J’ai eu la chance de rencontrer Stéphane Seckler sur le stand du DCPL lors des nombreux Rétromobile que j’animais avec l’équipe parisienne du moment.

Immédiatement le courant est passé entre nous, passionné de sport automobile en général et de l’épopée CD en particulier.

Il faut dire que Stéphane Seckler a été l’un des piliers de cette aventure et ses idées toujours originales mais néanmoins géniales, m’avaient toujours passionnées.

Depuis l’époque des Racer 500 jusqu’à la monoplace de Formule France qu’il a construit au sein de l’écurie Jean Pierre Beltoise , en passant par les CD et la Moynet.

Le plus étonnant, c’est que même à son âge, il garde la foi. Animé de la même passion qu’au temps des Racers 500, il se contente, dans son petit atelier de Monthléry, d’élaborer sur sa planche à dessin les nouveaux projets qui lui passent par la tête.

C’est ainsi qu’à l’époque de la Formule France, il ne cessa d’améliorer la monoplace de Marcel Morel. Car Stéphane Seckler refuse le conventionnel.
Si l’on prend comme exemple cette voiture qui courait sous les couleurs de l’écurie «Mille Miles » , voici ses 5 aspects principaux :

– Mécanicien constructeur, Stéphane Seckler a voulu simplifier son propre travail : la mise en place du moteur se fait grâce à de petits patins prévu sur le châssis, permettant à une seule personne de le mettre en place en trois quart d’heure. La boite de vitesses peut être démontée sans que le réglage des freins (accolés) soit altéré.
– Les suspensions arrière sont reliées entre elles par des renvois : chaque point d’attache des ressorts est solidaire du point d’attache du ressort de l’autre côté. Les roues arrière sont ainsi maintenues toujours en contact avec le sol, ce qui procure un gain d’adhérence.

– Les éléments de cette suspension sont standardisés : le même élément va aussi bien à droite qu’à gauche, ce qui simplifie les pièces de rechange.
– En avançant légèrement la position du pilote, Stéphane Seckler a pu loger le radiateur entre le dos du pilote et l’avant du moteur, des ouïes latérales assurant le bon refroidissement. Double avantage : le poids est ramené au centre et les tubulures sont diminuées.

– Le réglage de la répartition du freinage est assuré par un dispositif très simple : en tournant un bouton moleté, le pilote répartit en un instant le freinage en fonction du circuit.
Mais revenons au début de sa passion.

En 1949, c’est le début du mouvement 500, ces petites monoplace animées d’un moteur 500 cc issus en grande majorité de la moto. C’est aussi, la grande époque des constructeurs-pilotes et Stéphane Seckler ne pouvait pas ne pas y participer.
Il construit ainsi sa propre monoplace. Sa mise au point n’atteindra jamais celles des Cooper emmenées par Moss, Schell ou Hawthorn. Seul DB arrivera à leur disputer la victoire en de rares occasions avec Bonnet et Bayol. Il n’y aura rien à faire contre une telle opposition. Et puis, il faut travailler pour gagner sa vie. Pourtant, il participe à quelques courses en se déplaçant avec son coupé Panhard Dynamic SS.

En 1964, il rentrera dans l’écurie CD où l’on tâche de mettre au point la voiture dessinée par Charles Deutsch pour la faire courir au Mans. On connaît le résultat : c’est un fiasco et CD renonce officiellement.

On voit ci-dessous Stéphane Seckler à droite et Choulet à gauche.

Mais Seckler, Choulet et la GRAC poursuivront les études. Le moteur Panhard est remplacé par un moteur arrière Alfa-Roméo, mais la voiture n’est pas prête à temps. On connaît la suite (voir mon article dans la rubrique « voitures / Proto »)

On le voit ci-dessous parodier le pilotage de la voiture en construction :

On continue pourtant, Alain Bertaut et André Guilhaudin effectuent de nombreux essais avec le concours de Michelin et de Peugeot qui fournit la mécanique.

On le voit ci-dessous donner des instructions au stand :

En 1968, l’ancien ministre André Moynet qui a couru au Mans sur une DB, veut se faire son auto. Stéphane Seckler est responsable de sa réalisation.
Faute de temps, on achète un châssis anglais (Nathan). On essaye différents moteurs lorsque Simca propose une version amélioré de son 1200 S.

La grande firme de Poissy appuie la réalisation et le marseillais Jean Max, talentueux pilote chez GRAC, conduit la Moynet aux 24 Heures du Mans.

Hélas, au 6ème tour, le pignon d’entrainement de la pompe à huile casse.

En 1969, Stéphane Seckler entre en pourparler avec Beltoise pour améliorer les Elina de Formule France en attendant de créer la monoplace dont je vous ai parlé plus haut.

On voit ci-dessous Stephane Seckler penché sur la monoplace dont il améliorera principalement les suspension et la commande de boite qui sera un modèle du genre et que le grand Tico Martini reprendra lui-même.

Après toutes ces aventures, Stephane Seckler avait dans la tête la construction d’une monoplace Low Coast (comme on dirait aujourd’hui), pour des amateurs.

Il avait gardé le souvenir ému de l’époque des Racer 500 qui, rappelons le, ont été le point de départ de tout ce qui se fait aujourd’hui en matière de courses moderne en monoplace.

Au moment de sa réflexion au début des années 70, il existait deux formules de promotion :

– la Formule Bleue avec les MEP : c’est mieux que de ne pas courir du tout, mais ça ne va pas assez vite, d’après Stephane.
– La Formule France : c’est très bien, mais il fallait 6 millions de l’époque, pour faire une saison.

« Qu’existe-t-il pour ceux qui veulent seulement courir sur des monoplaces, sans ambitionner de devenir professionnels et avec un budget modeste ? Rien !
C’est pour cela que j’ai l’intention de relancer un mouvement comme celui des Racers 500.
La monoplace que je suis entrain de réaliser est très petite. Elle ne pèse que 170 kg, mécanique montée.
Le moteur est un 500 cm3 japonais. Il développe 60 ch DIN (de série) et se loge facilement dans le coffre d’une voiture. En gonflant un peu ce moteur, il est possible de parvenir au rapport poids / puissance de 3kg par cheval. Les accélérations seront alors supérieures à celles d’une Formule France !

Il y aura une suspension avec triangles et amortisseurs, des freins à disques. Les roues (des 10 pouces Cooper) seront entrainées par demi-arbres et cardan. Je ne sais pas encore si un différentiel sera nécessaire.
Cette monoplace coûtera entre 10.000 et 12.000 F ou bien aux alentours de 7.000 F sans le moteur et la boite.
Je commencerai par l’essayer dans des courses de côtes. Les amateurs jugeront si la voiture leur convient. En espérant que s’il s’en trouve assez, la Fédération suivra… »

Hélas, le projet n’aboutira pas…

Charly RAMPAL (Documentation : journaux spécialisés de l’époque + archives de Stéphane Seckler)