en VHC venaient de naître en 1992 sous la baguette du V de V organisation. Pour étoffer son plateau 93, Eric Van de Vyver fit appel aux voitures de Tourisme aux côtés des GT ayant participé dans les années 50/60 aux 24h du Mans.

24H, ces trois lettres magiques ne m’ont pas fait hésiter longtemps et je donnais sans tarder mon accord à Michel et à Jean-Pierre.

La voiture serait la Dyna Z1 VHC de JP Evrard qu’il utilisait déjà courses historiques dans le même plateau que moi. Revue et corrigée de fond en comble par Michel Norman en ce début d’année 1993, elle n’avait plus rien à voir avec celle que j’avais côtoyée pendant deux saisons.

En effet, les trains roulants avaient adopté ceux des PL17, les jantes élargies avec de gros boudins Michelin XAS, un échappement complet en inox, vitres en macrolon, et une mécanique portée à 1.000 cm3 alimentée par deux carburateurs double corps.

Equipée de sièges baquet de Simca 1000 Rallye (un régal), d’un arceau de sécurité, ceintures, extincteurs,… enfin toute la panoplie imposée par la FFSA.

Dans sa livrée bleue de France, elle attirait le regard des aficionados du drapeau tricolore.

L’avantage et le plaisir de ces courses d’endurance, c’est qu’on passe presque une semaine sur le circuit : du mardi au dimanche soir. Entre l’installation, les contrôles, essais libres et chronométrés, de jour et de nuit, la course, la remise des prix : c’est un régal de se trouver entre pilotes sur le terrain de notre passion.

Pour la logistique et notre confort, Michel avait réquisitionné l’Estafette d’un pizzaïolo et ami de la Seynes où il officiait. Un camping car avait été amené derrière notre stand pour nos nuits de repos.
Car, le plaisir doit être total et les bons repas en font bien entendu partie, non seulement pour renouveler une énergie perdue sous la combinaison et la chaleur provençale, mais surtout pour débriefer et se raconter notre aventure qui commençait. Et puis, n’oublions pas que nous sommes en Provence et que le « yellow time » et le Rosé sont sacrés !

Le décor planté, il fallait passer aux choses sérieuses, c’est à dire la piste.

Lors des essais libres et à tour de rôle, nous prenions le volant pour faire connaissance avec la bête et confronter nos impressions, mais aussi apprendre le circuit Paul Ricard de 5.810 mètres , donc en version »longue » et composer avec la faune mécanique : que du gros !

La longue ligne droite de Signes avait été coupée par une chicane qui ralentissait les voitures les plus rapides : Ford GT 40, AC Cobra et autres Jaguar.

Avec un départ type Le Mans, pour un tour de reconnaissance, puis lancé en fonction des temps réalisés pendant les essais officiels, ces 24h du Castelet furent malgré une météo excellente, tout sauf une promenade de santé.

Compte tenu que la quasi-totalité des concurrents avait rejoint la ligne d’arrivée l’an dernier, cette fois le rythme s’avéra nettement plus élevé d’entrée. C’est pourquoi dans les stands, tout au long de la course mais surtout pendant les deux heures de pause aux alentours de minuit, personne ne chôma !

De notre côté, on refit quatre fois le moteur ! Une guigne nous poursuivait, mais chaque fois Michel Norman, notre préparateur un peu trop « professeur Tournesol » , trouvait le courage et la solution pour repartir jusqu’au dernier avatar qui nous clouera définitivement au stand. Sur 24h, nous sommes resté 7h au stand, sans compter les 2 heures de pauses mis à profit pour mécaniquer.

Pendant ce temps, la Ford GT 40 et l’AC Cobra se tiraient une bourre mémorable. La Porsche 904 qui suivait à distance connu des ennuis de châssis et du ralentir.

Dix minutes à peine après le deuxième départ, la course était neutralisée, l’Alfa de Jousse ayant explosé son moteur à l’entrée de la ligne droite des stands.
La conjugaison du travail des commissaires de piste et de la direction utilisant parfaitement la Pace-car permit d’éviter tout incident. Par contre, une heure après la reprise, lors d’un arrêt momentané de la Lister Jaguar en panne sur l’un des vibreurs du pif-paf, le pire fut évité de justesse.

Une heure encore et c’était au tour d’Yves Génies (le commentateur sportif de TF1) de faire réapparaître le Pace-car une troisième fois, à cause d’un « toit » causé par le bris d’un demi train avant à la chicane, au volant de la Volvo Amazone qu’il partagé avec le journaliste marseillais, Richard Kuss.

C’est à 16h le dimanche que la foule acclama l’AC Cobra vainqueur de cette deuxième édition. Depuis, tous les ans, les « deux tours d’horloge » connaîtront un succès grandissant au point de refuser du monde et la disparition des « Tourismes ».

Quant à nous, les gaules ont été pliées prématurément. Michel ne savait plus comment faire pour excuser » sa prestation ! Bien au contraire, nous avons été ravi de partager ces moments de bonheur que toute l’équipe lui doit.

De la haut (il nous a quitté voilà 3 ans) il doit encore y penser. Ne t’inquiètes pas « Mimi » tu nous a fait connaître des moments inoubliables de sport et d’amitiés, et de nos jours ça compte.

Charly RAMPAL