Albi, patrie de La Pérouse et de Toulouse-Lautrec, l’un des plus anciennes cités françaises, dresse sur les bords du Tarn sa cathédrale en brique roses.

C’est là qu’est né en octobre 1924 Maurice Emile Pezous, descendant de La pérouse par sa grand-mère maternelle.

A 7 ans, il est déjà passionné d’automobile et c’est très logiquement que quelques années plus tard, il entre à l’Ecole des Arts et Métiers de Cluny .

Il en sort ingénieur.

De 1935 à 1945, il bifurque vers l’aviation. Il en gardera sa conception particulière de l’automobile : pour lui, c’est un avion qui vole bas.

A la libération, il ouvre un garage de mécanique générale avenue Gambetta à Albi.
Il devient concessionnaire Fargo-Chrysler, des camions simples et robustes qui demandaient un minimum d’entretien.
C’est ce dont la France avait besoin pour se reconstruire. Pezous récolte les fruits de cette anticipation et se forge une jolie réputation.

Avec des machines outils de récupération, Pezous ouvre également un atelier d’usinage. Puis se spécialise dans la fabrication pour les machines de tissage.

Il pose un brevet dans ce domaine et vend des pièces dans toute l’Europe : sa fortune était faite.

Dans les années cinquante, il se hasarde à construire un châssis qu’il fera habiller par un carrossier du coin aux doigts d’or : Albert Mazelle.

Puis ce sera la série des MEP D7 de 1953 à 1956.

Il devient concessionnaire Citroën en 1957.

Viendra ensuite une dizaine d’année sabbatiques.

Dans les années 60, Maurice Pezous inaugure une vaste et ultra moderne concession à Albi.

Tout le gratin de l’oligarchie parisienne Citroën descend dans la cité du Tarn : c’est un triomphe médiatique.

Mais derrière tout cet apparat, Pezous est un grand amoureux de la course automobile.

Ainsi au milieu des années 60, poussée par sa passion pour la course, il dessine les premiers plans d’une monoplace.

Il s’impose une ligne directrice : créer une monoplace d’initiation d’un prix abordable pour les jeunes et d’un coût d’entretien aussi réduit que possible par l’utilisation des pièces de série faciles à trouver et d’un prix peu élevé.

C’est son fidèle mécano, Raoul Rodas, qui va réaliser le châssis. Le tout sera basé sur la simplicité, concrétisé par un ensemble mécanique de l’Ami 6 qu’il va quand même améliorer.
La carrosserie en alu sera bien entendu réalisée par Albert Mazel.

Elle porte ses initiales : c’est la MEP X1.

Il fait appel à Maurice Trintignant, fervent partisan d’une voiture d’initiation.

Le jugement de Maurice Trintignant est sans appel : très bon châssis, mais le moteur n’est pas à la hauteur pour une voiture de course.

Après de nombreux contact avec Citroën, il arrache l’autorisation de monter un moteur Panhard de 24 CT, ce qui lui permet de conserver le châssis de la X1.

Maurice Pezous décide alors d’adopter notre bon moteur Panhard de la 24 CT, accouplé à une boite de vitesses d’AMI 6.

La MEP X2 est née. La production en petite série peut être lancée.

En 1966, Maurice Trintignant ouvre les 24 heures du Mans avec la MEP X2 qu’il appelle « la petite merveille ».

Exposée ensuite sur le stand Citroën du « village », elle suscite un vif intérêt parmi les spectateurs.

Réalisée à l’aide de pièces et d’assemblages mécaniques Citroën, la MEP X2 est une monoplace à châssis tubulaire, carrosserie en polyester moulé, moteur flat-twin 848cc de la Panhard 24 CT, boite de vitesses de Citroën AMI 6, quatre freins à disque, pneu Michelin XAS. Sa vitesse de pointe est de l’ordre de 190 km/h.

Les ensembles mécaniques (moteur, boite, freins, etc…) n’ayant pas été modifiés, conservent leur endurance d’origine, ce qui est la garantie d’un faible coût d’entretien.

Les excellentes qualités routières de la MEP X2 (tenue de route, facilité d’évolution, freinage, etc…) sont comparables à celles des monoplaces de formule internationale.

Les performances sont suffisamment élevées. Ce sont des conditions indispensables à une bonne initiation et à un entrainement correct.

Alors, Maurice Pezous, qui cache des trésors de diplomatie sous son air d’aigle bien nourri des montagnes cathares, prend son bâton de pèlerin et monte à Paris.

Il y trouve deux alliés : Pierre Bercot, Président Directeur Général de Citroën, et Jean Chenevier, Président Directeur Général de B.P..

Grâce à eux, vingt « mini-monos » vont mettre les jeunes dans la course : vingt MEP X2 sont remises le 15 mars 1967, place de la Concorde, à la Fédération Nationale des Clubs Automobiles.
Les Sociétés Citroën et B.P. en ont financé la construction.

Distribuées aux quatre points cardinaux de la France, les MEP contribueront à la formation de jeunes pilotes.

Le 24 septembre 1967 eut lieu à Albi la première course de ces vingt monoplaces. Maurice Emile Pezous se montrera fier à la tête de la grille de départ.

Tout au long de l’année 1968, elles évolueront sur les circuits de France, soulevant l’enthousiasme du public.

Le succès remporté par les vingt MEP X2 pousse la FFSA à officialiser en 1969 cette monoplace en tant que voiture d’initiation à la conduite sous l’appellation « Formule bleue ».
Les épreuves retenues pour ce critérium représentent 17 courses sur circuits et 17 courses de côte. Elles figurent au calendrier officiel de la FFSA.

Un important concours financier des Sociétés Citroën, Michelin et Total (qui a pris le relais de B.P. à la suite de l’accord Citroën-Total de septembre 1968) permet la construction de 50 monoplaces, mises en vente au prix exceptionnel de 8.000 F HT.

En plus des récompenses attribuées pour le Critérium National par la FFSA, les trois Sociétés Citroën, Michelin et Total décident de doter les 34 compétitions d’un ensemble de prix et primes représentant près de 50.000 F.

Le critérium est réservé aux pilotes de nationalité française, âgés de moins de trente ans à la date de leur inscription, titulaires de licences nationales ou internationales de conducteurs ou concurrents délivrées par la FFSA.

Le Critérium 1969 fut un succès. Il fut remporté par un jeune tarbais de 23 ans : Roger Dubos (14 victoires en circuit et 5 en courses de côte). Un pilote de grand talent couvé naturellement par Maurice Emile Pezous.

Grâce à la MEP X2, il accède en 1970 à la Formule France où il accapare les places d’honneur. En 1971, il se classe premier sans sa catégorie sur Autobianchi A112 au Rallye de Monte-Carlo.

En 1970, ce sera Alain Couderc un jeune bordelais de 24 ans.

Le critérium est reconduit pour 1971.

Mais Pezous n’est pas satisfait. Il veut faire mieux.

Véritable Mep-phistophèles de l’automobile, il veut rajeunir sa monoplace.

Il étudie, perfectionne.

Lorsqu’il entend parler de Citroën GS qui doit sortir en septembre 70, il bondit de joie. Voilà peut-être le moteur qu’il entendait !

Ses premiers essais confirment ses espérances. Il met en chantier une nouvelle monoplace : la MEP X27.

D’une conception différente, la MEP X27 (qui dépasse les 200 km/h) est l’aboutissement de plusieurs années de recherches et d’expérience Pezousiennes.

Son châssis est un véritable treillis de tube profilés à froid, de sections rectangulaires ou carrées. Il va le présenter conjointement à la MEP X2 pour en montrer les différences.

Le cadre supérieur est démontable, ce qui rend aisée la dépose de l’ensemble moteur-boite.

Si le capot avant est redessiné, la ligne reste pure, élégante et racée.
Son aérodynamisme a été particulièrement étudié et comme la X2 tous les organes de suspension sont placés à l’intérieur de la carrosserie.

Ce sera un succès, dont Maurice Emile Pezous n’en sera pas peu fiers.

Maurice Pezous avait mis tous ses efforts dans la construction de ces 2 monoplaces, perdant même de l’argent afin qu’elles restent abordables.

C’est pour cette Formule nationale que Maurice Pezous c’était battu confronté aux tergiversations de la FFSA sur la définition de cette formule.
Le baladant de la Formule IVen 250cc, style Pradeau, puis en 850cc, enfin en 1.500cc.

La gestion de la Formule bleue, laissée aux mains de Citroën, Maurice Pezous repensa à une GT française, style Alpine.

Il y consacra l’année 1968 à plancher sur ce nouveau projet qui avait pour base le moteur Masérati 3 litres de la SM, sur un châssis en alliage léger et suspension hydraulique Citroën.

Le projet ne verra jamais le jour à cause de la crise pétrolière et les limitations de vitesse qui vont se généraliser de façon drastique jusqu’à nos jour (et ce n’est pas fini !).

En 1981, Maurice Pezous prend sa retraite de concessionnaire Citroën.

Malade du cœur, il décède le 14 novembre 1990 d’une crise cardiaque : il était âgé de 76 ans.
Il aura permis, au même titre que la Formule France de mettre non seulement le pied à l’étrier à de jeunes aspirants pilotes, mais aujourd’hui encore de poursuivre l’aventure sous la forme d’un plaisir toujours renouvelé sous la férule de la famille Gayraud et Honoré Durand.

Ou de se retrouver autour d’une bonne table sous la présence bienveillante de la MEP X27 dans sa livrée noire de Pradet.

Charly RAMPAL sur des informations historiques de Christian BRUZET

Rappel : pour agrandir les photos, cliquez dessus, pour revenir au texte, cliquez sur la flèche du retour en haut et à gauche.