En cette date anniversaire de sa naissance, je ne vais pas vous raconter Jean Panhard, tous les panhardistes connaissent son histoire et les sites des clubs ont égrainé toute sa vie au sein de notre marque favorite, mais pour marquer ses 110 ans virtuels, je vais vous rappeler les grandes lignes de sa vie pour ne pas oublier tout ce qu’il a fait pour que nous appréciions les voitures Panhard d’après-guerre.

En effet, Jean Panhard est né à l’aube de la première guerre mondiale, en juin 1913.

Sa vie était vouée à l’automobile et il  était le dernier grand patron de la firme, créée par René Panhard et Emile Levassor.

Il résidait, avec son épouse, une grande partie de l’année, dans la propriété familiale à Crécy où je l’avais rencontré quelque fois, mais surtout au cours de nos grandes manifestations de haut niveau et plus particulièrement à chaque Rétromobile.

Le dernier hommage avait eu lieu en 2013, à l’occasion de ses 100 ans, la mairie de Crécy-la-Chapelle, dont je vous avais fait le compte-rendu :

Panhard Racing Team: MAINTENANT JEAN PANHARD A 100 ANS ! (panhard-racing-team.fr)

avec vidéo à l’appuie.

 Une centaine de véhicules de la marque avait été exposée et Jean Panhard avait commenté  chacun d’entre eux.

Ce fut une occasion de partage avec cet homme simple et érudit.

Un an après, Jean Panhard s’était éteint le mercredi 16 juillet 2014.

D’une grande courtoisie et d’un gentillesse insoupçonnée, parfois facétieux, une amitié complice nous avait lié et il ne manquait pas une occasion de me remercier pour tout ce que je faisais pour Panhard au sein des clubs, dans les expositions et sur la piste avec ma 24CT puis avec la MEP.

Ce jour là, nous étions bien conscients qu’une page de l’histoire automobile s’était tournée : mais quelle belle histoire !

Descendant de Léon Panhard, frère de René fondateur de la mythique marque Panhard & Levassor, trop souvent oubliée dans les médias comme premier constructeur automobile mondial, dont il fût le dernier dirigeant.

Diplômé de l’école Polytechnique, Jean Panhard avait intégré l’entreprise familiale en 1937.

Alors âgé de 40 ans, il sera à l’origine de la naissance de la révolutionnaire Dyna à moteur bicylindre refroidi par air. 

La société fait preuve d’audace, mais un prix de revient mal estimé avait contraint Panhard à signer des accords avec Citroën.

Les négociations sont menées essentiellement par Jean Panhard, et conduisent à une intégration progressive de la société dans le giron du constructeur de Javel : il me disait combien il s’était battu pour qu’aucun ouvrier ne soit licencié.

Jean. Panhard sera également à l’origine de la Panhard 24, dont il définit lui-même le cahier des charges et dont il a suivi l’étude et la mise au point en participant même aux essais. 

Depuis son tout jeune âge, il était passionné d’automobile et malgré la « mort » de Panhard, il continuera à assurer des tâches liées à cette passion :

  • Président du comité d’organisation du salon de l’automobile de 1978 à 1988
  • Président de l’Automobile Club de France (de 1977 à 1989)
  • Vice président de la Fédération Internationale de l’Automobile.


Collectionneur averti et intéressé par le patrimoine automobile, Jean Panhard était aussi à l’origine du sauvetage, en 1976, de la prestigieuse collection Schlumpf. 

Grâce à ses différentes fonctions il arrive à réunir les 40 millions de francs nécessaires à son rachat et se trouve donc à la base de la création du musée national de l’automobile de Mulhouse.

LE COTE MILITAIRE

Jean Panhard est connu par son côté automobile, mais sa formation militaire est très peu connu : c’est cette facette du personnage que je voulais vous faire découvrir.

Ancien élève de l’Ecole Polytechnique, il est reçu à l’X en 1933.

Ces nombreuses activités lui permettaient de côtoyer nombre de personnalités dont les Présidents de la République, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac à qui il ne manquait pas de rappeler que « seule l’entreprise crée des richesses ».

Toute sa vie, Jean Panhard est resté très attaché à l’X.

Il fut de longues années membre du Conseil de perfectionnement de l’École présidé par Louis Armand (24).

Jean citait souvent Winston Churchill : « Ne jamais renoncer, toujours tenter quelle que soit l’adversité. »

Toujours pas soucis d’authenticité et sur ce chapitre que je connais moins, demandons à François Bedau, ingénieur en chef de l’Armement, qui l’a bien connu au sein de SCMPL, chargé des véhicules militaires, de nous en parler.

« Jean Panhard a porté un intérêt passionné à l’étude et la fabrication de ces grands frères de l’automobile que sont les véhicules blindés de combat.

Selon une tradition très ancienne, un département de la Société des automobiles Panhard leur était consacré, devenu célèbre pour sa compétence et la hardiesse de ses réalisations, mais dont l’avenir, en 1965, paraissait bien compromis, l’Armée française, seul client, ayant fait connaître que ses besoins étaient désormais pourvus.

Il fut donc décidé, lors de la fusion Citroën-Panhard, de l’ériger en société – probablement éphémère – la SCMPL présidée par Jean Panhard, que je rejoignis à cette époque comme directeur général, et avec lequel s’établit rapidement une collaboration fondée sur une respectueuse amitié.

Nous nous sommes vite aperçus que la seule solution pour sauver la société était de lui trouver des clients étrangers, c’est-à-dire de conquérir une place sur un marché international hautement compétitif, ce qui exigeait une réorganisation complète et l’apprentissage de nouveaux métiers.

Grâce à la ferme volonté de la direction et aux efforts du personnel, le résultat a été atteint et, vingt ans plus tard, la SCMPL avait fourni des véhicules modernes et efficaces à de nombreuses armées amies de notre pays.

Durant cette période, Jean Panhard et moi-même avons rencontré d’énormes difficultés et vécu des moments pénibles, mais aussi connu des occasions de satisfaction et de fierté.
La dernière, avant la retraite de Jean Panhard, a été le privilège d’assister, en invités officiels, depuis le balcon présidentiel, le jour de la fête nationale du Mexique, à un magnifique défilé où figuraient en bonne place vingt de nos véhicules blindés.
Quelques années après, la récession atteignait la SCMPL et surtout PSA obligé de se recentrer sur ses activités automobiles.
Il la vendit donc, ce qui entraîna sa dissolution. »

Merci « Monsieur Jean »

Charly RAMPAL qui ne vous oubliera jamais…